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La littérature algérienne sous le regard aiguisé de Charles Bonn
Parution. Lectures nouvelles du roman algérien
Publié dans El Watan le 09 - 02 - 2017

Depuis son affirmation dans les années 1950, après les balbutiements des années 1920, la littérature algérienne d'expression française a toujours constitué un terrain fertile pour des chercheurs d'horizons divers.
Charles Bonn en constitue une des références. Spécialiste attitré de cette littérature et professeur à l'université Lumière Lyon 2, Charles Bonn a rassemblé les résultats de ses trente dernières années de recherche dans un ouvrage publié chez Classiques Garnier, en France, sous le titre Lectures nouvelles du roman algérien, essai d'autobiographie intellectuelle.
Le livre est autant une grande halte pour son auteur, qui remonte le chemin plein de sa carrière, qu'une offre documentaire généreuse aux jeunes chercheurs. «Le livre que je présente ici voudrait rendre compte de l'évolution de ma culture, d'une part pour me permettre à moi-même de faire le point, mais surtout pour proposer des repères théoriques aux étudiants de plus en plus nombreux travaillant sur les littératures de la décolonisation (…)», écrit Bonn, en introduction de son livre.
Une place de choix est faite à la notion de l'inattendu que provoque la littérature d'auteurs algériens depuis la toute première lecture que l'auteur a eue, en 1969, à sa prise de fonction comme enseignant à l'université de Constantine. Le baptême s'est fait avec Le Polygone étoilé, de Kateb Yacine, publié trois ans plus tôt. Et ce «fut déjà un inattendu de taille !»
Cette littérature, que la sphère de l'enseignement littéraire française ignorait, s'annonçait avec «une si haute exigence qualitative» qui surprenait jusqu'à «vexer» des lecteurs sous l'influence du «paternalisme tiers-mondiste». Charles Bonn ne cache pas avoir été vexé à la lecture du Polygone étoilé. Mieux, découvrir une telle exigence littéraire l'«ébouriffait». Il en témoigne : «Je le lus et fus ainsi saisi d'un fort sentiment d'étrangeté : je sentais confusément que c'était un grand texte, et en même temps je n'y comprenais rien ! Le professeur de français, sûr de lui que j'étais, en fut profondément vexé !
C'est inattendu de cette vexation qui devait décider de toute mon évolution de chercheur et d'enseignant !» Depuis, Charles Bonn s'est construit la réputation de critique de cette littérature maghrébine et le programme et le site Limag, qu'il a créés avec sa riche bibliographie numérisée sont venus confirmer un intéressement mû comme en un lien filial. «J'ai plusieurs fois été confronté à un discours d'exclusion : le critique étranger, français de surcroît, ne serait pas qualifié pour parler de littérature maghrébine. Ou bien, quoique moins excluant : le critique étranger aurait au moins nécessairement un autre regard sur ces textes que le critique maghrébin.
Si je ne nie pas qu'une familiarité avec le contexte civilisationnel de ces textes n'est parfois pas inutile pour une meilleure lecture, et induit probablement des modalités de lecture, affirmer que le critique étranger aurait nécessairement un autre regard que le critique ‘‘national'' relève, selon moi, d'un essentialisme que la montée des intolérances dans laquelle nous nous trouvons en ce début du XXIe siècle impose de dénoncer», confie-t-il. L'auteur se laisse à des confidences, comme celles qui nous apprend sa «relation quasi-filiale» avec Mohammed Dib et «inquiète» avec l'œuvre dibienne, qui à l'exemple de celle de Kateb, a «une importance centrale» dans la démarche de Charles Bonn.
«Nécessaire renouvellement»
Son livre fait place à des confidences, mais prend ses distances avec l'écriture de l'intime. Organisé en quatre parties, il est plutôt une réflexion sur «des questions de théorie littéraire» qui ne sont pas, d'ailleurs, sans transposition avec des faits politiques du Maghreb, à l'exemple de l'auto-immolation de Bouazizi, qui a déclenché la Révolution du Jasmin en Tunisie, une révolution que l'on n'attendait pas.
Le chercheur met en lien cet acte ultime déclencheur et la «fonction fondatrice du sacrifice et de la perte» en littérature. «Et c'est peut-être en cela que toute révolution est aussi quelque part, littérature : par son inattendu», suppose-t-il.
Comme ces révolutions, le roman algérien a surpris par des inattendus qui ont bousculé des horizons d'attente. Des inattendus imposés par la logique de la décolonisation. Bonn dit pouvoir s'«interroger, à la lumière de (sa) propre expérience de lecteur de la littérature algérienne, sur l'inattendu langagier que représenta pour (lui) la découverte de cette littérature, et mettre cet inattendu en rapport avec les attendus d'une critique souvent oublieuse de mémoire».
Nedjma, de Kateb Yacine, a contrarié l'esprit paternalisme de la critique et a été «une réponse inattendue à la question de l'efficacité politique de la littérature». Charles Bonn, qui s'intéressait à la notion de l'espace dans le roman maghrébin, a fini par élargir ses approches à la théorie post-coloniale, et à celle de post-modernité, donnant suite à la destruction du rapport hiérarchisé entre «centre et périphérie».
Cette actualisation a été un «nécessaire renouvellement» pour le chercheur qui dit avoir introduit dans sa «perception de la spatialité la dimension temporelle du rapport à l'Histoire, en soulignant, entre autres, le malentendu sur lequel s'est construite dans les premières années du roman algérien une revendication d'identité atemporelle, à travers la description d'espaces ruraux opposés à l'historicité meurtrière de la ville coloniale comme du système colonial dans son ensemble». Le rapport à l'histoire a convoqué le sujet de l'émigration avec son attachement à des «espaces symboliques».
«Rachid Boudjedra, Tahar Ben Jelloun et surtout Mohammed Dib sont en quelque sorte sommés par l'actualité de nous montrer le quotidien des immigrés, ils préfèrent se saisir de la marginalité de l'immigration pour représenter celle de l'écriture.» Dans l'espace narratif, multiple et identitaire, s'est exprimée l'errance avec ses écritures et ses significations.
«Mais cette errance, encore, ne trouve-t-elle pas, pour finir son expression la plus achevée dans la séduction (…) ?», s'interroge Charles Bonn pour qui il s'agit de «séduction surtout de l'écriture» et qui «permet aussi un rapport imprévu à l'histoire». Lectures nouvelles du roman algérien va sur les traces d'une littérature qui n'a pas fini de séduire et de faire son histoire.


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