Les combats inter-palestiniens ne sont pas nouveaux pour s'être déjà produits dans les années 1980, principalement dans les camps de réfugiés au Liban, avec ce qu'on appelait à l'époque des mouvements rivaux, ou plus simplement des dissidences. Avec la disparition des principaux leaders de l'opposition et la création d'institutions palestiniennes, cette crainte semblait alors infondée puisque, croyait-on alors, tout débat devait se dérouler dans le cadre de ces institutions. Sauf que cette logique n'a pas été respectée, et que le dialogue est une succession de fausses promesses et de non-dits. Le recours aux armes est donc privilégié pour faire basculer les rapports de force. Les combats, qui opposent les Palestiniens depuis quelques mois, procèdent de cette logique de la force. Ainsi donc, trois Palestiniens ont été grièvement blessés hier dans des affrontements armés entre les mouvements rivaux Hamas à la tête du gouvernement et Fatah du président Mahmoud Abbas, qui ont fait 15 morts depuis jeudi soir dans la bande de Ghaza, selon des sources médicales. Dans la nuit et à l'aube, de violents échanges de tirs entre les partisans rivaux ont eu lieu dans le centre de Ghaza, dans les secteurs de l'hôpital de Chifa, et près du QG des forces de sécurité, fidèles au Fatah, ainsi que dans le sud de la ville, dans le quartier de Tal al Haoua. Après une des journées les plus violentes, vendredi, lors de laquelle plus de 10 personnes sont mortes, les affrontements ont pris en intensité dans la soirée quand des partisans du Fatah ont tiré à la roquette antichar sur le domicile du ministre des Affaires étrangères du Hamas, Mahmoud Zahar. Le ministre ne se trouvait pas chez lui au moment de ce tir qui n'a pas fait de blessés, mais a causé des dégâts à la maison, située dans un quartier ouest de Ghaza. Des hommes du mouvement islamiste ont riposté en tirant des roquettes sur la maison du chef de plusieurs services de sécurité palestiniens, Rachid Abou Chabak, un fidèle du dirigeant Mahmoud Abbas. « Depuis jeudi soir, le bilan des affrontements a atteint 18 morts et 42 blessés », a affirmé le chef des services d'urgence dans la bande de Ghaza, Maâwia Hassanine. parmi ces victimes tuées à Khan Younès, vendredi, figure un enfant de 2 ans. Ces combats ont donné un nouveau coup d'arrêt au dialogue entre le Hamas et le Fatah pour tenter de former un gouvernement d'union nationale qui avait repris mardi, quelques jours après une rencontre entre le président Abbas et le chef du bureau politique du Hamas en exil à Damas, Khaled Mechaâl. « Le Hamas a décidé de geler le dialogue national avec le Fatah pour condamner les affrontements meurtriers et les crimes commis contre ses membres », a affirmé vendredi soir Ismaïl Radwane, un porte-parole du Hamas. Le Fatah n'a pas tardé à réagir. « Cette déclaration ne nous surprend pas. Le Hamas ne veut pas d'un gouvernement d'union nationale. On ne peut avoir de dialogue avec des tueurs », a déclaré Maher Maqdad, porte-parole du Fatah, à Ghaza. Ces affrontements mettent un terme à la relative accalmie, qui avait prévalu ces deux dernières semaines dans les territoires palestiniens paralysés par une crise politique et financière. Ils remettent aussi en cause le nouveau round de dialogue entamé mardi entre le Fatah et le Hamas sur la mise en place d'un gouvernement d'union, deux jours après une rencontre à Damas entre Mahmoud Abbas et le numéro un du Hamas, Khaled Mechaâl. La tension s'était exacerbée entre les deux mouvements après l'appel de M. Abbas, le 16 décembre, à des élections anticipées. Le Hamas avait parlé de « coup d'Etat ». Des affrontements violents avaient suivi, faisant une trentaine de morts, entre la mi-décembre et le début janvier. Depuis cette date principalement, c'est la descente aux enfers, puisque des Palestiniens tuent d'autres Palestiniens. Alors que se poursuit l'occupation israélienne.
