Propos sur l'immigration, souvent lié aux questions de sécurité. Sur ce thème, François Fillon est celui qui va le plus loin, en reliant la tranquillité publique au djihadisme, remettant le couvert sur la déchéance de nationalité. Il souhaite l'augmentation des places en prison (+16 000) et l'instauration de peines planchers en cas de récidive. Il voudrait aussi abaisser la majorité pénale à 16 ans. Il annonce une réforme à la baisse de l'aide médicale d'Etat, qui permet aux étrangers en situation irrégulière d'être soignés. Il envisage d'inscrire des quotas d'immigration dans la Constitution, ce qui serait un casse-tête juridique pour les experts constitutionalistes. Enfin, pour prétendre aux aides sociales, il faudra séjourner au moins deux ans en France. Une dissuasion, selon lui, pour les arrivées sur le sol français, y compris le regroupement familial. Enfin, pour les dossiers de demande d'asile, il veut réduire leur instruction à quatre mois. François Fillon souhaite, par ailleurs, une hausse du budget de la défense à 2% du PIB. Le candidat de la droite se rapproche sensiblement de la candidate du Front national, Marine Le Pen. Elle lie l'insécurité aux étrangers et propose l'expulsion de ceux-ci lorsqu'ils sont délinquants. La déchéance de nationalité est aussi à son programme, de même que la suppression de l'aide médicale d'Etat. Elle prône le rétablissement des frontières, ce qui engendrera des débats à n'en plus finir au niveau européen. Avec elle, il deviendra impossible de régulariser les sans-papiers, et les expulsions seront automatiques. Outre la suppression du droit du sol pour acquérir la nationalité française, Marine Le Pen souhaite instituer un quota d'immigration légale à 10 000 personnes par an. Alors que son parti a toujours clamé l'immigration zéro. C'est une évolution notable. Cependant, ce quota bloquerait le regroupement familial. Elle envisage enfin une hausse du budget de la défense jusqu'à 3% du PIB. Emmanuel Macron, du mouvement ‘‘En marche'', souhaite l'apprentissage du français obligatoire pour les candidats à la naturalisation, la réduction de l'instruction des dossiers de demande d'asile à six mois. Pour contrôler les arrivées de migrants clandestins, la création d'une force de 5000 gardes-frontières européens. Concernant la sécurité intérieure, il voudrait une police de sécurité quotidienne et la création de 15000 places de prison ainsi qu'une hausse du budget de la défense à 2% du PIB. Point sur lequel les principaux candidats sont d'accord, sauf Jean-Luc Mélenchon Discours tempéré du côté de la gauche Jean-Luc Mélenchon de ‘‘La France insoumise'' est le seul à parler de paix et de concorde internationale. Pour lui, il faut mettre en branle l'arrêt des guerres et des dérèglements climatiques, causes d'émigration. Il souhaite un service citoyen obligatoire et la sortie de l'état d'urgence (il est le seul à l'envisager), accompagné d'un renfort du renseignement. Sur le plan sécuritaire, il veut des peines alternatives à la prison et le retour de la police de proximité. Pour l'immigration, Mélenchon est favorable à un récépissé de contrôle d'identité et n'a pas peur de parler de peine de déchéance des droits civiques en lieu et place d'une déchéance de nationalité. Enfin, il envisage une simplification de l'accès à la nationalité française pour les étrangers légalement présents et une refonte de la politique européenne de contrôle des frontières, sans en dire plus. Le socialiste Benoît Hamon souhaite expérimenter le récépissé de contrôle d'identité pour faire face au contrôle au faciès. Sur l'immigration, il est celui qui va le plus loin en proposant le développement d'un visa humanitaire, la création d'un visa francophone pour les étudiants, chercheurs, chefs d'entreprise et artistes. Il souhaite aussi instaurer le droit de vote aux étrangers non européens pour les élections locales. Ce qu'aucun gouvernement n'a pu faire depuis 36 ans (arrivée au pouvoir de Mitterrand en mai 1981). La place manque ici pour dire le projet des «petits» candidats. Citons aux moins les deux trotskistes, même s'ils ont peu de chances de dépasser 1% des voix le 23 avril. Pour ‘‘Lutte ouvrière'', Natalie Artaud pense qu'il faut régulariser tous les sans-papiers et accueillir les migrants à bras ouverts. Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste) voudrait un droit de séjour simplifié pour les femmes victimes de violence, la fin du pillage des ressources qui favorise l'émigration et la liberté. Enfin, antimilitariste convaincu, il est pour l'arrêt des interventions militaires françaises à l'étranger et la dissolution de l'armée professionnelle.