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Oued Taga : Une mobilisation pour préserver l'environnement
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Publié dans El Watan le 24 - 06 - 2016

A Oued Taga, dans la wilaya de Batna, c'est toute une population qui s'est soulevée contre la construction d'une cimenterie dans sa région. Les investisseurs assurent que leur usine est non polluante, un argument qui ne convainc pas ces amoureux de la nature.
«Nous ne sommes pas contre les projets d'investissement, mais nous n'acceptons pas ceux qui nuisent à l'environnement et à l'homme.» A Oued Taga, près de Timgad, à 32 km au sud-est de Batna, le mot d'ordre des habitants qui s'opposent depuis près d'un mois à l'implantation d'une cimenterie dans leur région est clair : «Luzine ulac, (Non à l'usine)». Dans cette commune de 25 000 habitants répartis sur plusieurs villages dont Ouled Bedda, Affan ou Bayou, la mobilisation monte d'un cran. Le chargé de communication du mouvement, Mosaab Sadouni, 22 ans, étudiant en première année de journalisme à Alger, explique : «La décision des habitants est irréversible. Nous étions favorables au débat.
Nous avons écrit au P/APC, au wali de Batna et au ministre de l'Environnement, mais personne n'a pris la peine de nous répondre. Aujourd'hui, les habitants sont déterminés. Ils refusent catégoriquement ce projet», se défend Mosaab. Cernée par les forêts de cèdres, les ruines romaines et les montagnes rocheuses, Oued Taga semble être un paradis pointé au centre d'une région aride et rude comme celle des Aurès. Ici, tout est verdure.
Dans cette région, l'eau est en abondance, comme en témoignent les nombreuses sources naturelles qui arrosent ces terres fertiles. Connue plutôt sous le nom de Bouhmar à l'est, Oued Taga, de son vrai nom Ighzer N taqa (Oued du sapin), est une région berbérophone dont les principales activités restent l'agriculture, notamment dans la production et l'exportation de la pomme et la pêche, l'élevage, l'orpaillage et la fabrication des fusils de chasse, de tromblons et leur poudre. «Notre région est une zone agraire. Nous avons plus de 80 bergers qui possèdent chacun des dizaines de vaches, de brebis et de chèvres.
Je ne vous parle même pas des centaines d'hectares de champs de blé, de pommiers et de pêchers. Alors, comment pouvons-nous accepter de la polluer comme c'était le cas pour Aïn Touta (une commune de Batna) ?», s'indigne Tarek Belayati, 20 ans, étudiant en éducation sportive à l'université de Batna et l'un des jeunes qui gèrent une page sur les réseaux sociaux qui porte le nom de Oued Taga dans les deux langues, française et arabe. Son cousin Boumediene, 32 ans, est du même avis. «Rien que ma famille, on possède 700 pommiers. Ici, le pourcentage du chômage frôle le zéro. Tout le monde travaille dans l'or ou dans l'agriculture. Qui va donc tirer réellement bénéfice de ce projet si ce n'est les hommes d'affaires eux-mêmes ?», s'interroge-t-il.
Dégâts
A Oued Taga, les agriculteurs sont les premiers à afficher clairement leur opposition au projet de la cimenterie. Parmi eux, Mohamed Maâlem, 51 ans, natif de Oued Taga. Fellah depuis 1996, il possède rien que dans sa région 56 hectares de pommiers et de pêchers. Invités à visiter ses champs, il raconte en cours de route que ses récoltes font aujourd'hui le tour des marchés algériens. «C'est un investissement personnel sur lequel je veille jour et nuit depuis plusieurs années.
Je ne peux accepter de tout perdre aujourd'hui car j'ai vu ce qu'ont causé comme dégâts sur l'environnement et l'agriculture les autres cimenteries construite en Algérie», s'inquiète Mohamed. «Nous demandons l'ouverture d'une enquête afin d'identifier les responsables qui ont accordé le projet», exigent les habitants, rassemblés dans la cafétéria jouxtant le monument portant le signe amazigh au centre de Oued Taga.
Projet initié depuis 2014, c'est la Sarl Imed Eddine, spécialisée dans la transformation du métal et la production de matériaux de construction, une association d'une dizaine d'entrepreneurs et d'hommes d'affaires qui détient le marché. Ces investisseurs projettent, selon leur manager général, Bouzid Djellal, rencontré dans son bureau au centre-ville de Batna, la construction d'une cimenterie d'une capacité de production de 1,5 million de tonnes par an. La matière première, elle, sera extraite d'une montagne dominant la vallée à environ 9 km de Oued Taga.
Quant à l'endroit où elle sera construite, il n'est qu'à quelques centaines de mètres seulement du village le plus proche, Ouled Fedda en l'occurrence, et à 4 km du chef-lieu de Oued Taga. Clé en main, l'équipement sera importé de chine et c'est l'entreprise chinoise Sinoma qui s'est accaparée de ce marché d'une valeur de 4,7 milliards de dinars, soit la même entreprise qui a conclu, fin mai dernier, deux contrats avec l'Etat algérien portant sur la création d'une nouvelle cimenterie à Béchar et l'extension de celle de Zahana à Mascara (voir encadré).
