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Palmarès éloquent
Suite et fin . Le cinemed de Montpellier
Publié dans El Watan le 04 - 11 - 2017

Tout d'abord, ces deux moments de grâce à deux jours de la fin du festival avec la projection des copies restaurées du film mythique Les vacances de l'Inspecteur Tahar (Moussa Haddad, 1973) et de l'excellent Leïla et les autres (Sid-Ali Mazif, 1977).
Ces nouvelles copies ont redonné aux deux films une jeunesse insoupçonnée et l'on a l'impression qu'ils n'ont pas pris une ride pour leur pertinence et leur modernité. Le public, surtout français, a été surpris par leur qualité et par leur bande musicale composée par l'immense Ahmed Malek (1931-2008).
La présence du cinéma algérien au Cinemed de Montpellier cette année a suscité une curiosité sans commune mesure. La rétrospective Merzak Allouache a été un des moments forts, surtout avec son nouveau film «Enquête au paradis», projet en voie d'achèvement dont le festival a eu la primauté. L'autre évènement attendu et qui a fait salle comble c'est la table-ronde organisée autour de ce que certains appellent «la jeune garde du cinéma algérien». Ainsi, on a pu voir huit réalisateurs et une productrice parler de leur travail : Lyès Salem, Karim Moussaoui, Sofia Djama, Mohamed Yargui, Adila Bendimered, Damien Ounouri, Hassen Ferhani et Mohamed Kerkar ainsi que la productrice Nadia Talbi.
D'emblée, les participants ont évacué le problème des moyens, leitmotiv qui plombe tous les débats sur le cinéma algérien par sa récurrence et son inutilité. Il est toujours difficile de monter un film, de le produire et surtout de le diffuser sous n'importe quelle latitude. Pour revenir à cette génération, elle se caractérise par une complicité mutuelle et des parcours similaires. Quasiment tous sont passés par des ciné-clubs comme celui de Chrysalide d'Alger. Autre point commun, leur «solidarité croisée», apparente dans la participation des uns aux projets des autres. Il suffit de lire les génériques pour s'en rendre compte. Bien sûr, chacun d'eux a ses propres préoccupations thématiques et esthétiques.
Ainsi, Karim Moussaoui qui vient de réaliser l'excellent En attendant les hirondelles. Son film montre une forme d'impuissance des personnages à faire des choix et à être libre. Ils ont quelque chose de kierkegaardien par les hésitations que le philosophe danois exprime ainsi : «Le moment crucial du choix de vie comportera toujours des regrets quelque soit la direction que l'on prend.» Leurs incertitudes et leurs petits arrangements avec le quotidien et les autres se double d'un enlisement dans un individualisme maladif, incarné surtout par Mourad, promoteur immobilier qui ne pense qu'à faire du profit et satisfaire son ego.
Le cinéma de Moussaoui interroge la mémoire et les ruptures générationnelles, mais aussi le renoncement d'une certaine jeunesse désenchantée lié aux nouvelles conditions sociales et au fardeau qu'on veut lui faire endosser.
De son côté, Sofia Djama scrute, dans un milieu social aisé, le vécu de la jeunesse et la question des droits de la femme, avec des incursions dans le conflit de générations et le problème de la transmission. Quant à Hassan Ferhani, à travers son choix documentaire, propose un cinéma ontologique à partir des Abattoirs d'Alger. Il focalise sur la complexité de l'âme algérienne qui, comme toutes les âmes humaines, est ballotée entre ses rêves, ses renoncements et ses indignations.
Mohamed Yargui, qui vit et travaille à Béjaïa, évoque les problématiques sociales en les disant en tamazight, langue qui se réhabilite par le biais du cinéma. De son côté, Amina Haddad qui a produit des films en tamazight, a parlé de l'implication des partenaires venant du privé pour aider à promouvoir le cinéma. Ainsi en Algérie, le partenariat qui relève des institutions étatiques touche aussi le privé.
