Après le Musée d'Oran et Mostaganem, les quatre artistes peintres de Maghnia poursuivent leur tournée et étalent leurs expressions sur les cimaises du Palais de la culture de Tlemcen. Une exposition organisée par le Centre des arts des expositions de Koudia*, dirigée par Amine Boudefla. Cette escale ponctue trente-six années de «promiscuité» artistique entre Ahmed Hamidi, Abdelkader Arzazi, Abdelkader Mahboub et Abdelkader Souadji et, sans doute aussi, de profondes amitiés nourries d'un fort sentiment d'appartenance à la ville frontalière de Maghnia où ils vivent et travaillent. Ces quatre créateurs font partie d'un groupe qui a eu l'idée et l'audace de convertir en galerie et centre d'art une église désaffectée (et très convoitée) de leur ville natale. Plus qu'une aventure culturelle, il s'agit d'un véritable défi, un symbole de résistance dans un milieu social baignant dans les a priori et les étiquettes et plutôt indifférent, jusque-là, à l'expression artistique. Comme ils le montrent encore ici, à Tlemcen, ces plasticiens «se distinguent par la différence de styles et de sujets». Toute leur démarche se cristallise d'ailleurs autour d'un idéal : «Travailler ensemble et défendre collectivement leur art et leur condition d'artistes» dans le respect de leurs créativités individuelles. A ce titre, il constitue un exemple pour les plasticiens de tout le pays. Ils se rejoignent cependant sur un point. En effet, ce groupe tenace expose crûment la société actuelle suggérée par des œuvres soucieuses d'exprimer sans prétendre changer quoi que ce soit, si ce n'est – sans le vouloir, peut-être – nous inciter subtilement à nous regarder nous-mêmes. Sans fioritures ni fard. Une cinquantaine de toiles et des sculptures essaiment joliment l'espace culturel du palais. Ces œuvres riches en idées et rigoureuses par la technique ne manquent pas de nous interpeller. Face à elles, on se sent partie prenante, personnages à part entière. On se retrouve, malgré nous, face un duel. Et c'est l'excitation qui prend le dessus, tant les thèmes et le talent des peintres sont d'une pertinence et d'une magnificence remarquables. C'est un dialogue surréaliste qui s'enclenche dans l'intimité. Dans la beauté. Avec quelques moments d'extase et de transe. Le groupe des artistes de Maghnia comprend des orientations différentes mais il a sans doute une seule âme. Un seul destin ? Celui, peut-être, d'être ensemble, mais sans vouloir se mouvoir dans la même gamme. Car, la peinture chez Hamidi, Arzazi, Mahboub et Souadji est une musique aux quatre tons, comme l'indique bien le titre de leur exposition. *«Harmonie aux quatre tons». Palais de la Culture Abdelkrim Dali (Imama) de Tlemcen. Entrée libre.