La colère était hier à son paroxysme chez les clients de la compagnie de transport aérien Air Algérie en raison de la grève «surprise» des techniciens de la maintenance. Tous les vols domestiques ou internationaux prévus dans la matinée étaient reportés ou annulés, sans aucune explication en direction des voyageurs, qui attendaient, des heures durant, dans l'indifférence totale des responsables de la compagnie. Le programme des vols d'Air Algérie à partir d'Alger, prévu pour la journée d'hier, portait sur 29 vols à l'international et 39 vols intérieurs. Durant la matinée, des vols qui devaient décoller à partir de l'aéroport international d'Alger vers Montréal, Paris, Marseille, Barcelone, Madrid, Tunis et Casablanca ont été bloqués. «Six vols à l'international d'Air Algérie en partance d'Alger ont été bloqués hier matin», a indiqué à l'APS la directrice de la communication auprès d'Air Algérie, Mme Bartouche. Par contre, le vol Constantine-Marseille et celui d'Oran-Alger ont pu être effectués hier matin, selon la même responsable. Des voyageurs à destination de Montréal (Canada) attendant depuis la matinée étaient maintenus dans la file d'attente durant plusieurs heures, alors que le tableau d'affichage indiquait un report. Les heures d'attente devant les guichets sans aucune explication ont fait sortir certains clients de leurs gonds. «Qu'est-ce qui se passe ?» «Qu'allons-nous devenir ?» «Que doit-on faire ?» sont les questions des voyageurs sans réponses. Le Syndicat national des techniciens de la maintenance d'Air Algérie (SNTMA) a entamé une grève, sans avis préalable, pour des revendications socioprofessionnelles. Des voyageurs interrogés au niveau de l'aéroport international d'Alger ont exprimé leur colère face «au manque de professionnalisme des services concernés d'Air Algérie». «Nous ne sommes pas traités en tant que clients d'une compagnie aérienne. Je suis censé prendre le vol de la matinée vers Montréal, et là j'attends depuis 3 heures qu'on m'explique ce que je dois faire. Dois-je attendre ou rebrousser chemin ? La compagnie n'a pas daigné designer un agent pour nous expliquer ce qui se passe. C'est décevant», fulmine un homme, la cinquantaine, qui attend l'annonce du vol Alger- Montréal. Dans un des halls de cet aéroport, débordant de voyageurs, désorientés, renvoyés bredouilles des guichets de renseignements, une femme a rompu le silence. Avec une voix teintée de colère, elle exprime sa déception du traitement infligé aux clients d'Air Algérie. «Y a-t-il des négociations avec les grévistes ?» s'interroge-t-elle, avant de demander, tantôt menaçante, tantôt suppliante, aux différents photographes de presse présents de ne pas la prendre en photo. Reprise des vols en début d'après-midi D'autres voyageurs, moins expressifs, ne manquent pourtant pas de faire des comparaisons entre les services d'Air Algérie et ceux des compagnies étrangères qui «montrent plus de respect envers les clients». Les revendications socioprofessionnelles des techniciens de maintenance (mécaniciens) de la compagnie portent, selon Ahmed Boutoumi, contacté hier par El Watan, sur le reclassement du personnel technique par «la hiérarchisation des postes du personnel de la maintenance telle que définie par la nouvelle convention collective». Selon le syndicaliste, le classement actuel des 750 mécaniciens de la compagnie se positionne en dernière catégorie, après les stewards et hôtesses de l'air, classés en 2e catégorie, et les pilotes, en première catégorie. C'est en début d'après-midi que le syndicat a annoncé la suspension du débrayage suite aux négociations engagées entre lui et la direction générale de la compagnie. Selon M. Boutoumi, «une commission ad-hoc, constituée de la Sntma et de responsables d'Air Algérie, va être installée pour étudier toutes les propositions relatives aux revendications des techniciens de la maintenance». Le directeur général par intérim d'Air Algérie, Bakhouche Alleche, a proposé, lors de ces négociations, un délai d'une année avant de prendre une décision à propos de ces doléances, et ce, étant donné la situation financière difficile de cette compagnie. «La proposition de M. Alleche sera portée à la connaissance des travailleurs de la maintenance et nous étudierons la suite à donner au mouvement de protestation», explique par ailleurs M. Boutoumi.