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«L'Etat doit laisser faire le marché»
Brahim Brahimi. Professeur en sciences de l'information et de la communication
Publié dans El Watan le 05 - 02 - 2017

Retraité de l'enseignement supérieur, le fondateur et ancien directeur de l'Ecole nationale supérieure de journalisme et des sciences de l'information (ENSJSI) d'Alger a gardé sa verve que lui connaissent ses collègues, ses étudiants et les journalistes qu'il a aidés dans le cadre du Syndicat national des journalistes (SNJ). Dans cet entretien, il revient sur les réformes engagées par la loi sur l'information de 1990, sur celles en cours, et sur la relation qu'entretiennent les autorités avec la presse.
La presse connaît de graves difficultés économiques. A quoi est due, selon vous, cette situation ? Aux évolutions technologiques ou aux politiques engagées par les pouvoirs publics ?
Je vais commencer par un constat. Le philosophe Jean Baudrillard a fait dans son ouvrage Les stratégies fatales, publié en 1983, une prophétie qui se vérifie. Les technologies de l'information et des communications (TIC) provoquent, comme l'avait prédit ce théoricien, un changement mondial, qui s'est avéré crucial lors des dernières élections présidentielles américaines.
Les nouvelles technologies vont avoir une prise sur les relations internationales, mais aussi dans les rapports internes aux différents plans économique, politique, culturel. Depuis 1999, nous constatons un recul très important dans le domaine des libertés. L'ancien ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi, est parti sans concrétiser 5 grands projets de loi, dont un sur la presse écrite et un autre sur l'audiovisuel. Ces deux textes ont été finalement adoptés par le Parlement sans débat. Les propositions faites en commission n'ont pas été retenues. La loi sur l'information de 1990 (n°90-07), adoptée le 19 mars et promulguée le 19 avril, l'a été avec l'implication du Mouvement des journalistes algériens (MJA).
Le Conseil supérieur de l'information (CSI), institué par cette loi et qui avait un rôle consultatif, a pris des décisions importantes. Il s'agit des aides de l'Etat et ses critères, du projet d'un statut des journalistes. Le projet portant statut du journaliste sera finalement adopté plus tard ; 24 propositions seulement sur les 62 faites par le SNJ, auquel j'étais associé, ont été retenues.
Trois projets de loi sont toujours sur la table. La plus importante est le texte sur la publicité. Je vous rappelle que le monopole sur la publicité a été expressément abrogé dans la loi sur l'information d'avril 1990. Mais le chef de gouvernement de l'époque, Belaïd Abdeslam, a décidé de réinstaurer ce monopole de l'ANEP sur la publicité institutionnelle pour une période provisoire de trois ans. L'argent de la publicité devait initialement bénéficier aux journalistes de métier et pas au pouvoir de l'argent et au pouvoir administratif, comme c'est le cas actuellement.
Le pouvoir a tout fait pour casser l'expérience des collectifs de journalistes, alors qu'il a l'obligation de maintenir son rôle de régulation. L'autre projet mis sous le coude est la loi sur les sondages. Ce texte devait permettre l'émergence d'entreprises dont le souci n'est pas, comme nous l'avions constaté durant les années 1990, l'argent. Il s'agissait aussi de promulguer l'avant-projet de loi sur le livre, lancé sur injonction de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI).
Pourquoi ce retard dans la discussion et l'adoption de ces projets de loi ?
Il y a une explication : le pouvoir en place a produit des commis du système au lieu de favoriser l'émergence de commis de l'Etat dont le souci sera une presse libre et une démocratie consolidée. Avec ces personnes, il n'est pas possible de prendre en charge sérieusement le secteur de la communication. Il y a eu, certes, l'installation de l'Autorité de régulation de l'audiovisuelle (ARAV), mais je doute que son rôle soit significatif. Les instances de régulation ne devraient pas jouer un grand rôle. L'Autorité de régulation de la presse écrite (ARPE), instituée dans la loi organique n°12-05 est une monstruosité. Son installation est incompatible avec l'existence du ministère de la Communication, qui doit disparaître de facto après la mise en place de cette instance pour éviter le chevauchement des missions et des compétences des uns et des autres.
Le CSI, mis en place par la loi sur l'information de 1990, était en avance avec ses instances, à l'instar de la commission de la carte composée uniquement de 6 journalistes et 6 éditeurs élus. A travers les réformes engagées ces dernières années, les pouvoirs publics veulent revenir au «système FLN» alors qu'il faut nécessairement aller vers des réformes profondes pour une presse libre.
L'Etat intervient dans le secteur de la presse par un dispositif d'aides directes ou indirectes. Les fonds d'aide à la presse prévus dans certaines lois de finances ne sont pas à l'ordre du jour, alors que la presse publique et privée est au plus mal.
En novembre dernier, le ministre de la Communication, Hamid Grine, a appelé les journalistes à s'organiser pour rendre «opérationnel» le Fonds d'aide à la presse. Il a indiqué qu'il évoquerait les étapes de la mise en place de ce fonds au «moment opportun». Mais à ce jour, on ne voit rien venir…
Le Conseil supérieur de l'information (CSI) a adopté, le 5 novembre 1991, une décision fixant les règles d'octroi des éventuelles subventions, aides et subsides accordés par l'Etat aux organes d'information de la presse écrite. Un fonds d'appui à la presse très important a été dégagé pour réaliser, entre autres, des logements au profit des journalistes, mais il n'a pas été effectif.
On parle de rendre «opérationnel» ce fonds. Je pense que cette aide est nécessaire, mais qu'il faut surtout laisser travailler les journalistes sérieux, capables de se prendre en charge. Il faut laisser faire les journalistes. L'aide aux petits journaux à très faible tirage est une prime à la médiocrité. L'Etat doit laisser faire le marché. Mais on constate que le pouvoir fait toujours bénéficier des journaux sans critères sérieux de la publicité étatique. Pis, depuis trois ou quatre ans, il exerce des pressions sur les entreprises de téléphonie et des concessionnaires automobiles pour les dissuader d'insérer de la publicité dans les journaux crédibles.
Le ministre de la Communication insiste dans ses sorties publiques sur le respect de l'éthique et de la déontologie et sur l'organisation du métier. Selon lui, cette situation devrait favoriser la mise en place d'un «cercle vertueux». Qu'en pensez-vous ?
Depuis un moment, les autorités insistent sur la nécessité d'une «presse responsable». C'est un slogan creux.
Les pratiques qu'on veut instaurer favorisent le retour au système de l'autocensure, alors que seule la vérité est indispensable pour une presse libre. Dans le temps, on parlait du service public pour la presse. La notion n'est plus de mise, puisque seul l'intérêt général doit guider le travail des journalistes. Les réformes lancées ces derniers mois sont au fond des réformettes. Les commis du système dont j'ai parlé précédemment se contenteront de lancer des slogans qui n'ont pas prise sur la réalité du métier.
On ne peut pas aboutir à un réel changement dans le cadre du système actuel. Il faut de réelles réformes qui tiennent compte des réalités locales et régionales. On doit passer à la IIe République. Les journalistes comme les partis politiques doivent impérativement s'organiser pour y aboutir. Il est temps de changer, si nous voulons éviter la catastrophe.


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