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La démocratie par le trou de la serrure
Vu à la télé
Publié dans El Watan le 30 - 11 - 2017

Pour le ministre de l'Intérieur, la victoire aux élections locales des deux représentants du régime, qui ont raflé la majorité des communes, est une «fête démocratique». Il parle comme si on avait affaire à un vrai challenge électoral, avec ses projections mesurables et son suspense qui fait la force d'une compétition transparente, alors que la pratique de la fraude a été, encore une fois, l'élément central dans la conclusion statistique, soulevée et reconnue comme marque de fabrique de tous nos scrutins.
Quand c'est le Premier ministre en personne qui l'évoque, même en la qualifiant par un doux euphémisme de «dépassement», pour dénoncer les abus dont a été victime son parti, il ne saurait y avoir de doute sur ce phénomène de triche, qui, dans sa dispersion incontrôlable parfois, n'épargne même pas ses propres concepteurs et dont le pouvoir, finalement, ne peut se passer pour continuer d'exister en l'état.
C'est d'ailleurs pour être plus près de cette vérité que Bedoui s'est permis d'extérioriser sa pensée (et sa grande joie, il va sans dire) comme s'il s'agissait d'une véritable délivrance à l'annonce des scores qui ont surtout touché les taux de participation. Car c'est à ce niveau, et seulement à ce niveau, que le régime engage notamment sa «crédibilité» pour se persuader qu'il entretient, malgré toutes les critiques qui sont formulées contre lui, une forme de légitimité populaire inébranlable vis-à-vis de la société. Vous pensez bien qu'avec les pourcentages aussi inespérés (45% en moyenne) qui ont marqué les résultats de la participation, le ministre de l'Intérieur, sur lequel reposaient tous les espoirs d'un «redressement» salutaire de la courbe après le cuisant revers des législatives, ne pouvait que se sentir soulagé d'avoir réussi son examen. Et on comprend son immense soulagement alors qu'il était attendu de pied ferme par son propre camp au moindre dérapage. Mais de là à pousser le bouchon jusqu'à transformer une tartuferie électorale en fête démocratique, il y a un pas que même les soutiens les plus acharnés du régime n'oseraient franchir. D'aucuns estiment donc que chez le ministre c'est l'émotion — comprendre la peur de perdre un pari aussi insensé — qui a pris le pas sur la raison.
D'abord, comme tout Algérien qui connaît sur le bout des doigts le fonctionnement underground de nos élections (tous calibres), le représentant du gouvernement ne doit surtout pas feindre d'ignorer que les taux recensés au final ne reflètent pratiquement jamais la réalité. Pour ces locales, sur lesquelles le pouvoir a beaucoup misé pour se refaire une santé populiste, la règle de la fraude ne pouvait rester inopérante. Les chiffres, selon les experts qui travaillent sur ce genre de concurrence, même s'ils ne disposent pas de toutes les données mathématiques pour appuyer leurs argumentations, auraient ainsi été soumis forcément au système du dopage progressif pour ne pas trop s'éloigner d'une certaine limite d'acceptation. Ces experts partent du principe qu'il serait presque impossible de faire admettre une courbe ascendante aussi vertigineuse en un laps de temps, alors qu'au départ elle avait du mal à s'implanter. Pour eux, entre les six pour cent enregistrés aux environs de 11h-11h30 et les 46% qui ont terminé la course aux environs de 19h, il y a un passage incontournable par le bourrage des urnes.
Ce constat, ensuite, peut être difficilement remis en cause au regard des multiples scènes de fraude caractérisée dénoncées un peu partout à travers le pays et qui démontrent, encore une fois, que les élections à l'algérienne ne sont jamais fiables. Le ministre de l'Intérieur a certes voulu minimiser l'ampleur des irrégularités enregistrées, toujours au profit des deux partis du pouvoir, mais la multiplication des abus a été telle qu'il ne pouvait les passer sous silence. La flagrance des manipulations des urnes par l'administration au service du régime a donné lieu à des réactions populaires parfois très violentes. C'est la preuve qu'il y a eu de fortes résistances à la fraude massive, démontrant pas là si besoin est que les heureux vainqueurs du scrutin ne sont pas ceux qui ont le plus de mérite. Comment dès lors parler de démocratie lorsqu'à la base des institutions les représentants du peuple sont imposés par le sommet.
En effet, il serait surréaliste de voir le clan de Bouteflika diriger le pays sans l'hégémonie sur le moindre espace institutionnel des deux partis majoritaires à l'Assemblée nationale que sont le FLN et le RND. Qui pourrait concevoir une gouvernance sans ces deux bras du pouvoir, qui, même s'ils s'inventent une rivalité toute factice entre eux, se complètent dans la mobilisation et la propagande frénétique pour perpétuer le système dans sa nature autocratique et en tirer le plus grand avantage. A travers le maquillage des municipales, pourtant pas trop influentes sur les grands enjeux politiques qui se projettent sur la présidentielle de 2019, on peut avoir déjà un aperçu sur le «modèle démocratique» algérien. Un modèle qui respire l'autoritarisme et qui empêche la société de réaliser ses rêves de liberté.
Quand on rappelle pour la quatrième fois au poste de Premier ministre un homme qui traîne autant d'échecs pour la même mission, la lecture se fait par elle-même : le régime préfère une «valeur» déclinante, mais sûre, au principe du changement auquel aspirent les Algériens. C'est d'ailleurs sur ce genre de négation qu'il se nourrit tout en voulant se donner une image rassurante sur les vertus de l'ouverture démocratique, alors que derrière la vitrine toutes les portes devant mener vers celle-ci sont fermées. Multipartisme inféodé, déstructuré, parfois corrompu. Presse indépendante parasitée, réprimée, soumise aux pires pressions. Syndicats autonomes dévalorisés, diabolisés, rejetés, ignorés, dépourvus de forces d'intervention. Associations citoyennes galvaudées, présentées comme de simples faire-valoir. Justice sous contrôle, dépendante et éloignée de son idéal.
Assemblée nationale toujours en Chambre d'enregistrement, loin des préoccupations du peuple. Face au mécontentement des citoyens, pas de dialogue, pas de compromis constructifs, seule la répression. Et par-dessus tout, un culte de la personnalité jamais égalé. Vous voulez plus... sur notre démocratie ?


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