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Face à face Peine de mort pour les crimes contre les enfants
Hassina Oussedik. Directrice d'Amnesty International Algérie - Maître Ammar Khababa. Avocat et militant des droits de l'homme
Publié dans El Watan le 16 - 09 - 2016

Brahim, Naoufel, Chaïma, Soundous, Nihal et le dernier en date, Nasreddine, ont été victimes de crimes abjects. Ces enfants, partis trop tôt, on suscité une vague d'émotion au sein de la société civile. Ces assassinats d'enfants ont relancé le débat autour de la peine de mort. El Watan Week-end confronte les arguments d'un partisan et d'un détracteur de cette mesure capitale.
- Avec la multiplication des crimes contre les enfants ces dernières années, le débat sur l'application de la peine de mort agite de plus en plus la société. Selon vous, franchir ce pas peut-il mener à l'éradication de ce type d'agressions ?
H. O. : En premier lieu, je tiens à adresser mes condoléances à toutes les familles touchées par ces drames.Pour répondre à votre question, je voudrais revenir sur deux points : premièrement la médiatisation des crimes d'enfants ne signifie pas automatiquement leur multiplication ; deuxièmement penser que l'application de la peine de mort peut mener à l'absence de criminalité à l'égard des enfants ou de tout autre crime est une erreur.
En effet, aucun élément ne prouve que la peine de mort ait un effet plus dissuasif sur la criminalité que les autres peines et l'application de la peine de mort n'a pas fait baisser la criminalité dans les pays qui la pratiquent, ce qui signifie que la peine capitale est loin d'être dissuasive pour les crimes de droit commun ou pour des raisons politiques. Aujourd'hui, dans toutes les régions du monde, des gouvernements continuent à recourir à la peine de mort en réaction à des menaces réelles ou perçues commes pesant sur la sécurité de l'Etat et la sécurité publique.
Pour prendre un exemple de notre histoire, durant la Guerre de Libération, est-ce que la guillotine pratiquée par l'Etat français a fait peur aux militantes ou militants pour l'indépendance de l'Algérie ? Bien au contraire, leurs dernières pensées ou paroles ont été toujours pour l'Algérie indépendante. Ce châtiment a été utilisé uniquement à des fins politiques. Notre mémoire collective ne devrait pas l'oublier lorsque nous débattons de la peine de mort.
A. K. : On ne saurait limiter la solution de ce fléau aux seules condamnations et punitions des agresseurs d'enfants. Car arriver au stade de punir un individu qui a commis un quelconque crime témoigne de l'échec de nombreuses institutions, notamment la famille, la mosquée, l'école et tout autre organisme qui joue un rôle dans la sensibilisation, l'éducation et l'enseignement de la vraie religion.
En toute conscience, je soutiens que la levée du gel de l'application de la peine de mort va instaurer un sentiment de peur chez les éventuels criminels et ainsi les dissuader fortement au moment de commettre leurs crimes. Je suis intimement convaincu qu'avec l'application de la peine de mort, ces crimes seront considérablement réduits, voire éradiqués.
Plus encore, en tant que musulmans, nous devons nous référer à ce que dit la charia, notamment le verset coranique 179 de la sourate 2 El Baqara : «C'est dans le talion que vous aurez la préservation de la vie, ô vous doués d'intelligence, ainsi atteindrez-vous la piété.» Quand on se réfère à cela, même le criminel renonce à son crime. Ainsi, l'application de la peine de mort joue un rôle dans la protection des citoyens d'une quelconque personne qui ne respecte pas la vie d'autrui.
- Quel est le rôle de la société civile à propos de cette question ?
H. O. : La peine de mort est une question très sensible car il s'agit de décider de la vie d'êtres humains, d'enfants, de femmes ou d'hommes. Les débats autour de cette question ne devraient pas être menés dans un climat de forte émotion. Les familles des victimes ont droit à la justice. Cependant, la société civile doit veiller à ce que la justice mise en place ne s'apparente pas à de la vengeance. Amnesty International s'oppose en toutes circonstances et sans aucune exception à la peine de mort, quelles que soient la nature et les circonstances du crime commis, la culpabilité ou l'innocence ou toute autre situation du condamné, ou la méthode utilisée pour procéder à l'exécution.
