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Ce film est un hommage aux anciens détenus du camp Boghari
Nasredine Guenifi. Réalisateur et scénariste de Nous n'étions pas des héros
Publié dans El Watan le 20 - 10 - 2017

- Pourquoi avoir choisi d'adapter Le Camp d'Abdelhamid Benzine pour votre premier film long métrage ?
J'ai découvert Le Camp d'Abdelhamid Benzine pendant les années 1970. Sa lecture m'avait complètement bouleversé et j'ai pensé qu'il pouvait faire l'objet d'un film. Au début de la décennie 1980, le ministère de la Culture avait lancé un appel à projet cinématographique pour la commémoration du 20e anniversaire de l'indépendance. J'ai immédiatement pensé à Benzine et à son livre, mais je ne savais pas où il se trouvait ? Il était l'un des dirigeants du Parti de l'avant-garde socialiste (PAGS), et par conséquent il vivait dans la clandestinité.
- Avez-vous réussi à le rencontrer ?
Oui. Ayant été moi-même un jeune militant de ce parti, j'ai réussi à entrer en contact avec lui grâce à l'aide du camarade Bouhamidi. Benzine a demandé à me voir pour lui exposer mon projet. Après plusieurs semaines d'attente, il me fixe un rendez-vous chez lui à Bab El Oued. C'était vers la fin de 1981. J'ai été accueilli par un homme d'une grande modestie et d'une grande culture. Etant pour lui un parfait inconnu sur le plan cinéma, il m'avait reçu comme si j'étais un réalisateur chevronné.
Au cours des rencontres qui ont suivi, il s'est montré très attentif à mes nombreuses questions et nous avions tracé, ensemble, un plan de scénario. Benzine m'a raconté d'autres anecdotes, mais il ne se rappelait pas de tout. Ce qui l'avait le plus marqué, c'était l'assassinat de son copain et codétenu, Senouci Maâmar, qu'on retrouve, d'ailleurs, dans le film. Malheureusement, les troubles politiques de cette décennie (1980-1990) nous ont empêchés de poursuivre notre projet. Entre-temps, Abdelhamid Benzine, malade, est décédé et j'ai complètement dû arrêter le projet.
- Comment l'avez-vous repris, si vous dites que vous l'avez arrêté ?
C'est en 2011 que j'ai repris la rédaction du scénario suite à l'appel à projet de films lancé par le ministère de la Culture pour la célébration du 50e anniversaire de l'indépendance. Pour ce faire, j'ai recherché les anciens codétenus de Benzine, ses amis et sa famille. Grâce à eux, j'ai pu réunir des informations et des détails historiques qui m'ont permis d'alimenter le scénario.
Le Camp est un récit rédigé dans l'urgence et dans le plus grand secret. Il était, donc, forcément lacunaire et non linéaire, rendant la compréhension du déroulement des faits un peu ardue. Son adaptation exige que les faits rapportés doivent l'être selon une chronologie cohérente.
Dans son récit, Benzine ne dit pas tout sur lui-même ni sur ses codétenus pour des raisons de sécurité évidentes ; ce qui n'était pas le cas des faits et gestes des soldats français qui étaient, eux, suffisamment détaillés. Ces lacunes volontaires, je devais les combler pour rédiger une description complète et cohérente des conditions de détention dans ce camp.
Il m'a fallu trier, comprimer, amalgamer et sacrifier. De ce fait, ses anciens compagnons ont été mis à contribution pour combler ces lacunes. Les témoignages étaient partiels. C'était à cause de l'âge pour certains, mais pas que. Je pense que les autres ne voulaient pas forcément s'en souvenir. Il m'a fallu, donc, imaginer des dialogues là où ils sont absents dans le livre et adapter ceux qui y sont rapportés.
