Annaba prépare activement la Journée mondiale du sida. La mobilisation est générale au niveau de l'association de lutte contre le sida Aniss. Tout est préparé pour faire en sorte que cette journée coïncide avec la redynamisation des moyens de sensibilisation sur cette maladie mortelle et face à laquelle la science reste encore impuissante. En Algérie, les deux tiers des 1908 Algériens déclarés séropositifs depuis la découverte du premier cas en 1985 sont décédés. Depuis, 700 autres cas ont été enregistrés durant la même période avec le même taux de décès. Alors que l'Organisation mondiale de la santé fait état de 30 000 séropositifs en Algérie, l'équivalent de 0,1% de la population au lendemain de la découverte du premier cas, le ministère de la Santé avance un taux de 0,7%. « Ce chiffre ne reflète pas la réalité. Un cas de sida peut entraîner au minimum 10 cas de séropositivité », estiment les spécialistes. Selon les membres de l'association Aniss, 40% des personnes atteintes sont des femmes. Particulièrement des jeunes qui forment les 50% des nouveaux infectés dans une tranche d'âge de 15 et 25 ans. Les mêmes sources avancent que dans le lot des séropositifs, 57% sont mariés et 54% sont sans profession. Le tabou qui caractérise le comportement social des Algériens est pour beaucoup dans l'évolution de la maladie et la propagation du virus. Pour Aniss, le développement du commerce du sexe, le multipartenariat, la concentration carcérale, le phénomène migratoire et la mobilité sont les facteurs courants à l'origine de cette situation. Les femmes, les adolescents, les jeunes, les prostitués et le monde carcéral forment le plus long cortège des populations à risques. Les facteurs de risque Celles pauvres ou immigrantes, les toxicomanes, notamment les adeptes de la drogue par voie intraveineuse (IDVI), figurent dans la liste des facteurs de risque. Selon les spécialistes, en Algérie, on estime qu'un cas sur deux de sida provient du sud de Tamanrasset. « Il est plus que jamais urgent de tirer la sonnette d'alarme. Cette terrible maladie a pris de l'ampleur ces dernières années. Ses répercussions sanitaires et sociales sont ruineuses. La prise en charge d'un patient coûte à l'Etat 10 000 DA/jour pour un traitement à vie qu'est la trithérapie », souligne le docteur Ramzi Aouissi, secrétaire général de l'association Aniss. Pour les membres de cette association, la situation dans notre pays prête à l'inquiétude. La position de l'Algérie aux portes de la Méditerranée et de l'Afrique subsaharienne n'arrange pas les choses. Nos interlocuteurs avancent 40 millions de personnes atteintes du sida dans le monde, dont 27 millions sont originaires de l'Afrique subsaharienne. Pour tenter de lutter efficacement contre ce fléau, les pouvoirs publics algériens envisagent la mise en place d'un centre de dépistage par wilaya, multiplier les actions de sensibilisation sur le dépistage volontaire et anonyme, accentuer la formation des psychologues spécialisés pour les équipements spécifiques au suivi biologique de détection du taux de CD4 et de charge virale. En Algérie, sur les 7 centres de référence de prise en charge des malades (CDR), seuls ceux d'Alger et le 3e à Oran sont dotés de ce type d'équipements. Pour le secrétaire général de Aniss, l'aberration vient du fait que les régions les plus touchées par le virus, les centres de Annaba, Constantine, Sétif et surtout Tamanrasset, n'en disposent pas. Tout en insistant sur le fait d'éviter toute rupture de stock en traitement antirétroviral comme en 2004, Aniss souligne la nécessité de multiplier les campagnes de sensibilisation et celles portant distribution des préservatifs à travers les lieux à risques. Pour 2006, 3 millions de préservatifs ont été attribués à l'Algérie dans le cadre des financements du Fonds mondial (Global Fund) de lutte contre le sida.
