Andrew Farrand s'est fait remarquer par l'agence de production Allaqta qui a réalisé un court-métrage sur sa vie à Alger, intitulé Un Américain amoureux de l'Algérie. S'exprimant parfaitement en dialecte algérien, Andrew savoure sa vie algéroise en mode explorateur. - Dans quel cadre êtes-vous venu en Algérie pour la première fois ? Je suis venu en Algérie en 2012 dans le cadre de mon travail. A cette époque, je travaillais pour une ONG américaine qui me faisait venir en Algérie pour différentes missions de formation. Au fur et à mesure, j'ai commencé à m'y faire des amis et à découvrir le pays. Mon parcours est assez particulier, vu mon intérêt pour les cultures étrangères. Je me suis installé à Alger en 2013. - D'ou vous vient cet intérêt ? J'étais attiré par les cultures étrangères à la mienne depuis très longtemps. Ça remonte au lycée quand j'avais toujours eu des cours de français. C'est la première fenêtre vers le monde extérieur, j'étais dans une ville des Etats-Unis un peu fermée, Baltimore, dans l'Etat du Maryland. Le fait d'avoir appris la langue française m'a donné l'opportunité de découvrir beaucoup de choses dans d'autres cultures. Dès que j'ai rejoins l'université de Georgetown (Washington DC) afin d'étudier les relations internationales, je me suis inscris en cours d'arabe. Dans la foulée, j'ai voyagé en Syrie et en Jordanie pour perfectionner mon arabe classique. Après cela, j'ai travaillé à Washington dans le domaine des affaires internationales de projets de développement et de coopération. - Comment s'est passé l'apprentissage du dialecte algérien, derdja ? A un certain moment j'ai vécu au Maroc, et par la suite j'ai appris la deridja grâce à des cours. Quelques années plus tard, je me suis retrouvé à Alger. Pour passer de l'arabe classique au dialecte algérien, j'avais juste besoin de mélanger toutes les influences linguistiques que j'ai cumulées ici et là. Les deux dialectes de l'Algérie et du Maroc se rapprochent beaucoup, ce qui m'a facilité les choses ! - Qu'est-ce qui fait la particularité de vos photos ? Je sors et je prends des photos pour le plaisir. A la base, je ne suis pas photographe professionnel, je n'ai jamais pris de cours de photo de ma vie. Ce qui distingue mes photographies de celles des autres est que j'utilise un appareil différent. Je photographie l'Algérie avec un appareil datant des années 1950 hérité de mon père, un Rolleicord, fabriqué en Allemagne. Je prends des photos sur pellicules, c'est un processus à la fois lent et frustrant. Cependant, le résultat est totalement différent de ce qu'on peut obtenir avec le numérique. La touche qui se voitdans les photos donne un peu de nostalgie. Quand les gens regardent mes photos, ils sont plongés dans la nostalgie de l'Algérie des années 1970, 1960, etc. Même quand je les poste sur l'application Instagram, je n'ajoute aucun filtre. Bien au contraire, c'est Instagram qui s'ingénie à trouver des filtres qui se rapprocheraient des résultats donnés par un Rolleicord. - Avez-vous visité d'autres régions d'Algérie ? Le désert algérien est complètement différent de là où j'ai grandi et de là où j'habite actuellement. C'est très beau, c'est un monde à part. Puisque je suis amené à voyager dans le cadre de mon travail, j'ai pu visiter Timimoun, Adrar et aussi Constantine et la Kabylie. J'aimerais visiter toute cette partie du Hoggar, tout le monde me dit que c'est imprenable. A mon avis, si certains Algériens portent un fort intérêt pour mes photos, c'est parce qu'ils n'ont pas la chance de visiter toutes les régions de leur vaste pays. D'ailleurs, je réitère l'expérience de 2016 en éditant un nouveau calendrier l'année prochaine, qui va illustrer, une fois de plus, mes déplacements dans le pays. - En vous baladant, avez-vous senti une réticence des habitants par rapport à la prise des photos ? Oui. Mais je crois que c'est partout pareil. C'est vrai que ça diffère d'un pays à un autre, vu le degré de méfiance aujourd'hui dans le monde. Quelqu'un qui a un appareil photo entre les mains n'est pas forcément une menace. Cela peut contribuer à valoriser des pays, des cultures et tout un patrimoine. Les Algériens sont très accueillants, j'aime vivre ici. Toutefois, l'Algérie a beaucoup à offrir au monde, et pourrait à la fois bénéficier et contribuer à l'échange culturel, à condition de s'ouvrir davantage.