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Ces artisans qui se cachent pour mourir
Ils se comptent sur les doigts d'une seule main dans la Casbah
Publié dans El Watan le 06 - 10 - 2016

Visiter Alger et ne pas observer une halte dans l'ancienne médina, c'est comme sillonner Venise et ne pas emprunter ses gondoles. Faire une virée dans l'ancienne médina d'Ibn Mezghenna et ne pas rencontrer des artisans, c'est comme s'offrir une promenade sur les canaux vénitiens et ne pas emprunter le grand circuit des arts et des artistes.
La Casbah reste cette cité qui n'est pas sans nous rappeler la myriade de maîtres artisans qui, au détour de chaque venelle, exerçaient, autrefois, leur passion. A l'image du dinandier-étameur (kzadri), Ammi Mustapha Lakehal qui, l'on se rappelle, s'attelait dans son local, sis à la rue Porte-neuve, à donner forme à sa plaque de cuivre au kir (soufflet), du sculpteur sur bois Ammi Abdelhamid Kobtane, de l'artiste ébéniste Ammi Abdelkader, qui avait son atelier à la rue Ben'achir, en face du premier cercle du Mouloudia, du nattier Ammi Ali qui, faute de jonc, a préféré troquer son peigne et ses lisses contre le commerce du détail ou encore du tisserand sur soie, Mohamed Hamlat, qui avait mis la clé sous le paillasson à cause de l'état de dégradation de son échoppe à la rue de La Casbah.
Cette richesse patrimoniale n'a présentement que très peu pignon sur rue. Ces métiers, qui ne font désormais, plus partie du paysage artisanal, participaient à la pérennité du patrimoine cultuel immatériel, conférant une ambiance bon enfant à l'ancienne médina. Mais cette plus-value pour le tourisme a, depuis, périclité, au regard d'une corporation qui bat de l'aile.
Qui n'a plus droit de cité. Les espaces que les artisans occupaient sont désormais fermés ou conquis par un négoce jugé plus rémunérateur. Le commerce de fripe a fini par supplanter, au fil des ans, les activités à caractère artisanal. Des cagibis fleurissent çà et là pour proposer des articles de pacotille et autres produits de fantaisie, envahissant le dédale de la cité de Sidi Abderrahmane Etthaâlibi.
De la rue Sidi Ramdane à Souk El Djemaâ (Socgemah), en passant par Aïn M'zouaqa ou la rue Sidi M'hamed Cherif jusqu'à la rue Lézard, la corporation d'artisans est composée d'un nombre qui se compte sur les doigts d'une seule main. A peine deux ou trois dinandiers font de la résistance au milieu d'espaces pleins de vide, jonchés de monticules de gravats et d'immondices, conjugués aux odeurs pestilentielles générées par les eaux usées vomies par-ci, par-là.
Faire contre mauvaise fortune bon cœur
Rivé à son métier de dinandier depuis une trentaine d'années, l'artisan Boudjemaâ Gasti, qui élit ses quartiers dans la Haute-Casbah, continue de s'adonner avec passion à son exercice artisanal dans un réduit dans la rue Katarougil (qata'erdjel), sise au n°2. Cet orfèvre en cuivre, qui évolue au milieu d'un capharnaüm, fait contre mauvaise fortune bon cœur.
Il refuse d'adhérer à la thèse, selon laquelle l'artisan finit par devenir un «crève la dalle». «L'activité de dinanderie demande patience, effort et doigté», explique-t-il, soulignant, cependant, non sans dépit que «la corporation de dinanderie a tendance à s'effacer du paysage casbadji, contrairement aux autres villes des pays voisins où elle est toujours omniprésente et constitue même une des belles vitrines destinées pour le tourisme en quête de curiosité». Autrefois disposés en enfilade dans une des ruelles de La Casbah, côtoyant les autres métiers, les maîtres dinandiers ont déserté l'espace sans qu'il y ait une relève sûre à même de pérenniser ce savoir-faire ancestral.
Les uns sont découragés par le commerce de pacotille qui fait recette, préférant mettre la clé sous le paillasson, au moment où d'autres ont bradé le métier de dinandier contre un négoce plus rémunérateur. «Mais ce qui entrave davantage notre activité artisanale, c'est le fait que nous ne sommes pas considérés à notre juste valeur», résume Boudjemaâ, sur un ton amer. Les objets qu'il réalise sont destinés à une clientèle assidue ou proposés à des visiteurs de passage. Mais ce n'est pas évident, laisse-t-il entendre, car «le prix de la matière première, comme la feuille de cuivre épaisse qui convient pour la fabrication de certains objets à usage domestique, dépasse tout entendement».
Notre interlocuteur ne ménage, toutefois, aucun effort pour aller récupérer dans des marchés de brocante ce matériau dans d'autres villes du pays pour leur redonner une seconde vie. Il réunit par-ci par-là des lots de pièces de cuivre rouge-brun ou jaune, dissemblables et gâtés par le temps pour en faire des objets servant aux usages de la vie courante, des accessoires de décoration non sans créer également des pièces à l'usage de certains manufacturiers ou des particuliers. S'attelant à donner forme à son objet, notre artisan évolue dans son petit atelier au rythme du son métronomique du maillet et du ciseau.
Il décape la pièce, la transforme dans le tour, la martèle, avant de la ciseler en lui conférant des motifs que résument un mélange de dessins traditionnels puisés dans les motifs d'arabesques. Une activité ardue surtout lorsqu'il s'agit de procéder à l'opération de l'étamage par voie chimique (traitement à l'étain ou tqazdîr) des plateaux circulaire (snî ou sînya), ou des ustensiles à usage culinaire. Le constat qu'établit le maître maroquinier, Mostefa Boulaâchab, qui occupe un établissement à la rue Mohamed Benlarbey n'est pas reluisant. «L'été est la saison où je suis censé travailler sans répit, mais faute de matière première, je me roule les pouces», avoue-t-il sur une note aigrie.
Et d'ajouter sur un ton péremptoire : «Nous ne demandons rien au ministère qui chapeaute le secteur, juste nous approvisionner en input pour pouvoir travailler et perpétuer notre activité artisanale.» Son échoppe est quasi vide : à peine quelques objets accrochés au mur depuis des mois pour de potentiels chalands. Ni basane ni vachette, matières premières incontournables pour fabriquer des sacs à main, des portefeuilles, des ceintures et autres objets pratiques pour la gent féminine, fait savoir sur une note d'amertume le maroquinier à notre endroit. Du côté de la rue Sidi Ramdane, un jeune passionné s'adonne au travail de l'art appliqué sur des supports de bois et de verre. Il évoque sans cesse Ammi Mostapha Ben Debbagh qui, dit-il, lui a légué quelques techniques rudimentaires dans la décoration d'art sur objet.
Plus bas, nous rencontrons un artisan cinquantenaire qui, reclus, se livre à son violon d'Ingres, le cuivre à repousser qu'il refile à des touristes. Chaque jour que Dieu fait suffit sa peine, sommes-nous tentés de lire sur leur visage. Un labeur qui, bien qu'il ne rapporte pas gros, leur assure, toutefois, une vie décente. Quant aux pensionnaires du bois des Arcades de Riadh El Feth ou la Maison de l'artisanat de Oued Koriche, l'activité ne prête pas à l'optimisme et beaucoup d'établissements sont fermés. Sur l'ensemble des locaux mis à la disposition des artisanes et artisans, ces derniers semblent brasser du vent.


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