25 mis en cause placés en détention provisoire pour actes de vandalisme    Une formation au profit des médias sur la couverture de l'élection présidentielle    Préservation de la souveraineté nationale    Quels impacts de la proposition d'achat de la société espagnole Naturgy par le groupe Emirati TAQA où Sonatrach est un acteur majeur de l'approvisionnement en gaz naturel du marché espagnol ?    ''Dahbia'' remporte une nouvelle médaille d'or au Danemark    Zitouni tire à boulets rouges contre les cercles régionaux et étrangers    Au nom du sionisme et de l'Amérique, le monde tu domineras !    Plusieurs réalisations sur le chemin de la lutte pour la libération    Premier ministre slovène : «Nous avons commencé la procédure de reconnaissance de l'Etat palestinien»    Le leader en appel à Khenchela, duel à distance pour le maintien    Ligue 2 amateur : Le NA Hussein-Dey écope de deux matchs à huis clos    La société Evol Sport réclame 200.000 euros à la FAF    Les représentants de la communauté nationale à l'étranger saluent la décision du chef de l'Etat    Alimentation en gaz à Mostaganem 460 foyers raccordés à Safsaf    Elle débutera ce jeudi à travers les dix communes côtières    «Cheikh Larbi Tebessi, un chahid sans sépulture» projeté à l'APN    Le projet d'un recueil des données linguistiques en voie de finalisation    Soraya Mouloudji inaugure la 9e édition    Tabi met en avant le rôle des avocats dans la réalisation de la sécurité juridique et judiciaire en faveur de l'investissement    Signature de trois accords et contrats de projets miniers et métallurgiques entre des compagnies nationales et des partenaires étrangers    Oran: la clôture du site Portus Magnus dissipe les craintes des défenseurs du patrimoine    ONS: Faid insiste sur l'amélioration de la qualité des données    AG des Nations Unies: vote attendu vendredi d'une résolution exigeant l'adhésion à part entière de la Palestine    Ghaza: de nombreux martyrs et blessés au 217e jour de l'agression sioniste    Une équipe médicale de l'ONG "Médecins du Monde" en mission de solidarité aux camps des réfugiés sahraouis    Banques publiques: lancement prochain d'un avis d'appel à candidature pour le recrutement d'administrateurs indépendants    Coup d'envoi de la 3e édition de la caravane nationale "Un jeune, une idée"    L'UIPA condamne les menaces de l'entité sioniste de poursuivre ses opérations militaires à Rafah    3e congrès de formation en santé: l'importance du dépistage précoce du diabète réitérée    La mémoire et l'histoire, source de fierté et facteur de mobilisation autour des projets nationaux    Des artistes célèbrent le Rai algérien, inscrit au patrimoine mondial de l'humanité    Athlétisme/Championnats arabes U20: neuf nouvelles médailles pour l'Algérie    APN: les représentants de la communauté nationale saluent la décision du président de la République de faciliter le déplacement des Algériens établis à l'étranger    Visite guidée au profit des médias à l'ENPEI "chahid Badji Mokhtar"    Ligue 1 Mobilis: MCA-USMA fixé au vendredi 17 mai au stade 5-juillet (LFP)    Para-powerlifting (Coupe du Monde-2024): médaille d'argent pour l'Algérien Hocine Bettir à Pattaya en Thaïlande    Le droit de massacrer, de Sétif à Gaza    La protesta estudiantine occidentale face aux lobbies sionistes.    ALORS, MESSIEURS LES DIRIGEANTS OCCIDENTAUX : NE POUVEZ-VOUS TOUJOURS PAS VOIR LES SIGNES ANNONCIATEURS DUN GENOCIDE A GAZA ?    Megaprojet de ferme d'Adrar : « elmal ou Etfer3ine »    Témoignage. Printemps Amazigh. Avril 80    Le Président Tebboune va-t-il briguer un second mandat ?    L'imagination au pouvoir.    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Ils revendiquent la régularisation de la Pension complémentaire de retraite: Sit-in des mutualistes de la Sonatrach devant le siège Aval    Coupe d'afrique des nations - Equipe Nationale : L'Angola en ligne de mire    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    Pôle urbain Ahmed Zabana: Ouverture prochaine d'une classe pour enfants trisomiques    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Les apories de l'islamisme
Publié dans El Watan le 03 - 03 - 2007


