Invité hier à Alger par le Forum des chefs d'entreprise (FCE), le patron du RND a présenté en première le programme économique de son parti sous la forme de 140 propositions. A cette occasion, M. Ouyahia s'est dit, entre autres, pour la privatisation des banques, de l'université. Il s'est par ailleurs montré favorable à une baisse sélective de la TVA. Le chef de file du RND s'oppose, en revanche, à l'ouverture des bureaux de change. Dans leurs interventions, la plupart des chefs d'entreprise ont qualifié ce programme de net, précis et bien structuré. « Aucun parti n'a apporté du nouveau ni élaboré de telles propositions. C'est pour nous un point positif à relever », ont souligné les participants au forum. Néanmoins, certains d'entre eux ont demandé des clarifications et d'autres ont carrément critiqué des points en relevant le manque de souffle et de vision quant à l'Algérie de demain. L'un d'eux a qualifié les propositions en question d'« urgentiste au chevet d'un malade », alors que de son avis les chefs d'entreprise ont besoin de la stabilité des lois et de propositions concrètes et claires, notamment en ce qui concerne la réforme bancaire. A ce sujet, M. Ouyahia ne contredit pas l'intervenant étant donné que toute proposition, quelle soit urgente ou pas, prend du temps pour sa réalisation finale. Le SG du RND a précisé qu'il était contre l'ouverture de bureaux de change afin de contrecarrer les fuite de capitaux, mais qu'il est favorable à la privatisation des banques de manière graduelle. « L'Algérie dispose d'un milliard de dinars de dépôt qui sont neutralisés au niveau de la Banque d'Algérie. Maintenant, si les étrangers s'intéressent à ce marché ils sont les bienvenus, mais dans la réalité l'Algérie a besoin beaucoup plus de capitaux et non pas d'étrangers. Il n'y a pas au niveau des banques de l'argent permanent, donc nous disons qu'il faut faire en sorte de donner aux banques des cachets », dira M. Ouyahia, en ajoutant que le métier des banques est celui de gains et de pertes, mais il doit se faire dans la transparence. De son avis, les mécanismes de garantie existent. « Nous avons connu des scandales à l'instar d'El Khalifa Bank et il y en aura probablement d'autres similaires. Maintenant, si le problème est dans le renforcement des mécanismes de garantie pour assurer la transparence, il faut y remédier. Si le problème se pose dans le personnel, il faut alors lui prodiguer une formation adéquate », a suggéré M. Ouyahia. A la question de savoir s'il n'est pas nécessaire de renégocier la création d'une zone de libre-échange avec l'Afrique de l'Ouest, M. Ouyahia avoue que ce n'est pas l'Afrique qui a bloqué le Maghreb. Selon lui, il subsiste un handicap politique. « C'est une triste réalité avec laquelle il faut composer. Nous rêvons tous d'un marché maghrébin », a-t-il dit. En outre, le RND est pour l'instauration du week-end universel, mais il plaide pour une évaluation au préalable sur le terrain. « Le changement du week-end interviendra peut-être dans un an ou deux, mais pour le moment il faut faire en sorte que nos entreprises tournent convenablement, y compris les jeudis », dira M. Ouyahia. Le patron du RND estime aussi que l'engagement de chacun est une nécessité incontournable. « Si les forces politiques n'apportent pas leur aide, il ne peut pas y avoir de changement, car l'Etat, à lui seul, ne peut rien faire », dira-t-il. Evoquant la chambre basse du Parlement, le SG du RND fera remarquer que le lobbying au sein du Parlement est fait par ceux qui font dans le bricolage. Concernant l'université, M. Ouyahia, contrairement à Louisa Hanoune, est pour l'ouverture de l'université au privé : « Nous encourageons la concurrence dans le but d'améliorer le rendement. Pourquoi l'Algérie a peur de s'ouvrir au privé ? Ce n'est pas une fatalité, d'autant plus que l'Etat a le droit et le devoir d'assurer ses fonctions et ses choix politiques. Si un Algérien aspire à faire des études dans une université privée, pourquoi l'en priver et celui qui veut aller vers le public est libre. »
