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« Le Pouvoir est le dépositaire exclusif de la souveraineté nationale »
Maâmar Benguerba. Ancien ministre du Travail et ancien député
Publié dans El Watan le 30 - 05 - 2007

Maâmar Benguerba, ancien ministre du Travail et des Affaires sociales et ancien député, effectue dans cet entretien une immersion dans les chiffres des élections législatives du 17 mai. Il y relève des indices intéressants qui permettent de mieux saisir les tenants et les aboutissants de ce scrutin ainsi que les repositionnements politiques qui s'y sont opérés.
Quels enseignements tirez-vous des élections législatives du 17 mai ?
Ce dernier scrutin doit être, à mon avis, situé dans le cadre de l'évolution politique générale du pays. Souvenons-nous de la situation qui prévalait lors des élections législatives de 2002. Elles s'étaient tenues dans une ambiance caractérisée par plusieurs événements importants. La situation en Kabylie frisait le dérapage. Des soulèvements de prisonniers qui se soldèrent par plusieurs victimes, et suspectés de complot contre le ministre de la Justice de l'époque. Des manifestations estudiantines avivées et des émeutes de rue récurrentes… En arrière plan, une activité présidentielle débordante, caractérisée par la promotion de la nouvelle loi sur les hydrocarbures et le mûrissement de ce qui devait devenir la Charte pour la paix et la réconciliation. La situation financière du pays s'améliorait et au sein du système de Pouvoir l'affrontement entre différents groupes d'intérêts s'aiguisait. Ceux qui souhaitaient le statu quo et ceux qui voulaient les évincer. Le FLN obtient la majorité absolue au sein de l'Assemblée nationale avec 199 sièges et réduit le RND, créé pour soutenir le précédent président de la République et récupéré ensuite, a la portion congrue. Il devait se contenter de 47 sièges au lieu des 155 acquis en 1997. Le FFS et le RCD boycottaient le scrutin, le mouvement El Islah occupait le troisième rang avec 43 sièges, devant le MSP qui n'eut que 38 sièges. Le PT, avec 21 sièges, se lova dans l'habit de l'opposant « responsable ». Le FLN acquit le statut d'un enjeu majeur. La position de son secrétaire général qui occupait la chefferie du gouvernement suscita des ambitions et produisit des convoitises dont l'épilogue fut l'élection présidentielle d'avril 2004. L'évolution du rapport des forces à l'intérieur du Pouvoir déboucha sur la création du pôle « Alliance présidentielle ». Elle disposait à l'APN d'un total de députés de 284 sur les 389 qui la composent. Aujourd'hui, c'est la discrétion du président de la République qui interroge en premier. Il appela les citoyens, en 2002, à un vote massif, qui ne le fut d'ailleurs pas puisque le taux de participation (46,17%) fut le plus bas connu jusqu'alors. Pour ces élections législatives, son intervention emprunta des cheminements plus subtils. Des audiences des ministres des différents secteurs programmées opportunément et minutieusement rapportées par les médias publics lourds. Des réunions des Conseils des ministres tenues pour traiter de la relance de l'industrie (dossier brutalement enseveli) et d'un programme de chemin de fer, censé répondre aux attentes des populations. Il s'agissait là, à l'évidence, d'appels au soutien à l'« Alliance présidentielle », mobilisée autour du programme du président de la République. Aussi, il est possible d'affirmer que ces élections reflètent, d'abord, un sérieux revers pour la politique du Président et pour la qualité de sa conduite. Surtout que, contrairement à 2002, il détient la majeure partie des leviers de commandes du Pouvoir.
Ce scrutin a été caractérisé par un taux de participation le plus faible de l'histoire des institutions élues depuis l'indépendance. A quoi attribuez-vous ce faux bond de l'électorat ?
Le contexte est marqué par la suprématie d'un clan hégémonique qui fait face à une crise multiforme persistante. Une opposition qui appelle toujours au boycott. Un terrorisme qui ne finit pas d'être « résiduel ». Une foule de manifestations publiques d'affaires préjudiciables au Trésor, au pays et à la société qui perd ses repères positifs. Un gaspillage massif des moyens de l'Etat avec la dilapidation de ressources naturelles du pays et des dépenses budgétaires boulimiques sans efficacité probante. Une administration objet de népotisme et de régionalisme étroit et largement vidée de ses compétences. Une loi sur les hydrocarbures amendée mais qui demeure obstinément menaçante pour l'avenir de la cohésion nationale. Une diplomatie soudée aux courbes ascendantes de production d'hydrocarbures. Un départ continu vers l'étranger de cadres scientifiques et techniques expérimentés. Une aspiration à l'émigration toujours aussi forte, malgré les périls, d'une jeunesse gagnée par la désespérance. Un chômage résistant à toutes les manipulations de chiffres. Une misère qui s'étend et s'approfondit. Un sensible abaissement du pouvoir d'achat des couches moyennes que les plus savantes triturations de chiffres ne peuvent masquer… La modestie du taux de participation s'est accompagnée d'une restructuration technique de l'équilibre à l'intérieur de l'« Alliance présidentielle », menacé par la volonté du chef de l'Exécutif d'opérer des changements dans son équipe. Cette opération sera à présent sûrement plus ardue. Mais au-delà des jeux d'appareils, le vote, piégé par un mode de scrutin et un découpage pensés pour perpétuer le système de Pouvoir, témoigne d'un désaveu sans rémission du fonctionnement de la vie politique nationale. Un divorce entre la société et la représentation étatique. De plus, son résultat suscite d'évidentes ambitions de conquête du Pouvoir. Des déclarations et des postures sont clairement perceptibles. La désaffection constatée exprime une détresse multiforme et menaçante pour la cohésion nationale, si elle n'est pas comprise et prise en charge. L'ignorer ou l'affecter aux médias et/ou à des acteurs politiques non affiliés au système, comme ce fut fait dernièrement, relève de l'irresponsabilité.