En 1977, quand Amnesty International a lancé sa première campagne contre la peine de mort, ce châtiment avait été entièrement aboli dans 16 Etats seulement. Selon le dernier rapport de 2015, le nombre de pays abolitionnistes pour tous les crimes a été porté à 102 et plusieurs dizaines d'autres n'ont procédé à aucune exécution depuis plus de 10 ans ou ont laissé entendre clairement qu'ils s'orientaient vers l'abolition totale. La tendance, à long terme, est nette : le monde abandonne progressivement la peine de mort.
Aujourd'hui, les pays qui ont encore recours à ce châtiment sont de plus en plus isolés et minoritaires dans le monde. Ils doivent comprendre qu'ils se situent du mauvais côté de l'histoire et qu'il faut abolir ce châtiment, le plus cruel et inhumain qui soit. L'Algérie est un pays qui a un moratoire de fait depuis de nombreuses années. Notre pays pourrait être le premier pays de la région Maghreb et Moyen-Orient à abolir la peine de mort, notamment en raison de notre histoire.
La société civile algérienne devrait s'engager dans cette voie, à l'instar du Maroc ou de la Tunisie, où des coalitions contre la peine de mort mènent des campagnes de promotion pour l'abolition de cette peine. Ainsi en Algérie, Cheikh Sidi Bémol s'engage avec nous contre la peine de mort. Pour lui, la justice, ce n'est pas la vengeance. C'est pourquoi il milite depuis toujours pour l'abolition de la peine de mort partout dans le monde. «Quel que soit le crime, quel que soit l'individu, quel que soit la rage qu'il peut provoquer en nous, quelle que soit la nausée qu'il peut nous donner, on le considère toujours comme un être humain et nous devons préserver sa vie. Il peut payer son crime, il mérite une punition mais ce n'est pas la mort», dit Sidi Bémol.
A. K. : La société civile joue un rôle très important dans la protection des enfants de ces crimes abjects. En effet, d'une part, ils peuvent sauver la vie d'un enfant qui se trouve en situation de danger via son signalement en suivant les dispositifs du plan «Alerte enlèvement» mis en place par les autorité. Ces derniers doivent interagir avec les services de sécurité et ne pas avoir peur de signaler le danger, surtout que désormais, ce plan protège les lanceurs d'alerte. D'autre part, la société civile joue un rôle primordial durant les recherches. En effet, la solidarité entre citoyens peut dissuader les ravisseurs et les fait renoncer à un éventuel crime qu'ils pourraient commettre.
Selon vous, quelle serait la meilleure solution pour mettre fin ou du moins annihiler ce fléau ?
H. O. : Il s'agit d'entamer une réflexion plus large sur la justice : notre justice devrait placer les droits des victimes au centre de ses préoccupations et veiller à ce que toute personne inculpée puisse bénéficier de ses droits fondamentaux.
A. K. : Je ne pense pas qu'il existe une solution miracle qui puisse éradiquer ce fléau de notre société du jour au lendemain. Cependant, je reste intimement convaincu qu'il existe de nombreux facteurs qui, s'ils sont réunis, peuvent contribuer à la diminution et pourquoi pas l'éradication de ce phénomène.
La famille est bien évidement l'un des principaux facteurs ; elle doit veiller sur ses enfants et les mettre en garde dès leur plus jeune âge contre les risque d'enlèvement ; elle doit aussi être en contact permanent avec l'école afin d'être constamment informée des entrées et sorties de ses enfants ainsi que de leurs déplacements. La mosquée joue aussi un rôle considérable dans la protection des enfants contre les crimes ; elle doit faire dans la sensibilisation et l'orientation.
En effet, étant beaucoup fréquentée par les fidèles, la mosquée, via son imam, peut éventuellement organiser des journées de sensibilisation afin d'éveiller la conscience des citoyens et les rendre plus réactifs vis-à-vis de ce danger. Enfin, il faut savoir que ce qui encourage les criminels à commettre ces crimes est le fait de savoir que la peine de mort n'est pas appliquée chez nous. Au pire, ils rentrent en prison et cela ne les effraye pas tant que cela. C'est pour cela que la levée du gel sur l'application de la peine de mort pour les crimes contre les enfants est un des facteurs les plus dissuasifs pour ces derniers.


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