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Le personnel tire la sonnette d'alarme
Foyer des enfants assistés pour garçons de Constantine
Publié dans El Watan le 08 - 04 - 2007

Je tiens à vous dire que tout ce que vous avez vu a été uniquement préparé pour vous. Sachant que vous alliez venir, le centre, qui n'a pas l'habitude d'être aussi propre, a été nettoyé de fond en comble. Tout ce que vous avez vu, les tapis, les draps mis pour la circonstance, la table basse qui se trouve au salon, et mieux encore, le riche menu concocté spécialement pour l'occasion et même le bonhomme qui vous suivait et mettait du désodorisant, absolument tout a été préparé pour vous ! »
Ce sont là les propos de l'assistante sociale exerçant au foyer des enfants assistés, pour garçons (FEA), sis à la cité Ziadia, dans les hauteurs de Constantine, en présence de la directrice de ce centre, Mme Meskaldji, laquelle avait affirmé auparavant tout le contraire et n'a curieusement pas démenti ces propos. Une soixantaine d'orphelins, dont 11 mineurs, résident dans ce centre et la tranche d'âge est de 6 à 40 ans, voire plus. La directrice, qui occupe ce poste depuis deux ans, assure, lors de l'entretien qu'elle nous a accordé, que sur le plan de l'organisation et de la prise en charge, ces enfants jouissent de conditions appropriées, avec un programme riche en activités, aussi bien sportives que culturelles. Selon ses dires, les pensionnaires ont le droit « tous les jours » à un menu complet, diététiquement étudié et supervisé par le médecin du foyer. Quant à la scolarité, la directrice est restée vague sur la question ; elle nous a donné l'impression de ne connaître ni le nombre exact des enfants scolarisés ni leur niveau dans ce domaine, alors que l'assistante sociale a affirmé que, sur les 11 orphelins mineurs, seuls 6 sont scolarisés. A chacune de nos questions, la directrice s'est contentée de répondre : « ça va, tout va pour le mieux » ou encore « très bien ! » Sans conviction, elle dira que les éducateurs s'occupent régulièrement du suivi scolaire de ces enfants, et que ces derniers ont « d'assez bons résultats ». Selon elle, les mineurs et les majeurs ne partagent pas le même dortoir, contrairement à ce qui a été avancé par le médecin et l'assistante sociale en présence de la directrice. L'assistante sociale parlera au nom de ses collègues témoins et s'exprimera, tout comme le médecin, sur la mauvaise gestion, entre autres, et sur les dangers qui guettent ces enfants au quotidien, car « ils vivent, selon elle, dans un climat de terreur constante. Il y a des pensionnaires toxicomanes qui partagent le même dortoir que les enfants mineurs. Ces derniers se retrouvent souvent victimes d'abus sexuels ! ».
Contradictions flagrantes et constat alarmant
La directrice dira aussi que des équipes pédagogiques sont présentes de façon permanente, à l'écoute des besoins des enfants et de leurs problèmes, mettant ainsi en évidence « les efforts fournis » par le secteur social (DAS), et ajoutera que 17 logements de type F1 ont été attribués à quelques orphelins adultes. Pourtant, le point de vue du médecin sur la question est tout autre, puisqu'il répondra : « Il est vrai que 17 logements de type F1 ont été attribués aux orphelins adultes, mais comment voulez-vous que quelqu'un qui ne bénéficie pas d'un emploi et d'un salaire stables, hormis la rétribution dérisoire dans le cadre du filet social, puisse assumer les charges d'un habitat ? Il y a eu des cas, où certains bénéficiaires ont soit loué leur logement, soit l'ont vendu, pour revenir ensuite vivre au foyer, et personnellement je les comprends ». Le surveillant général précisera, quant à lui, que les enfants « n'ont aucun problème d'identité et vivent très bien ». Par ailleurs, nous constaterons de visu que les murs d'enceinte du centre tombent en ruine et ceux intérieurs ne sont guère mieux entretenus. Le spectacle, qui s'est ensuite offert à nos yeux, est des plus affligeants : un enfant handicapé moteur et mental grabataire se trouvait dans un endroit qui ne ressemble en rien à une chambre ou à un dortoir, une sorte de vestibule qui donne sur une cour délabrée. Un autre enfant handicapé, transféré de la ville de Ouargla et livré à lui-même, tanguait sur la moitié d'un fauteuil, dans un coin sombre, ne faisant l'objet d'aucune attention. C'est dans l'infirmerie que le docteur Larous Abdelmalek, le seul médecin du centre, dénoncera, excédé, toutes sortes