A quelques variantes près, la carte politique d'avant le 17 mai a été confortée avec ce scrutin en reconduisant la majorité parlementaire sortante. Pensez-vous que ces résultats sont des indicateurs du poids réel de chacun de ces partis au sein de la société. Autrement dit, les sièges gagnés par le RND et le MSP marquent une avancée de ces partis ? Et quelle lecture faites-vous du recul du FLN ?
Il importe de préciser, d'abord, que la carte politique nationale ne se résume pas à la sphère des appareils partisans agréés. Elle englobe aussi d'autres acteurs influents mais exclus du jeu normal des institutions. Pour ce qui concerne les résultats publiés, sans s'interroger sur leur sincérité, il est possible d'en tirer quelques indications préliminaires. L'analyse du scrutin par la presse s'est focalisée sur le taux de participation. Mais un autre élément mérite d'être observé attentivement. Il s'agit de la progression du nombre des inscrits sur les listes électorales. Sa variation indique un taux d'accroissement moyen national de 4,33%, entre 2002 et 2007. Il conditionne, bien sûr, l'estimation du taux de participation et partant, l'obtention et la répartition du nombre de sièges par wilaya, entre les compétiteurs. Or, la dispersion de son niveau, entre les différentes régions et wilayas, présente des particularités notables que les modifications apportées au vote des corps constitués ne sauraient toutes les expliquer. L'examen des résultats par commune, non disponibles, permettra d'en saisir l'origine et la signification exactes. En attendant, il faut, tout de même, noter les évolutions suivantes. Cinq grandes classifications se distinguent : celle constituée par les wilayas qui ont enregistré des taux négatifs (Béchar -7,54%, Tamanrasset -1,58%, Alger -2,36%, Jijel -8,92%, Illizi -2,82%, Tindouf -46,55%) ; celle constituée par les wilayas qui ont connu une quasi stagnation (Blida +0,50%, Médéa +0,73%, Ouargla +0,56%, El Oued +0,01%) ; celle constituée par les wilayas qui ont enregistré des taux inférieurs au taux moyen (Tizi Ouzou +1,87%, Sidi Bel Abbès +2,37%, Constantine +2,10%, Tissemsilt +2,08%, Batna +2,97%) ; celle constituée par les wilayas qui ont enregistré des taux supérieurs au taux moyen (Chlef +13,10%, Souk Ahras +12,67%, Tébessa +10,97%, Guelma +10,84%, Biskra +9,10%, Saïda +8,86%, El Bayadh +8,54%, Adrar +8,40%, Oum El Bouaghi +7,90%, Sétif +7,48%, Témouchent +6,76%, Bouira +6,52%, Tipaza +6,42%, Tiaret +6,42%, Mostaganem +6,41%, Naâma +6,04%, Mila +6,01%, Annaba +5,73%, Oran +5,48%, Boumerdès +5,47%). Et enfin, celle des autres wilayas qui ont enregistré des taux allant de +3,70% pour Laghouat, à +5,29% pour Skikda.
A-t-on manipulé les chiffres ?
Lorsqu'il s'agit de savoir qui en tire le plus profit, il importe de comparer les résultats globaux en distinguant le nombre de sièges et le nombre de voix obtenues. Ainsi, le FLN maintient sa position de leader mais n'a plus la majorité absolue. Il perd 50% des voix (-1 317 019 voix), mais ne cède que 32% des sièges (-63 sièges) ; le RND, désigné vainqueur par certains, perd 6,6% des voix (-41 912 voix) par rapport à 2002, mais se voit crédité de 14 sièges supplémentaires (+30%) ; le MSP conserve quasiment le même nombre de voix (-0,01%) qu'en 2002, mais gagne 13 sièges (+34%). En résumé, l'« Alliance présidentielle » perd 1 334 173 voix, soit 35% du niveau de 2002, mais seulement 13% des sièges (-36). Il faut noter, par ailleurs, que le PT perd 18,2% des voix (-64 942 voix) mais gagne 5 sièges (+13%) ; Nahda perd 27% des voix (-71 353) mais gagne 4 sièges… C'est à se demander si le faible taux de participation n'a pas été le meilleur moyen, avec une restructuration interne, d'affermir la domination des mêmes acteurs !