- Parlez-nous un peu du scénario…
Adapter au cinéma des faits et des personnages ayant existé obéit à un principe dramaturgique universellement connu. Dans un film de fiction, on ne peut pas reconstituer fidèlement et intégralement les faits tels qu'ils se sont déroulés dans la réalité. Mais l'auteur de cette fiction a le devoir de respecter l'intégrité morale de l'œuvre écrite et l'esprit de son auteur.
Autrement dit, adapter au cinéma cette œuvre est une autre façon de la raconter. Réalisé sous la forme d'une fiction cinématographique, ce film permet de mieux rendre compte des atrocités commises par les légionnaires dans ce camp de Boghari, à Médéa, et des souffrances morales et physiques endurées par les prisonniers et leur résistance inouïe. C'est un style assez proche d'un documentaire fiction.
Cependant, les actes les plus cruels et les plus humiliants ne sont pas reconstitués mais suggérés afin de ne pas trop heurter la sensibilité du public. Benzine est le narrateur off et sert de fil conducteur pour la simple raison que l'histoire du camp est racontée à partir de son point de vue. Mais il n'en est pas le «héros» au sens hollywoodien. Tous les détenus le sont chacun à sa manière. C'est une sorte d'héroïsme collectif.
- Vous avez débuté le tournage en 2013 et fini en 2016. Pourquoi avoir pris tout ce temps pour le sortir enfin en 2017 ?
Entre l'acceptation et le financement, il y a eu plusieurs semaines écoulées. A l'époque, il n'y avait pas d'organisme de production de l'Etat, car ils ont été tous liquidés par Ouyahia. Et que fait l'ancienne ministre de la Culture, Khalida Toumi ? Elle confie la gestion du budget du 50e anniversaire de l'indépendance à l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), alors qu'elle n'avait pour tâche que de faire la promotion culturelle. Autrement dit, l'AARC s'était égarée quand elle avait pris la production de mon film.
Puis, je suis passé par quelques soucis de production et de préparation. Mon film a connu trois arrêts pour des raisons indépendantes de ma volonté et que je raconterai peut-être une prochaine fois. Pour l'exemple, nous avons dû arrêter le tournage parce qu'il y avait le Ramadhan et nous n'avons repris qu'après trois mois à cause de problèmes de factures entre le producteur et l'AARC.
C'était fatigant. J'avoue que l'idée d'arrêter le film m'avait traversé l'esprit à plusieurs reprises. Entre-temps, une tempête avait détruit le décor. Mes comédiens se sont engagés dans d'autres films. C'était un peu compliqué. On a dû combiner pour réunir tout le monde. Mais le plus important est que nous l'avons enfin terminé (sourire) et qu'il est prêt, aujourd'hui, pour être diffusé au grand public.
- Vous êtes connu pour votre rigueur et vous avez tenu, malgré tout, à finir ce film. Quelle était la motivation ?
Je suis rigoureux avec moi-même et avec toute mon équipe. Pour l'engagement, il y a d'abord le mien que j'ai tenu à honorer et puis la promesse que j'avais faite à Benzine avant son décès. Je lui avais promis de sortir ce film. J'ai une grande admiration pour sa personne. Il était militant et il a beaucoup souffert. C'était un intellectuel et un maquisard très cultivé et intelligent. On s'était perdu de vue notamment durant la décennie noire.
Je l'ai rencontré, par hasard, une fois à Saint-Denis, en France. Il était de passage pour des soins. La maladie commençait à le ronger. On a pris un café ensemble et il a demandé à savoir où j'en étais avec le projet. A ce moment, j'avoue que je n'avais aucune idée de ce que je devais faire. La nouvelle génération reste globalement dans l'ignorance des terribles souffrances endurées par le peuple sous la barbarie coloniale.
Ce film a pour ambition de contribuer, sans manichéisme ni discours moralisateur, à une meilleure connaissance de ce pan méconnu. Enfin, par devoir de mémoire envers nos martyrs et pour rendre un hommage mérité aux anciens détenus du camp Morand (Boghari) encore en vie et à travers eux à tous les anciens détenus qui ont souffert dans les autres camps et prisons du colonisateur.


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