L'islamisme, ce mouvement contemporain qui pense l'islam comme pensée totalisante, est en panne de réflexion politique. Pour une idéologie qui a fait du politique la condition sine qua non de l'érection de l'Etat islamiste, ce déficit de pensée politique relève du paradoxe sinon de l'aporie : comment peut-on en effet faire du politique la pierre angulaire de la « société islamiste » et évacuer, dans le même temps, l'impératif d'une réflexion portant sur les modes de gouvernement ? Abu al Alaa al Mawdudi (1903-1978), un des pères fondateurs de l'islamisme, insiste sur le primat du politique dans son livre (traduit en anglais) The Islamic Law and Constitution : « Il est impossible pour un musulman de réussir dans son intention d'observer un modèle de vie islamique sous l'autorité d'un gouvernement non islamique. » Et son préfacier, Khorshid Ahmad, de préciser : « Un Etat musulman est tout Etat dirigé par des musulmans. L'Etat islamique, par opposition, est celui qui choisit de conduire ses affaires en accord avec les directives révélées de l'islam et accepte […] la suprématie de Sa Loi. » Les maîtres-idéologues de l'islamisme ont cru résoudre l'impératif de penser le politique en recourant au syncrétisme, puisant tantôt dans le Coran, tantôt dans le marxisme, tantôt dans la shari'â, tantôt dans la science politique. Les néologismes, ainsi inventés, ne règlent cependant pas le problème ; ils ne font que l'évacuer. Il en est ainsi du concept brumeux de « shuracratie » mis en avant par le Frère musulman algérien Mahfoudh Nahnah. Comment peut-on, en toute rigueur, faire de la shura — qui dans le Coran signifie conseil — l'équivalent « islamique » du concept « occidental » de démocratie et postuler, dans le même temps, le primat de la souveraineté de Dieu (al hakimiyya li Allah) ? Les deux référents philosophiques se révèlent, par-delà l'artifice conceptuel, ultimement antithétiques : alors que le mode du gouvernement démocratique repose sur l'autonomie du sujet, en l'espèce la souveraineté du citoyen, l'Etat islamiste, lui, se fonde sur un principe précisément antinomique : l'hétéronomie, c'est-à-dire la souveraineté absolue de Dieu sur l'individu comme sur la société. S'il a assurément tort de décréter que la démocratie est kofr, Ali Benhadj a toutefois raison de souligner l'incompatibilité foncière entre la souveraineté du peuple de Jean-Jacques Rousseau et la « hakimiyya » de Sayyid Qotb à laquelle il souscrit. L'aporie en question se loge au cœur d'un autre concept clé de l'islam politique : l'Umma, la communauté des croyants. Comment peut-on concilier le principe unitaire de la communauté de foi, c'est-à-dire le tawhid de la umma, qui est au fondement de l'islamisme, avec la reconnaissance de la sphère du politique comme mode de régulation des conflits de la société. L'aporie est on ne peut plus éclatante : partie du politique, la réflexion de l'islamisme aboutit en fin de parcours à la négation de l'existence même du politique. L'insistance sur la vertu des hommes ne dénoue pas davantage le nœud du problème de la politisation de la religion ; elle l'esquive : d'une réflexion sur les institutions politiques (modes de gouvernement, Parlement, élections, séparation des pouvoirs, accountability, etc.) elle saute à la morale. L'aporie politique est au cœur de l'islamisme : « Quel que soit l'instance humaine mise en place pour réaliser le système politique islamique sous forme d'un Etat, elle ne possédera aucune réelle souveraineté au sens juridique et politique du terme, parce que […] ses pouvoirs sont limités et circonscrits par une loi suprême qu'elle ne peut pas modifier et avec laquelle elle ne saurait interférer », précise encore Mawdudi (The Islamic Law and Constitution, p. 243). A quoi servent alors les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire si la Loi est déjà donnée ? L'islamisme tourne en rond sinon à l'impasse : si l'on fait du politique le moyen de réalisation d'un projet de société, c'est que l'on a implicitement acquiescé l'idée ultime de la sécularisation (une séparation entre la sphère, publique, du politique et celle, privée, du religieux) ; or l'islamisme abhorre par-dessus tout ce principe au fondement de la Modernité et considère que l'islam — donc la religion — est, pour reprendre un des pères fondateurs de l'islamisme, l'instituteur Hassan al Banna (1906-1949), un « ordre englobant qui porte sur tous les aspects de la vie ». L'islam politique est-il pour autant insoluble dans la démocratie ? L'intégration des islamistes turcs dans le jeu démocratique n'infirme pas cette lecture : enchâssés dans un système politique laïc, ces derniers ont fini par abandonner le mot d'ordre de l'Etat islamiste et se poser, non sans se séculariser à reculons, comme un parti politique… comme les autres. Cette voie est minoritaire ; elle doit son émergence à l'existence de deux conditions, au demeurant inexistantes en Algérie : la sécularisation et la (proto)démocratie.

Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.