d'ignominies, telles que la malnutrition, la violence et la drogue. A ce sujet, il précisera que les pensionnaires parlent d'eux-mêmes du « manque de la dose ». « Lorsqu'ils sont en manque, témoigne ce médecin, ils sont capables de faire n'importe quoi pour se procurer leur dose. Moi-même, j'ai été agressé, mais je n'en veux pas aux enfants, ce sont des victimes du système. S'il y a défaillance, c'est bien à ce niveau ». S'intéressant de près à ces enfants, il assure qu'ils sont désespérés et qu'ils font des réflexions d'adultes, même à 6 ans. A cet âge, où ils doivent être insouciants, ils désespèrent de lendemains plus cléments. Le médecin fera remarquer plein d'amertume : « On a créé des hommes assistés, incapables de se prendre en charge ; on n'a pas pensé à ces enfants et à leur bien-être dès la naissance ». Il soulèvera d'autres problèmes, notamment, celui de l'isolement, car « dans ce centre, nous sommes livrés à nous-mêmes et l'inspection, s' il y a inspection, fait un travail de formalité et non pas pour nous apporter un plus, nous n'avons pas les moyens nécessaires pour exercer notre fonction convenablement ». Il expliquera également que l'instabilité administrative, ayant pour cause les constants changements de directeurs, a perturbé aussi bien le travail du personnel que la gestion de l'établissement. Ainsi, nous saurons qu'en l'espace de 8 ans, 5 directeurs se sont relayés à ce poste et abandonnent à chaque fois parce qu'ils ont « mal au cœur ».
« En conflit avec le DAS à cause de la vérité ! »
Du côté médical, la situation n'est guère reluisante. D'après le docteur Larous, les enfants sont à tout moment exposés aux infections et à toutes sortes de virus. Quant à l'assistante sociale, elle dénoncera, devant les membres de son équipe et de la directrice, la souffrance et la pression que le personnel subit au sein de cet établissement. Elle qualifiera cela de « terrorisme administratif ». Elle se dit être prête à prendre totalement en charge ces enfants, pourvu « qu'on ne nous mette pas de bâtons dans les roues ». Et d'ajouter : « Je suis, actuellement, en conflit avec le DAS, parce que je dis la vérité. On est en train de nous briser et je refuse de parler dans les coulisses ! » L'éducatrice spécialisée dira : « Personnellement, je n'essaie plus de faire quoi ce soit, je suis fatiguée, le seul recours, c'est de parler et dénoncer le mal. Comment voulez-vous qu'on travaille, alors que ce qui intéresse les responsables, c'est uniquement notre présence et notre pointage. On nous dit carrément : l'essentiel est que vous brûliez votre temps ! » On nous dira aussi que les repris de justice reviennent au centre « avec la bénédiction de la tutelle ». La psychopédagogue posera, entre autres, le problème de l'espace, car le bureau est trop étroit pour contenir les enfants dans le cadre du suivi scolaire et des conversations pédagogiques. « La seule classe qui existait s'est transformée en lingerie », témoignera-t-elle. Le personnel s'accordera à dire que l'administration faisait passer ses besoins propres avant ceux des enfants. Il ressort des propos de ces intervenantes, qu'elles éprouvent un sentiment de culpabilité et d'impuissance face au marasme de ces orphelins, et face à un enfant de 9 ans, qui déclare : « Je veux mourir ! ». L'ultime objectif de l'équipe pluridisciplinaire, à savoir l'assistante sociale, l'éducatrice spécialisée et la psychopédagogue, est de tout faire pour placer les enfants mineurs dans des familles d'accueil, « pour au moins essayer de les sauver ». Au terme de notre visite, nous avons posé une dernière question à la directrice, à savoir si tous ces enfants étaient des orphelins ou si certains d'entre eux avaient des parents. Elle nous répondra, à notre grande surprise : « Certains ont des parents, mais ils se sont vu retirer leurs enfants par le juge des mineurs pour négligences graves à leur égard, et d'autres sont, sauf votre respect, des bâtards ! » Est-ce de leur faute si ces enfants se sont retrouvés dans cette situation ? Il y a lieu de savoir que le directeur de l'action sociale (DAS) a invoqué l'absence de la directrice du FEA le premier jour où nous voulions nous déplacer sur les lieux, et la permission de visiter le centre nous a été accordée deux jours plus tard. Nous saurons par le biais de l'assistante sociale ainsi que par la directrice elle-même, que cette dernière ne s'était pas absentée.


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