Accessibilité à toutes et à tous au traitement contre les hépatites B et C, disponibilité de plateaux techniques performants et de moyens de diagnostic, tels que le PCR (appareil pour la charge virale et le fibroscan), sont les points débattus, hier, lors d'une journée d'étude organisée à l'occasion de la célébration de la Journée nationale des hépatites par l'association SOS hépatites, qui appelle les pouvoirs publics à renforcer la mise en place de ces moyens pour une meilleure prise en charge des patients. «Comment peut-on évaluer le stade d'une fibrose si le fibroscan est en panne ? Malheureusement, c'est le problème rencontré dans certains centres de prise en charge depuis plusieurs mois», relève le Pr Saâdi Berkane, chef de service de gastro-entérologie à l'hôpital Mustapha Pacha à Alger et président de la Société algérienne d'hépato-gastro-entérologie et d'endoscopie digestive. L'éradication de cette maladie, tel que préconisé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), passe obligatoirement par tous ces préalables. Pour ce faire, le Pr Berkane recommande également un dépistage de masse et des populations, car les hépatites B et C constituent un sérieux problème de santé publique. C'est à travers le dépistage qu'on peut traiter le plus de patients et espérer éradiquer, notamment, l'hépatite C. Il a expliqué qu'il y a plusieurs populations à risque élevé qui sont concernées par ce dépistage, à savoir : les travailleurs du sexe, les usagers des drogues, les malades hémodialysés, les professionnels de santé, etc. Il est donc important, selon lui, de mettre en place une stratégie de dépistage à la fois ciblée et systématique en direction des populations vulnérables, en favorisant l'accès aux soins. «Comme il est aussi important, selon certaines études, de mettre en place une stratégie de dépistage systématique de la population en général et un plan national d'élimination de l'hépatite C», a-t-il indiqué. Et de signaler que l'Algérie est sur la bonne voie dans la prise en charge de l'hépatite C avec les traitements fabriqués localement, dont les résultats sont spectaculaires, avec un taux de réponse de 95%. Le directeur général de la prévention au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, le Dr Djamel Fourar, a, quant à lui, rappelé tous les efforts consentis dans la prise en charge de ces maladies. Il a souligné que les hépatites B et C constituent effectivement un problème de santé publique, elles représentent entre 2000 et 2500 cas par an pour l'hépatite B et 700 à 900 nouveaux cas par an pour l'hépatite C. «Nous sommes parmi les pays à moyenne endémicité et les résultats de l'enquête de l'Institut national de santé publique a révélé, en 1998, une prévalence de 2,5%», a-t-il souligné, et de signaler que de nombreuses actions ont été menées depuis quelques années, entre autres, l'introduction du vaccin contre l'hépatite B depuis 2003 dans le calendrier national de vaccination et le renforcement des mesures de prévention, telles que l'installation obligatoire des autoclaves dans les cabinets dentaires. Il est aussi important, a-t-il ajouté, de renforcer les instructions de prévention et de lutte dans les milieux de soins. Il est également essentiel de développer et de renforcer l'information, l'éducation et la communication envers la population à propos des agents de transmission pour mieux se prémunir. Cette journée s'inscrit, selon le président de SOS hépatite, Abdelhamid Boualag, dans le cadre de la sensibilisation de la population sur cette maladie silencieuse qui «prend de l'ampleur dans notre pays», a-t-il noté. Cette sensibilisation va d'abord vers les porteurs de virus, pour attirer leur attention sur les précautions à prendre pour éviter la transmission. «Il doivent savoir qu'il ne faut pas partager les objets personnels (rasoirs, brosses à dents, etc.) avec les autres membres de la famille. Cette journée est également une occasion», a-t-il souligné, d'interpeller les autorités de santé sur les insuffisances auxquelles font face tous les jours les praticiens pour assurer la prise en charge des patients, en l'occurrence la rupture des stocks des médicaments (l'immunoglobuline) destinés aux nouveau-nés dont la maman est porteuse de l'hépatite B, ainsi que le manque d'appareils de diagnostic, le PCR et le fibroscan, etc. M. Boualag appelle ainsi à la mise en place d'un programme national de dépistage des hépatites B et C «notamment dans les zones encore endémiques (Tipasa, Khenchela, Béchar, El Tarf, M'sila, Barika et Tébessa)», a-t-il-indiqué, avant de déplorer l'arrêt du programme de la greffe du foie pour manque de plateaux technique adéquats.