Le duel Nicolas Sarkozy-Ségolène Royal, tant préconisé par les divers instituts de sondages et analystes politiques, a fini par se produire, marquant le retour à la bipolarisation droite-gauche, avec un centre en arbitre et enjeu principal du second tour. Le 6 mai, les Français devront choisir entre « deux idées de la nation, deux projets de société, deux systèmes de valeurs, deux conceptions de la politique », comme l'a affirmé dimanche soir Nicolas Sarkozy. Le sien et celui de sa rivale socialiste Ségolène Royal. Le risque pour le candidat de l'UMP c'est que le second tour ne tourne au référendum pour ou contre Sarkozy. Sa personnalité, ses idées continuent à inquiéter nombre de Français. La bataille du second tour sera serrée, aussi bien pour Nicolas Sarkozy, candidat de l'UMP, que pour Ségolène Royal, candidate socialiste. Une bataille de projets politiques, mais également de personnalité. Les deux candidats qualifiés ont, chacun de son côté, appelé au rassemblement des Français. Le rassembler est impératif pour l'un comme pour l'autre. Rassembler au-delà de leurs groupes d'appartenance et proches. Ils devront donner des garanties pour ce faire. Ségolène Royal appelle au rassemblement de « ceux qui veulent que triomphe la République du respect », de ceux « qui se reconnaissent » dans son programme pour « réformer la France sans la brutaliser », et « refuser de cultiver les peurs », « ceux qui pensent comme (elle) non seulement possible mais urgent de quitter un système qui ne marche plus ». Mais la candidate socialiste devra reprendre la main du face-à-face, imposer les thèmes du débat et non plus se contenter, comme elle l'a fait au premier tour, de suivre Nicolas Sarkozy et de réagir aux idées qu'il avance. Nicolas Sarkozy devra faire oublier ses excès droitiers, s'il veut rassembler au-delà de sa famille d'origine et de l'extrême-droite. « Qui ne voit qu'il y a un lien évident entre la politique d'immigration non maîtrisée depuis 30 ou 40 ans et l'explosion sociale dans nos quartiers ? ça crève les yeux qu'il y a une liaison entre les deux », avait-il déclaré lors de la campagne pour le premier tour en préconisant la création d'un ministère de l'immigration et de l'identité nationale, sans parler de « ceux qui égorgent leurs moutons dans leurs baignoires ». Adoucissant son discours, il a promis dimanche soir une « France fraternelle » qui « ne veut laisser personne sur le bord de la route ». Lui qui dit que les actes sont plus importants que les mots, réussira-t-il à se réconcilier avec ceux qui, dimanche, dans les quartiers et banlieues populaires lui ont refusé leurs voix ? Saura-t-il rassembler tous les laissés-pour-compte ? L'issue du vote du 6 mai va dépendre des reports de voix, d'abord ceux des électeurs du centriste François Bayrou. Ce seront eux qui feront la différence.