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L'alcôve des mot
Centre de thérapie familiale de Dely Ibrahim
Publié dans El Watan le 03 - 01 - 2007

Souffrance » est le maître-mot. Ici, au centre de thérapie familiale de Dely Ibrahim, on se fait l'écho de la douleur et le réceptacle de la souffrance. Enfermés à huis clos dans l'exiguïté d'une pièce de rendez-vous, les secrets sont aussitôt formulés, aussitôt enterrés.
Mais l'enterrement de la souffrance apparaît après quelques séances comme une délivrance et le cœur est en fête d'avoir pu divulguer ce qui lui pesait. Pas de déni, la famille peut pleurer, se plaindre, crier ou hurler sans vis-à-vis moralisateur. C'est à cela que s'adonnent les thérapeutes psychiatres, psychologues, assistantes sociales ou animateurs du centre de thérapie. L'écoute et le conseil. La guérison, c'est à la famille de se donner les moyens.« Nous ne résolvons pas les problèmes », commente la psychiatre Ammar Karima. Nous permettons à une famille en souffrance de trouver les moyens et les capacités au sein d'elle-même pour résoudre ses problèmes. Un guide, voilà ce que se propose d'être le thérapeute. « Nous offrons un espace avec trois bureaux de consultation et une grande salle de réception pour permettre au thérapeute de voir la famille », poursuit docteur Ammar. Niché à quelques mètres de l'entrée de Dely Ibrahim, le centre de thérapie familiale est une bâtisse de deux étages dont les volets claquent au vent. Le dernier étage de la bâtisse est réservé aux thérapies familiales, le premier aux enfants et adolescents en souffrance mentale. Mais attention, il ne s'agit pas d'une réserve de fous ou d'un hôpital psychiatrique. Il n' y a pas de barreaux aux fenêtres et personne ne ferme la porte à double tour. D'ailleurs, d'emblée on se sent à l'aise. Déjà au premier étage, réservé aux enfants, les murs sont coloriés ou punaisés de dessins infantiles. A l'étage réservé à la thérapie de famille, une table est disposée dès l'arrivée et propose deux carafes de thé ou de café. La secrétaire est plus souriante et l'harmonie des couleurs incite à l'apaisement. « Vous désirez ? », questionne la secrétaire.
La notion de famille
Elle ne dévisage pas et semble sujette à s'effacer dès le moment venu. Pas besoin d'entrer dans moult détails pour justifier sa présence dans un centre de thérapie familiale, elle est de connivence et tout semble se comprendre à demi-mot. Tout, sauf si l'on passe la porte de la salle de consultation. Dans l'enceinte feutrée de cette salle digne d'une salle de réception d'hôtel, les demi-mots, les sous-entendus et les mimiques ne sont pas de rigueur. Ici, on peut parler. Communiquer, peut-être. « Tout dépend à quel stade de la consultation nous sommes et qui est présent avec la personne en souffrance », précise le thérapeute, docteur Ammar. Car s'il est une norme implacable (ou presque) en Algérie, c'est que la notion de famille est comprise au sens large. D'ailleurs lorsqu'un membre souffre, c'est toute la famille qui se mobilise. Une anecdote : « un collègue thérapeute de Tizi Ouzou nous racontait qu'il avait proposé au malade de revenir lors de la prochaine séance avec toutes les personnes de sa famille qu'il aimait. Il est revenu la semaine suivante avec un minibus. Pas moins de 25 personnes de sa famille avaient fait le trajet », raconte docteur Ammar. Autant dire que c'est le thérapeute qui allait avoir besoin de séances.« D'ailleurs, nous devons sans cesse adapter nos manuels de thérapie familiale, de psychologie au contexte algérien. Car la notion de famille n'est pas la même. Elle a ses propres nuances et ses propres codes », ajoute docteur Ammar. Encore en congé de maternité, docteur Ammar ne semble pas souffrir de sa présence prématurée au centre de thérapie familiale. Elle a interrompu son congé pour revenir et vérifier si tout se passait bien. Elle rappelle que les psychiatres et psychologues algériens se sont faits dans l'urgence. « Il a fallu sortir de l'ambiance calfeutrée du cabinet pour secourir les victimes des tremblements de terre mais également du terrorisme », reprend docteur Ammar. Le thérapeute algérien n'a pas eu à composer longtemps avec l'image du « docteur pour les fous » qui circule à l'étranger. On a vite assimilé l'idée que les émotions pouvaient rendre malade. Que la psychologie avait sa place comme la cardiologie ou la pédiatrie. Car les Algériens ont bien failli devenir fous.
Comment communiquer
Le centre dispose de 10 formateurs en thérapie et depuis 3 ans la formation est algérienne. Auparavant, elle se faisait en partenariat avec les Belges. Mais si la notion de thérapeute psychologue ne revêt pas l'insinuation démoniaque connue dans les pays européens, on ne va pas voir un psychologue au centre de thérapie comme on va chez le coiffeur. « Il faut un prétexte déclenchant », reconnaît docteur Ammar. « Ce facteur est très apparent généralement chez l'enfant. Il est à lui seul un réservoir de symptômes qui permet d'affirmer que la famille va mal. » Et comme une fois n'est pas coutume, c'est encore une fois le réseau informel qui marche le mieux. « Nous recevons des familles qui ont été envoyées par un psychologue urgentiste de l'hôpital de Chéraga mais ce n'est pas le cas de figure le plus fréquent. En fait, très souvent, les familles se déplacent parce qu'elles ont été conseillées par une amie, un collègue, un parent… » Le bouche à oreille continue à produire et à informer utilement les gens. Généralement la famille est reçue par deux thérapeutes, un homme et une femme dans la grande salle de réception. Cette salle est munie d'une table basse jalonnée de revues. Autour, un canapé quelque peu déglingué mais qui reste encore confortable. Les thérapeutes s'assoient à côté du couple et l'entretien peut commencer. Très vite, la tournure peut s'apparenter à une simple discussion lorsque les membres de la famille ne sont pas prêts à s'extérioriser. Mais dans la plupart des cas, le couple parle. Sur le mode de la confidence. « On reconnaît très vite lorsqu'il y a conjuration. Les premières paroles ne sont généralement que la partie visible de l'iceberg ». Les thérapeutes écoutent et questionnent. « Il n' y a pas de solution miracle. En période de crise, ce qui est visible, ce sont les failles, le thérapeute se propose juste de les accompagner pour faire ressortir les compétences que les familles recèlent en elles », commente docteur Ammar. Et il n' y a pas de petits ou de gros problèmes pour les thérapeutes du centre de thérapie familiale. Tout comme il n'y a pas de problème type ; il peut s'agir de problèmes liés au terrorisme mais également aux crises familiales émanant de l'exiguïté des logements et la présence de la belle-mère. « Il peut s'agir de problèmes socio-économiques ou de simples maux de la société mais également de problèmes culturels », traduit docteur Ammar Karima. Et de conclure : « Dans chaque souffrance familiale, il y a des problèmes de communication. Et c'est que chacun ponctue sa propre souffrance à sa manière, alors nous tentons de mobiliser leurs capacités à communiquer. » Loin de l'alcôve du cabinet fermé, des blouses blanches et des seringues, le centre de thérapie familiale offre l'opportunité aux familles de se reconstruire ou de bâtir une nouvelle forme de vie de famille. Les thérapeutes n'ont pas la prétention d'apporter des solutions miracles mais tentent d'apaiser les souffrances, d'éteindre les querelles et d'évoluer.


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