Des centaines de citoyens de la commune de Si Djillali Benamar, 70 km au nord-ouest du chef-lieu de wilaya de Tiaret, sont sortis mécontents et ont fini par bloquer les principaux chemins de wilaya reliant leur village à Rahouia et celui menant vers Mechraâ-Sfa (chef-lieu de daïra) et l'autre qui relie Djillali Benamar à Mascara. Les protestataires qui avaient bloqué ses issues à l'aide de grosses pierres et d'objets hétéroclites évoquent des problèmes d'alimentation en eau potable, l'emploi, le logement et d'une manière générale, le manque d'équipements. Hier en fin de journée, les tentatives des autorités locales, sous la conduite du chef de daïra, n'avaient pas abouti et au commandement de la gendarmerie on n'écartait pas la possibilité d'une intervention si les protestataires ne revenaient pas à de meilleurs sentiments en procédant à l'ouverture de la route. A vrai dire, ce sont exclusivement deux à trois grandes familles qui accaparent des terres et rendent problématique la réalisation de projets dans cette localité foncièrement agricole et qui ne recèle aucun projet à même d'atténuer les appréhensions et les attentes nombreuses des jeunes, qui continuent par fournées à alimenter chaque année les rues du village. Le problème aurait dû trouver des solutions médianes et permettre à la jeunesse locale de s'exprimer dans certaines structures étatiques existantes. Des jeunes filles, comme Cherit Bakhta ou Bouzaida Mokhtaria, bien que diplômées n'arrivent pas à inculquer leur savoir aux filles du village ni à se faire entendre. Plusieurs fois, elles avaient fait le déplacement à Tiaret et ne savaient même pas à quelle porte frapper. Bakhta, pleine d'énergie et plus que jamais ambitieuse et impatiente, nous avait remis une liste. « Voilà les noms de 26 jeunes filles qui ont déposé des dossiers afin de pouvoir suivre des cours de couture, de broderie, mais nous sommes freinées, car l'APC ne fait rien pour nous aider. » Pour poursuivre des études dans les centres de formation professionnelle, il faut aller à Rahouia, à 40 km de là, ou vers l'autre commune voisine, Oued El Abtal, dans la wilaya de Mascara. « En tous les cas, renchérissent-elles, à quoi servent nos études si localement il n'y a pas de perspectives pour ces femmes rurales ? », concernées pourtant par des programmes d'aide dont celui lié à la réalisation de la maison de la jeune fille.
