Comment résumer toute une vie dédiée, consacrée à l'éducation et à l'instruction, tous ces souvenirs, ces petits détails qui concilient témoignages et rêves semés ? Un exercice souvent délicat à faire mais qu'a subtilement réussi Abdelkader Benmohamed Al Belkadi dans sa dernière publication, Mes souvenirs dans l'éducation et l'instruction, une sorte de chute d'un roman d'un demi-siècle de vie. Un récit et une plongée dans le passé qui font émerger les repères d'un métier qui se perd de nos jours et qui a besoin d'être ressuscité. Ce qu'offre Cheïkh Abdelkader Benmohamed dans cette autobiographie très riche et vivante, faite d'expériences diverses, de souffrances, de sacrifices, de travail à l'ombre que l'auteur a voulu mettre en relief. Dans ce dernier-né, et tout en empruntant à la plume toute sa simplicité et sa sensibilité, il décrit avec beaucoup d'émotion l'évolution de l'école algérienne à travers différents contextes et sonorités liés à l'histoire socioculturelle, économique et révolutionnaire de l'Algérie, d'avant et après l'indépendance. L'école, ce lieu symbolique et magique, est la trame autour de laquelle l'auteur a tissé les deux parties de son livre en arabe parfait et accessible, le tout brodé de poésies puisées dans les dédales d'une longue vie tourmentée. Une première partie, objet de ce livre, qui débute des années 1930 au début des années 1970, d'où commence la seconde tranche qui va jusqu'au début des années 2000 et que l'auteur prépare pour les mois à venir, si bien évidemment sa santé le lui permet. La leçon du Medersien Mais déjà, dans ce premier volet, cheïkh Benmohamed, avoue son amour et sa fidélité à l'école à laquelle il a consacré toute sa vie, de la médersa coranique de la première mosquée de Batna, aux hautes responsabilités qui l'ont emmené au ministère de l'Education, en passant par le simple enseignant, le professeur, le concepteur de l'école publique. Le medersien qu'il était, le haut cadre de l'Etat qu'il est devenu et le militant qu'il est toujours, ont de tout temps nourri son envie de raconter modestement le devoir accompli, mais également l'amitié, le sacrifice partagé, la souffrance et l'aventure humaine. Avec le mot qu'il faut, la rime nécessaire, le ton chantant, voire adoucissant, cheïkh Abdelkader Benmohamed Al Belkadi exprime, à travers un émouvant voyage dans le temps et dans les lieux, ses impressions sur cette école qu'il a tant chérie et qui lui a tant donné. Des réalisations, des joies, des tristesses, des illusions. Le meilleur et le truculent, à travers des souvenirs dans l'éducation et l'instruction. Une inclinaison inlassable pour un métier aujourd'hui tourmenté qui se cherche dans un monde qui se globalise et qui quitte ses sentiers originels.