Ses produits sont partout dans la capitale sans que les citoyens en connaissent grand-chose. Existants au temps des Français, les ateliers et magasins généraux de la ville d'Alger ont pris, après le long intermède où ils furent chapeautés par le CPVA, la dénomination de Mobilier et confort urbain (MCU). Cet établissement de wilaya, guère connu du grand public, dont le siège est situé aux Fusiliers, a pour mission l'aménagement, la gestion et l'entretien du mobilier urbain, lequel est fabriqué dans ses ateliers. Ceux-ci au nombre de huit, dans lesquels s'affairent pas moins de 300 ouvriers, spécialisés dans un domaine d'activité précis, à savoir la maçonnerie, la ferronnerie, la menuiserie, l'électricité, la plomberie, la peinture, la décoration et la confection. Ce dernier s'est renforcé à partir de 1999 d'un atelier de sérigraphie. « Nous en avons fait l'acquisition en 1999 pour alléger le travail de l'atelier de confection », atteste Mme Aït Ouazou, directrice de l'établissement. « Ne couvrant nullement la totalité des communes d'Alger, on n'en pavoise pas moins les artères si une délégation officielle s'y déplace », assure-t-elle. L'une des missions fétiches de l'entreprise est la confection de l'emblème national. Régie par une batterie de réglementations, dont la dernière date du 11 décembre 2000 et qui porte sur le fonctionnement de la commission nationale de l'emblème national, sa confection n'est guère une sinécure. L'Epic ne se ménage pas pour en faire un atelier sacerdoce. En témoigne, assure notre interlocutrice, l'engouement des représentations diplomatiques étrangères. « Considérant à bon escient notre travail, celles-ci nous communiquent, comme ce fut le cas, récemment avec les Bahreïnis, les modifications faites sur leur emblème et passent souvent commande chez nous », atteste-t-elle. Une convention a été signée, il y a trois ans, avec les services de la présidence de la République, afin que MCU s'occupe du pavoisement des circuits qu'empruntent les convois officiels. « Auparavant, on se contentait de procéder à l'installation des mâts, mais remarquant les pertes engendrées par l'achat à l'étranger des emblèmes, ces mêmes services nous ont confié la confection des drapeaux et le pavoisement final », indique notre interlocutrice. Et de renchérir : « D'aucuns vous feront remarquer que l'Algérie ne lésine pas sur les moyens pour rendre plus belle la capitale. » Afin d'embellir les artères de la capitale, pas moins de 15 groupes, composés chacun de 10 membres, se trouvent sur le qui-vive et installent plus de 5000 drapeaux. Seul couac dont s'accommode l'entreprise, le secret entourant les visites des délégations étrangères. « Toutefois, nous nous contentons de pavoiser la Rocade sud et l'Autoroute de l'est, le centre de la capitale ainsi que de ses alentours immédiats », assure Mme Aït Ouazou. « Plus d'une fois, on a été dans l'obligation de réquisitionner les travailleurs qui s'y font avec bon cœur. Cela est vécu dans l'allégresse. » Anecdote bien sentie : le président de la République a rebroussé chemin refusant d'effectuer une visite dans la wilaya de Blida. La raison en est la couleur verte du drapeau, à tout le mois différente de celle prescrite par la loi n°63 145 définissant les caractéristiques de l'emblème national. Des entreprise privées s'y sont mises, mais sans grand succès, puisque la qualité du drapeau laisse souvent à désirer. Une commission de wilaya a été mise sur pied, il y a 6 mois et se fera un devoir, indique Mme Aït Ouazou, de permettre un redéploiement plus fort de l'emblème national sur le fronton des institutions de l'Etat. Les actes de vandalisme, l'Epic en subit assurément. Preuve en est l'arrachage par les mordus des clubs européens des drapeaux des pays concernés. Les pertes se chiffrent ainsi à pas moins de 35%, assure-t-on. Le jour de notre passage, c'était le branle-bas de combat dans les ateliers de l'Epic, et ce, à l'instar de celles qui s'occupent de la gestion de la capitale. La raison : la perspective prochaine des festivités d'Alger, capitale de la culture arabe et de la visite du président italien.
