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Milton Friedman, le testament ensanglanté
Publié dans El Watan le 20 - 11 - 2006

L'économiste américain Milton Friedman, chef de fil du néolibéralisme, est mort à 94 ans. Prix Nobel d'économie en 1976 pour ses travaux sur le contrôle de la masse monétaire et son influence décisive sur l'inflation, Friedman a été durant trente années la référence suprême en matière de défense de la vertu du libre marché dans la marche du monde.
Ce natif de Brooklyn en 1912 a commencé sa carrière universitaire l'année même de la mort de Keynes en 1946. Il a enseigné à l'université de Chicago, c'est pourquoi on parle d'Ecole de Chicago et de Chicago Boys pour désigner ses disciples. Milton Friedman a déclenché la contre-révolution anti-keynésienne dans les années 60 lorsque les recettes qui ont fait la postérité de l'économiste britannique ont commencé à s'essouffler à l'approche de la fin des trente glorieuses, les trois décades de croissance économique de l'après-guerre mondiale. Keynes a sauvé l'économie de marché en donnant une légitimité théorique aux politiques publiques de soutien à la demande pour réamorcer la pompe au creux des crises de surproduction. Friedman a fait le contraire. Il a travaillé à démontrer qu'une demande artificiellement enflée par la dépense budgétaire n'a un effet positif que de cours terme. A long terme, elle installe l'inflation, les déficits publics et les surcoûts sociaux. Elle joue contre l'investissement et l'activité. Friedman sera donc l'économiste de l'offre. C'est-à-dire du rétablissement du profit de l'entreprise au cœur des préoccupations des politiques. Milton Friedman est, de ce point de vue, un restaurateur du libéralisme du XIXe siècle : il faut selon lui lever toute entrave devant le libre marché, abandonner les politiques budgétaires, limiter la création de monnaie par l'Etat, diminuer les dépenses sociales de l'Etat providence, privatiser les entreprises publiques, déréglementer l'accès aux marchés et rendre flexible l'emploi et les salaires. Au dopage de la demande des ménages, il oppose finalement l'affûtage de l'offre des entreprises débarrassées de tout surpoids contraignant sur la marge opérationnelle. Tout comme John Maynard Keynes, il fait école au-delà des universités. Là où des gouvernements sociaux démocrates s'étaient emparées — Labour en Grande-Bretagne, SPD en Allemagne — de l'enseignement du premier dans les années 50 et 60, ce sont plus tard Nixon puis Reagan et Thatcher qui traduiront les vues du second dans les politiques économiques. Friedman travaillera d'ailleurs directement pour les deux présidents américains. C'est l'occasion pour lui d'armer politiquement son œuvre d'idéologue du libre marché entamée en 1962 par un livre provocant : « Capitalisme et Liberté ». On peut y lire notamment : « L'économie libre donne aux gens ce qu'ils veulent, et non pas ce que tel groupe particulier pense qu'ils devraient vouloir ; ce qui se cache derrière la plupart des arguments contre le marché libre, c'est le manque de foi dans la liberté elle-même ». Dictature des marchés boursiers, emprise de la publicité sur les consommateurs, guerre pour le contrôle des ressources pétrolières, légalisation de la torture en Amérique, impasses des politiques de déréglementation dans les pays pauvres, catastrophe environnementale planétaire : la critique du libre marché est redevenue en 2006 un principe de précaution dans la défense des libertés humaines. Milton Friedman n'est pas mort assez tôt pour éviter le spectacle de sa déchéance morale.

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