L'année culturelle 2017, comme celle qui l'a précédée, se caractérisera par des restrictions budgétaires des plus draconiennes. Le ministre de la culture, Azeddine Mihoubi, a organisé, hier, à la Bibliothèque nationale d'Alger, une conférence de presse portant sur le bilan de 2016 ainsi que sur le plan d'action de l'année 2017. Dans son intervention, M. Mihoubi a rappelé qu'en 2016 son ministère a connu des contraintes financières, et ce, à l'image des autres secteurs. Un constat qui a permis une réorientation de l'activité culturelle sur la base d'une rationalisation des dépenses. «Dans un passé récent, nous avions les moyens financiers pour organiser des événements culturels et artistiques. A présent, la donne a changé. Nous sommes là pour encourager les porteurs de projets mais eux aussi doivent s'impliquer pour trouver des financements.» Le ministre de la Culture est longuement revenu sur la mauvaise gestion de certains théâtres régionaux. Il a évoqué le cas du TRB qui est confronté à un dysfonctionnement. Un problème prévisible, selon lui, eu égard des importants recrutements qui ont été effectués en dépit du bon sens. Comment honorer une masse salariale de 60 employés alors que le théâtre de Mostaganem emploi seulement 13 personnes ? Il a rappelé à ce propos que l'ONDA a offert, dernièrement, un chèque de 10 millions de dinars au TRB. M. Mihoubi avertit : «Nous n'avons pas l'intention de délaisser les théâtres mais les directeurs doivent prendre leurs responsabilités. Que celui qui ne peut pas assumer sa tâche se retire.» Le ministre de la Culture a soutenu que les objectifs assignés pour 2016 ont été atteints dans plusieurs domaines. Ainsi, 508 ouvrages ont été financés par le biais du fonds d'aide à la création et du budget consacré à la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015». Dans le cadre de la lecture publique, 148 nouvelles bibliothèques sont opérationnelles avec des moyens d'équipement du secteur. Dans le registre du patrimoine, celui-ci a été enrichi d'une collection de 508 pièces et objets archéologiques avec la poursuite de l'opération classement des sites archéologiques. Par ailleurs, 23 cas d'atteinte au patrimoine ont été enregistré. Azzeddine Mihoubi a mis l'accent sur la rationalisation des dépenses dans la gestion des festivals. Ainsi sur 176 festivals, seulement 83 ont eu lieu en 2016. Certains ont été organisés avec le solde de 2015 et le soutien de sponsors tels que le Festival international du film engagé et le Festival international de la musique andalouse et des musiques anciennes. Le ministre a affirmé que seuls les festivals sérieux seront maintenus avec un réaménagement du calendrier. Il a encouragé une fois de plus les organisateurs de festivals à rechercher d'autres sources de financement pour sortir de la politique de la gratuité des prestations culturelles. En outre, pas moins de 350 activités culturelles ont été organisées en 2016, malgré des moyens financiers limités. En tout, 83 millions de dinars ont été octroyés aux associations culturelles. Toujours dans le cadre de la production culturelle, le secteur privé a financé un certain nombre d'activités culturelles telles que les premières Journées cinématographiques de Hassi Messaoud ou le Colloque international Abdelhamid Benhadouga sur le roman à Bordj Bou Arréridj. Dans le cadre de la création artistique cinématographique et artistique, le ministère a financé 40 productions théâtrales et 15 cinématographiques. Dans l'optique de réduire les dépenses et d'améliorer les prestations, de grands établissements culturels font l'objet de fusion dont le fonds d'aide au cinéma et à la création artistique ainsi que le rattachement de l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) à l'Office Riadh El Feth. La Cinémathèque algérienne intégrera, pour sa part, le Centre national du cinéma et de l'audiovisuel (CNCA) et l'Office national de la culture et de l'information (ONCI) fusionnera avec le Village des artistes de Zéralda. Enfin, le nouvel Opéra d'Alger fusionnera le Ballet national et l'Orchestre symphonique national (OSN) l'Ensemble national algérien de musique andalouse. Durant l'année 2016, le Conseil national des arts et des lettres a remis 6424 cartes d'artistes. Les aides financières ont concerné 149 artistes dans le cadre des subventions sociales. Le programme d'action de l'année 2017 se distinguera par une restructuration des établissements sous tutelle avec la poursuite du programme de l'année 2016, notamment une nouvelle organisation du fonctionnement des directions de la culture. Il sera mis en place un cadre organisationnel pour accompagner et encourager les promoteurs de spectacles. La politique du livre et de la lecture publique sera à l'ordre du jour avec la mise en œuvre des textes d'application de la loi sur le livre, la création de nouveaux espaces de lecture et l'organisation et la multiplication des salons du livre à l'intérieur du pays. L'activité cinématographique connaîtra en 2017 une révision du financement de l'activité cinématographique, la relance du réseau des salles de cinéma et la révision de la loi sur le cinéma. Le 4e art verra, également, une révision de ses textes juridiques. Cette année, on poursuivra les constructions et réalisations entamées, dont le Musée d'art moderne d'Oran, lequel sera rattaché au Musée Zabana, celle du Centre arabe archéologique de Tipasa et la transformation du siège du Centre national de la photographie de Koléa en un espace qui abritera le Centre national du cinéma audiovisuel et le Centre algérien pour le développement du cinéma.