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Le champ des hommes, ou le droit à la vie des sans-papiers
14es rencontres cinématographiques de Béjaïa
Publié dans El Watan le 08 - 09 - 2016

Des paillasses étalées, des ballots déballés, des noms qui s'égrènent, des mines graves et une misère qui ronge des hommes et des femmes.
La scène se passe dans une grande église catholique (de Saint-Michel à Luxembourg) triste et austère où se joue un véritable drame humain. Des dizaines de malheureuses personnes sans-papiers s'organisent en un mouvement et entrent dans une grève de la faim pour se faire visibles des autorités belges. Dans cette église, qui les réunit dans toutes leurs différences, de peau, de langue et de religion, se lève le chant des hommes, celui, à la fois, de la révolte, du sacrifice et de la douleur. Le chant des hommes, c'est justement le titre de ce long métrage de Benedict Liénard et Mary Jimenez, projeté durant la quatrième soirée des rencontres cinématographiques de Béjaïa.
Cette fiction de 95 minutes rend compte douloureusement du drame humain qui frappe les interminables contingents de réfugiés et de migrants clandestins qui rompent, de nos jours encore et dans des flux désespérants et incessants, vers le Nord fuyant les affres des guerres, de la famine, des dictatures et de toutes les injustices et aberrations humaines du Sud. Ils quémandent la régularisation, mais le «paradis» européen se ferme obstinément à la face de leur misère. Ils sont venus du Maroc, Cameroun, Burundi, Nigeria, Pakistan, Ethiopie, Erythrée, Irak, Iran, de la Tchétchénie, Tunisie,….
«Ils ont traversé des continents sans se plaindre» pour constituer un concentré de désarroi humain de 22 nationalités, où il n'y a pas eu place à la nôtre. Sous le toit de cette église du 17e siècle, et dans le lot des sans-papiers qu'elle abrite, une femme en tchador, stressée, s'inquiète de devoir être montrée dans les médias qui viendront parler du mouvement de grève.
Quelques instants plus tard, deux hommes arrivent et l'embarquent de force. En revanche, le lieu de culte peint un saisissant tableau aux couleurs d'acceptation et de communion, qui va au-delà des différences ethniques, raciales et religieuses. Des musulmans ont prié sous la voûte de l'église après que l'on a prêté une oreille attentive au prêche du prêtre. Un homme est à la tête de ce mouvement : Kader Allouche (joué par Asaâd Bouab), un Marocain qui sort souvent de l'église pour des affaires qui s'avéreront pas très catholiques.
Son assistante, Esma (Maryam Zarée, allemande d'origine iranienne) a été enseignante en Iran. Elle a fui le régime des Mollahs, qui «ont construit un mur au milieu de la classe pour séparer les garçons des filles». Mariam Zarée est née dans une prison de Téhéran, où ses parents ont été des détenus politiques. Parmi les comédiens figurent de vrais sans-papiers. Leurs rôles dans la fiction ne sont que des tranches biographiques de leurs propres expériences. «A Conakry, on a violé des femmes et massacré à l'épée de pauvres enfants» témoigne, la diction perturbée, le personnage guinéen.
Le comédien qui campe ce rôle était peintre dans la capitale guinéenne. Témoin des massacres horribles dans son pays, il a été traumatisé et en est devenu bègue. Un autre personnage subsaharien raconte qu'il est issu d'une famille de marabouts où être enfant de confession chrétienne est une «honte». Le poids de la tradition a condamné à l'errance le chrétien qu'il est. «Ma mère s'est mise toute nue devant moi. Dans la tradition, l'enfant qui voit sa mère nue doit mourir» raconte-t-il à Esma, comme poussé dans le piège de la fuite.
La comédienne, qui a joué Nadjet, le personnage tunisien, a vécu, quant à elle, dans un centre de réfugiés. La réalisa-trice Benedict Liénard affirme l'avoir trouvé en dépression. Le personnage syrien a fait les frais du régime de son pays qui l'a jeté en prison pour 10 ans de réclusion. Il est marqué par les «moudjahidine» qui lui ont demandé d'égorger les gens. Parmi les grévistes aussi, l'un est en Belgique depuis six ans, sans réussir à obtenir sa régularisation. Sous sa paillasse est éparpillée une paperasse muette qui atteste de son ancienneté sur le sol belge.
«C'est ma fille, je ne l'ai pas vue depuis 3 ans madame», dit-il, suppliant à genoux, et montrant la photo de son enfant à la ministre qui débarque avec sa délégation un jour dans l'église, après 21 jours de grève, de privations, d'étourdissements, de tension, de mise à nu à la femme et de doute. Le ministère «a étudié la liste» et décidé que «19 personnes entrent dans les critères» et auront leur carte de séjour. Les autres sont candidats au rapatriement et au retour au gouffre.
La suspicion gagne le groupe qui se résigne à lâcher. Kader, le meneur, s'avère malhonnête, …Le chant des hommes, qui aurait pu être Le chant des hommes et des femmes, en hommage à la femme, plus engagée dans le mouvement et qui lui a été fidèle, contrairement à Kader, a été réalisé en 2015 sur la base, explique Benedict Liénard, de faits réels et des grèves de la faim déclenchées entre 2008 et 2009 en France et en Belgique. «Il y a eu une grève de la faim de 52 jours en 2008 et les conditions ont été plus dures que dans le film.
Les grévistes ont eu gain de cause» déclare-t-elle face au public. Ce film «politique», s'il est le reflet accusateur d'un «génocide» dont l'Occident a une part de responsabilité, il n'en est pas moins une dissuasion à l'immigration clandestine qui réserve malheurs, misères, prison et humiliations aux candidats.


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