Le courant islamiste a perdu près d'un million de voix lors de ce scrutin. A quoi imputez-vous cette décrue du mouvement islamiste ?
Je pense que vous visez surtout les électeurs qui ont voté pour les partis qui revendiquent ou qui sont considérés comme représentatifs de cette mouvance. En 2002, trois partis politiques étaient dans cette position : MSP, El Islah et Nahda. Ils avaient totalisé 1 589 130 suffrages. En 2007, le MSP et Nahda enregistrent 767 868 suffrages, soit un écart de 821 262 suffrages par rapport au total précédent. Mais comme vous le savez, le parti El Islah n'a pas été autorisé à présenter des candidats cette fois-ci. Son score de 2002 était de 731 289 suffrages. Je n'aperçois pas d'évolution différente du corps électoral dans sa globalité. J'aurais même tendance à penser que cette mouvance s'est consolidée grâce, en particulier, aux encouragements et aux facilités que lui accorde le Pouvoir.
Quelle place pour l'opposition dans cette Assemblée ?
La majorité se revendiquant du Pouvoir totalise 249 sièges (chiffre qui pourrait augmenter avec les ralliements annoncés) sur les 389 sièges que comprend l'APN, elle n'a donc rien à craindre d'une opposition ultra minoritaire et au demeurant désunie. Elle n'est au mieux qu'un mauvais faire-valoir démocratique destiné à convaincre l'étranger en visite dans le pays. Elle servira, essentiellement, d'alibi dans l'argumentation internationale du système de Pouvoir. Au plan interne, compte tenu de l'articulation des institutions, du mode de fonctionnement interne de l'APN et du statut des médias lourds, elle demeurera inaudible.
Des ministres FLN et RND du gouvernement Belkhadem étaient candidats aux dernières élections législatives. Ils sont passés haut la main. Manquaient à l'appel le chef du gouvernement et les ministres en charge des départements de souveraineté à l'instar de Yazid Zerhouni ou encore ceux qui gèrent les secteurs névralgiques comme Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines et Abdelhamid Temmar, ministre des Participations et de la Promotion des investissements. Y a-t-il une lecture politique à faire ?
Naturellement, je ne connais ni leurs raisons personnelles ni celles qui ont présidé à la désignation de leurs collègues par leurs instances partisanes respectives. Mais je note, comme chacun, que certains ministres qui se sont présentés, ne l'ont pas fait dans leur commune d'origine ou dans la circonscription qu'ils ont déjà représentée. Bien sûr, le mandat de député est national et à ce titre, chaque citoyen est libre de se présenter là où il veut. Mais la règle de la légitimité populaire consiste à solliciter les suffrages des électeurs de la circonscription où l'on a fait ses preuves et où l'on pense continuer à jouir de l'estime de la majorité des citoyens. Ce nomadisme, encouragé depuis toujours par le Pouvoir, empêche l'émergence d'une classe politique qui échapperait à son emprise. Ceci dit, vous avez raison de poser votre question. Elle intrigue nombre de nos concitoyens qui considèrent que la responsabilité politique implique davantage l'enracinement populaire. Or, il se trouve que ceux qui assument les responsabilités publiques les plus sensibles sont ceux qui sont dispensés de l'épreuve, même formelle, des urnes. Ceci découle du fait que la souveraineté nationale n'appartient que ponctuellement au peuple. Elle est captive du système de Pouvoir qui se positionne comme l'exclusif dépositaire. Dans ce contexte, il est parfaitement logique que les responsabilités supérieures soient accordées, dans les proportions que vous constatez, sur la base d'appréciations particulières.
La majorité parlementaire issue du scrutin du 17 mai a été mal élue en terme de voix. D'aucuns ont posé le problème de la légitimité de la nouvelle Assemblée. Partagez-vous cette analyse ?
Il est incontestable que la majorité dispose, en toute légalité, de l'ensemble des attributs constitutionnels. C'est vrai que la mécanique de calcul adoptée pour l'élection législative, lui accorde 63% des sièges avec seulement 42,45% des suffrages exprimés. La question qui reste posée demeure, cependant, celle de savoir si cette majorité, avec seulement 13,2%, soit 2 480 877, de suffrages, sur un corps électoral national qui comprend 18 760 400 d'inscrits, exprimera dans ses initiatives et dans son soutien au gouvernement les choix d'espérance de la majorité des citoyens. Aucun homme politique respectable, aucun partenaire étranger crédible ne peut penser qu'avec une telle base populaire, il est possible de résister aux diverses contraintes externes et d'entreprendre, avec des chances correctes de réussite, les réformes structurelles et variées que nécessite le pays. Par exemple, quel crédit sera accordé à une éventuelle révision constitutionnelle qui serait soumise et avalisée par ce Parlement ? Le consensus national exigible est certainement au-delà.


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