Pour rester dans le domaine de la production, Sofia Djama a tenu à préciser lors de la présentation de son film «Les bienheureux» qu'elle a été surprise par les aides qu'elle a reçue de la part de sociétés nationales comme l'Etusa (ex-RSTA) en mettant des bus de façon gracieuse à la disposition de l'équipe de tournage, la SNTF, la Commune d'Alger-centre et l'hôtel Aurassi qui, selon elle, veulent œuvrer au rayonnement culturel de l'Algérie. Lyes Salem qui se considère comme le médiateur entre la génération des pionniers et cette relève, reste fidèle à la comédie et aux fresques historiques. Mohamed Kerkar pose sa caméra de documentariste pour raconter les lieux insolites et chargés d'histoire.
Enfin le duo Adila Bendimered et Damien Ounouri ont annoncé la couleur dès le départ avec l'excellent «Kindil el Bahr» en allant vers fantastique. Ils parlent aussi de leur désir d'aller vers le baroque. On sent une proximité entre ce mouvement littéraire du 17e siècle et leur cinéma. Le baroque peut se décliner de quatre manières différentes : l'instabilité des formes en constante évolution, puis la mobilité de l'œuvre qui conduit le spectateur à de multiples points de vue, ensuite une métamorphose et enfin la domination du décor et tout cela On retrouve tout cela réuni dans le scénario de leur prochain film, «La dernière reine», projet présenté au Cinemed pour venir dans le cadre des bourses d'aide du festival.
Le jury a distingué ce scénario en lui attribuant le prix du CNC, doté de 8000 euros et une deuxième aide de 5000 euros à la post-production pour «son audace, sa flamboyance et sa cohérence, qui nous fait découvrir une héroïne d'un pan de l'histoire algérienne méconnue» car son action se déroule dans l'Alger de l'époque ottomane.
Le cinéma algérien qui a enchanté les cinéphiles par sa diversité et ses différentes propositions esthétiques n'est pas reparti de Montpellier les mains vides. Le film de Sofia Djama a obtenu la mention spéciale du jury de l'Antigone d'Or puis Le Prix des étudiants des universités de Montpellier décerné à une première œuvre.
«Les Bienheureux» a emballé les cinéphiles par sa fraîcheur mais aussi par les questions qu'il pose sur la société et les années noires en Algérie. L'acuité de son regard peut déranger certaines âmes bien pensantes qui n'admettent pas le débat. Nous l'avons vu lors des discussions avec certains étudiants et journalistes algériens venus en stage de formation à l'Ecole supérieure de journalisme de Montpellier. Mais comme toute œuvre artistique, le point de vue de l'auteur ou du cinéaste reste inscrit dans «l'horizon des possibles» dont parle le philosophe Merleau-Ponty. A savoir que la réalité algérienne est riche par sa diversité, non figée et au contraire mouvante, chacun la découvrant et la découpant à sa manière. Le film de Sofia Djama ne laisse pas indifférent et c'est aussi ce que l'on attend d'une œuvre.
Le cinéma palestinien a obtenu deux distinctions dans les longs métrages. Wajib de Annemarie Jacir a reçu le Prix du jeune public et Holy air de Shady Srour, celui de la meilleure musique. Pour les courts métrages, le grand prix est revenu à Vilaine fille du Turc Ayce Kartal. Le prix du public dans cette catégorie est allé au film Retour à Genoa city du Français Benoit Grimal. Pour les documentaires, le prix Ulysse a été décerné au Palestinien Mohaned Yacoubi pour La révolution jusqu'à la victoire.
Le festival a donné à voir de belles œuvres, comme le film des maghrébins Nabyl Ayouch et Mariam Touzani, Razzia, qui a fait l'ouverture de la manifestation. Ce long métrage suit des personnages sur trente ans et nous donne à voir trois figures de femmes majestueuses et leur lutte au Maroc pour la démocratie et la liberté. Le cinéma tunisien, un peu effacé lors de cette édition, a sauvé la face grâce au court métrage de Khedija Lemkachar avec son film Bolbol qui nous plonge dans l'univers d'une pique-assiette très astucieuse. Ce film est une radioscopie de la Tunisie postrévolutionnaire.
Au rayon des belles rencontres avec la presse, les échanges avec le réalisateur marocain Faouzi Bensaïdi, également professeur de cinéma, ont été beaucoup appréciés. Le final-cut du festival est inéluctable mais tout le monde se projette déjà dans la prochaine édition, la quarantième, qui s'annonce grandiose.


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