Les jours passent sans apporter de réels changements aux Palestiniens. Les agressions israéliennes contre leurs territoires se succèdent sans relâche, tandis qu'ils n'arrivent pas à trouver de solutions à leurs querelles politiques internes. Durant les dernières 48 heures, l'armée israélienne, qui opère depuis mercredi dans le nord de la bande de Ghaza, à Beït Lahia, Beït Hanoune, Jabalia, la cité Al Nada, la cité Cheikh Zayed et les emplacements des anciennes colonies, a tué 7 Palestiniens et blessé des dizaines d'autres. Deux bataillons d'infanterie et de blindés participent à cette nouvelle incursion de plus de 3 km. Le but déclaré de cette nouvelle opération est d'éloigner de ces secteurs les groupes palestiniens armés qui tirent des roquettes de fabrication locale, Qassam et autres, en direction du territoire israélien proche, surtout sur la petite ville de Sderot dans laquelle réside Amir Peretz, ministre de la Défense. Ces roquettes avaient provoqué la mort de deux Israéliens la semaine écoulée. Elles continuent à pleuvoir sur cette ville israélienne de 24 000 habitants, malgré la présence intensifiée des militaires israéliens dans le nord de la bande de Ghaza. Le cabinet de sécurité israélien avait donné son feu vert mercredi à des opérations militaires ainsi qu'à des liquidations ciblées pour tenter de mettre fin aux tirs de roquettes, tout en écartant pour le moment une opération d'envergure dans la bande de Ghaza. La décision du cabinet a été prise après la mort d'un deuxième israélien en l'espace d'une semaine à Sderot où la vie des citoyens s'est transformée en un véritable cauchemar. Sept de ces roquettes ont été tirées jeudi vers le sud d'Israël. L'une d'elles a explosé près de Sderot, forçant le ministre de la Défense, Amir Peretz, qui était présent dans le secteur, à courir se mettre à l'abri, selon des images de la télévision publique israélienne. Devant l'incapacité de l'armée israélienne de mettre un terme à ces tirs, beaucoup de citoyens de Sderot ont dû quitter la ville de peur de mourir. La presse israélienne est pleine de témoignages d'habitants de cette ville, furieux contre leur armée et leur gouvernement à cause de leur incapacité d'arrêter les tirs de roquettes qui se sont poursuivis durant les années de l'Intifadha déclenchée en l'an 2000. Les résistants palestiniens ont, par ailleurs, essayé de s'opposer aux chars et aux blindés israéliens par des roquettes anti-chars et des charges explosives, réussissant à blesser 4 soldats israéliens. Mais l'opération suicide, commise, jeudi par une grand-mère palestinienne contre des soldats de l'armée présents dans le secteur de Jabalia, a été l'acte le plus spectaculaire. Fatima Al Najar, mère de 9 enfants et grand-mère de 41 petits-enfants, s'est faite exploser et a blessé 3 des soldats israéliens qui participent à l'incursion. « Les Brigades Ezzedine Al Qassam revendiquent l'opération de martyre menée par Fatima Omar Mahmoud Al Najar, âgée de 57 ans, au milieu d'un groupe de soldats sionistes faisant de nombreux blessés et tués », a affirmé la branche armée du Hamas dans un communiqué. Fatima est le plus vieux kamikaze palestinien de cette Intifadha. « Les soldats ont vu une femme suspecte s'approcher et constaté qu'elle portait une charge explosive. Ils ont lancé une grenade assourdissante en sa direction, mais elle a réussi à se faire exploser », a affirmé une porte-parole militaire israélienne. Dans sa maison, à Jabalia où se sont rendus des dizaines de citoyens, il y avait une atmosphère triste, mais les membres de sa famille paraissaient en même temps fiers de leur maman et grand-maman. « Ma mère n'est pas une fanatique. Elle s'est sacrifiée pour Dieu et pour la patrie. Depuis le massacre de Beït Hanoune, elle était décidée à faire quelque chose. Je suis fier d'elle », nous a déclaré son fils Fouad âgé de 30 ans entouré de voisins et d'amis. Par ailleurs, des responsables des principaux mouvements palestiniens, réunis dans la soirée de jeudi à Ghaza, ont proposé à Israël d'arrêter les tirs de roquettes sur le territoire de l'Etat hebreu en échange de la fin des agressions israéliennes contre la bande de Ghaza et la Cisjordanie. Khader Habib, dirigeant du Djihad islamique, a annoncé que ces groupes, parmi lesquels le Hamas, au pouvoir depuis janvier dernier, et le Fatah du président Mahmoud Abbas, étaient tombés d'accord sur cette proposition lors d'une rencontre avec le Premier ministre Ismaïl Haniyeh. « Pour le bien de l'intérêt national palestinien (...) s'est dégagée une position en faveur d'un retour au calme par l'arrêt des tirs de roquettes (sur Israël) en échange de la fin de l'agression contre notre peuple à Ghaza et en Cisjordanie », a déclaré Habib. Il a ajouté que cette décision ne prendrait effet qu'après la fin des opérations israéliennes. Israël a répondu négativement. L'Etat hébreu exige des mouvements palestiniens une reddition totale. Ils doivent, selon lui, mettre un terme à toute forme de résistance armée et se démunir de leurs armes. Quant à la formation d'un gouvernement palestinien d'union nationale, le statu quo persiste. De gros différends entre le Hamas et le Fatah empêchent la conclusion d'un accord final. Alors que le Fatah exige que des ministères tels que les Finances et l'Intérieur doivent être dirigés par des indépendants, le Hamas fort d'une large majorité au conseil législatif ne veut pas s'en séparer. Le Fatah craint que la présence à ces postes de ministres hamsaouis ne mettra pas un terme à l'embargo international imposé aux Palestiniens depuis la formation du gouvernement par le Hamas en mars dernier, alors que la priorité du prochain gouvernement est justement de casser cet embargo. Malgré cela, les responsables des deux camps affirment que les négociations se poursuivent, ce qui laisse une lueur d'espoir quant à la conclusion d'un accord.