Aujourd'hui, la Sarl Imed Eddine est en possession de son permis de construire et peut à tout moment entamer ses travaux. «En 2014, nous avons organisé, en présence des responsables de la commune de Oued Taga, des journalistes et des services de la wilaya un colloque animé par les responsables de cette entreprise chinoise qui ont expliqué, durant leur allocution, que leurs équipements répondent parfaitement aux normes environnementales, défend Bouzid Djellal.
Leur modèle fonctionne sur un circuit fermé et ne dégage aucune poussière contrairement à ce que pensent les habitants de Oued Taga.» Et d'ajouter : «La cimenterie que nous projetons de construire est non polluante, car elle est dotée de filtres à manches (les électrofiltres), une nouvelle technologie utilisée partout dans le monde et même récemment en Algérie dans certaines cimenteries algériennes où était posé, justement, le problème de la pollution.»
Toxiques
Afin de rassurer les protestataires, le manager général de la Sarl Imed Eddine invite les habitants à l'accompagner à Biskra afin d'inspecter par eux-mêmes les deux cimenteries installées par la même entreprise chinoise dans les deux communes de Djemora et Branis. «Nous ne pouvons pas leur faire confiance. Nous savons que dans notre pays les autorités ne respectent pas l'environnement. Nous sommes conscients que nous ne pouvons plus faire marche arrière si on les laisse construire cette cimenterie», prévient Mohamed Metouche, 64 ans, résident de Oued Taga.
Selon les normes, les filtres en question doivent être changés périodiquement tous les six mois. Bouzid Djellal assure que ces derniers sont disponibles sur le marché. «De toutes les façons, nous pouvons les revendre presque au même prix car ils sont utilisés dans la protection des produits toxiques et radioactifs enfouis», explique-t-il. Mais les habitants ne l'entendent pas de cette oreille. «Il n'est pas question de jouer avec notre avenir et celui de nos enfants !
D'autres ont déjà tenté d'initier des projets de ce genre, mais ils ont vu leur demande refusée pour des questions purement environnementales. Alors, comment ces derniers ont-ils pu avoir l'autorisation d'exploitation si ce n'était un passe droit», s'emporte un sexagénaire, sirotant un café lors de l'une des soirées ramadhanesques. A la même table, Noureddine Boukhecha, 50 ans, infirmier, originaire de Oued Taga, est l'un des investisseurs qui ont vu leur projet refusé par la wilaya de Batna.
Ce dernier affirme à El Watan Week-end qu'on lui a refusé son projet d'une sablière à Taksrit, un village d'Oued Taga, pour les mêmes motifs évoqués par le sexagénaire. «Les autorités compétentes m'ont reproché le fait que le gisement soit proche du parc national de Belezma, jonché de cèdres protégés par la loi», confie-t-il. Pour rappel, le parc de Belezma s'étire sur aire de
26 000 hectares de cèdres. Il est considéré par l'Unesco comme une zone protégée parmi un réseau de 20 sites classés à travers le monde depuis juin 2015.
Problème : l'endroit choisi pour la construction de cette cimenterie est non seulement une surface agraire appartenant à des particuliers, mais il se trouve aussi à l'intérieur de ce parc pourtant protégé. Selon les témoignages des habitants, la goutte d'eau qui a fait déborder le vase ce sont surtout les propos tenus par le wali de Batna lors de sa récente visite d'inspection dans la région. «Le wali ne nous a même pas laissés nous exprimer. Pour lui, la cimenterie sera construite avec ou sans notre approbation», témoigne Abdelbaki Kraba, 31 ans, artisan. C'est ce qui a provoqué, selon lui, la colère des habitants.
Depuis, la mobilisation n'a pas cessé. 17 associations ont rejoint le mouvement de protestation, considéré comme une première dans la région. Les protestataires ont organisé quatre rassemblements devant le siège de l'APC, une action de reboisement à l'endroit où sera implantée l'usine et un Iftar collectif au centre-ville de Oued Taga. La dernière action à laquelle plus de 5000 personnes ont pris part date du 12 juin.
C'est lors de cette rencontre que les organisateurs ont décidé d'arrêter les actions de rue. Les anciens moudjahidine, les notables et les hommes d'affaires de la région qui sont intervenus ce jour-là ont tous appelé au calme afin de contrecarrer les tentatives de radicalisation du mouvement. «Certains ont même appelé à la désobéissance civile, chose qui a été évitée de justesse», avoue Mosaab. «Nous luttons pacifiquement depuis plus deux ans contre cette cimenterie. Nous allons continuer à nous battre sans avoir recours à la violence, conseille un notable devant la foule lors de la dernière action.
Brûlez-moi si vous voulez s'ils parvenaient à réaliser leur projet.» Les investisseurs continuent à espérer la conclusion d'une entente avec les habitants. Bouzid Djellal avoue que les investisseurs ont promis d'«indemniser les propriétaires du terrain et même accepté de céder certaines parts des actions aux habitants». Du côté des habitants qui ont mis leur mouvement en stand-by pour l'instant, ils promettent d'agir en toutes circonstances contre le projet de la cimenterie.


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