Une septuagénaire a trouvé la mort et une femme a accouché à l'intérieur d'une ambulance sur la RN12, bloquée pendant plusieurs heures par les protestataires. Les usagers de la RN12, reliant Tizi Ouzou à Alger, ont vécu, jeudi, une journée infernale. Et pour cause, ce tronçon routier a été bloqué par des citoyens à Tadmaït, à 20 kilomètres à l'ouest du chef-lieu de wilaya. Ce sont les habitants de la Carrière, une cité d'habitations précaires, qui ont fermé la voie publique pour exiger leur relogement. Les protestataires ont bloqué la route à l'aide de blocs de pierres, de troncs d'arbres, ainsi que de pneus enflammés pour empêcher le passage de tout véhicule. Ils ont ainsi planté leur «décor» vers midi, provoquant un embouteillage monstre sur la RN12. «Je suis resté, tout comme des milliers d'autres citoyens, cinq heures sur cette route coupée, sous une chaleur torride. C'est vraiment insupportable», déplore un citoyen pris dans l'embouteillage. «C'est toujours le citoyen qui pénalise le citoyen devant l'impuissance de l'Etat à intervenir pour rétablir l'ordre public. Durant plus de cinq heures, aucune intervention des services concernés. Où est l'autorité ?» s'interroge-t-il. «Ce n'est pas la première fois que j'assiste à ce genre de situation, mais cette fois-ci c'est intenable, car il s'agit d'une véritable prise d'otage. Si les responsables ont failli dans leur mission, c'est toujours le citoyen lambda qui paye les pots cassés. C'est devenu malheureusement une tradition. Quand on veut demander ses droits, on doit pénaliser les autres. Pourquoi ces protestataires n'ont pas pensé à fermer le siège de la wilaya pour se faire entendre sans pour autant susciter tout ce désagrément à des milliers de citoyens ?» fulmine un autre automobiliste, qui ajoute que les conséquences de ce blocage sont malheureusement dramatiques. Une vieille femme, âgée de 76 ans, a trouvé la mort sur cette route obstruée par les manifestants. Selon notre interlocuteur, la victime est décédée à l'intérieur du véhicule qui la transportait vers le CHU de Tizi Ouzou, où elle devait effectuer une séance d'hémodialyse. Plusieurs personnes retenues sur le même tronçon nous ont fait part de leur calvaire. «C'est inadmissible», nous a confié un automobiliste qui a dû faire un détour par Boumerdès pour rentrer chez lui, à Ouaguenoun. «Il y a une femme qui a accouché à l'intérieur d'une ambulance. J'ai vu des personnes âgées descendues des bus, bloquées pendant plusieurs heures, pour continuer à pied sous un soleil de plomb. Des images vraiment indescriptibles», raconte un citoyen qui est, nous a-t-il dit, arrivé à la maison à 22h. «Les protestataires qui ont bloqué des milliers de personnes sur la route doivent faire subir cela aux responsables qui ont failli à leur mission. Ce n'est pas la meilleure manière pour revendiquer ses droits. Ce sont toujours les simples citoyens qui se retrouvent lésés par ce genre d'actions. Les responsables, eux aussi, au lieu de venir débloquer la situation, ont préféré ignorer l'action des protestataires et laisser les usagers de la route livrés à eux-mêmes. On est habitués à cette attitude. La semaine prochaine, on entendra parler d'un ministre dépêché pour ramener les condoléances du gouvernement à la famille de la vieille décédée, au lieu d'agir avant qu'il ne soit trop tard», martèle un père de famille qui a pris le train pour éviter l'embouteillage, mais en vain. «Il y a ma fille qui m'a appelé pour m'informer de la fermeture de la route en me suggérant de prendre le train. Mais, j'ai vécu le même calvaire que ceux qui ont pris le bus car, même la voie ferrée a été obstruée par les manifestants à Tadmaït», a-t-il ajouté.