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L'enclavement fatal
Chabet El Ameur, Aït Mekla, Bouchakour dans la vallée de Draâ El Mizan
Publié dans El Watan le 15 - 07 - 2007

Dès la sortie sud de la ville des Issers, le paysage qui attend le voyageur plus haut en Kabylie se décline : une vallée large de quelque 4 kilomètres aux terres fertiles exploitées en partie dans la céréaliculture, bordée de collines boisées d'oliviers ou habitées.
On cultive aussi dans cette plaine de la vigne et des fruits de saison tels le melon et la pastèque. Ce n'est pas une plaine au sens parfait du mot qui borde de part et d'autre la RN 68, mais une série de buttes située dans un périmètre délimité au sud et au nord par des piémonts. « On cultivait aussi beaucoup le tabac aux Issers », nous dit-on à Issers-ville. La route, sinueuse et étroite, monte insensiblement à la conquête du territoire des Iflissen, dans la région de Tizi Ghenif, M'kira et Draâ El Mizan, avant de se jeter dans celui des Iguechtoulen au-delà de cette dernière, plus au nord-est. Elle permet juste la vitesse qu'il faut pour apprécier les paysages paradisiaques de la région. Déconseillée pour ceux qui sont pressés. Bouchakour, Chabet El Ameur, Aït Mekla et Azouza à gauche, Andhasen et Imoutasse à droite lorsqu'on aura dépassé un peu le chef-lieu de la commune de Chabet. Ce sont là les villages principaux de cette commune de la wilaya de Boumerdès, aux limites de Bouira et Tizi Ouzou. Une région où l'on ne rate jamais l'occasion de vous dire que le général de Gaulle a séjourné parmi eux, là-haut sur les hauteurs des Imouthasse au début des années 1940, lors de la Deuxième Guerre mondiale. L'assertion est sur toutes les langues. Pour la population locale, c'est une certitude. « De Gaulle a séjourné ici. La-haut à Matoussa dans ce qui était une résidence d'un garde-champêtre », nous dit-on ici. Une manière aux Aït Khalfoun et aux habitants de tout Chabet de vanter la beauté de leur région. Sinon le général de Gaule aurait-il choisi d'y vivre un moment ? Mais les habitants ne sont pas nostalgiques du passé pour rien. Ils regrettent le recul enregistré dans le niveau de vie dans notre pays en général. « Dites à nos responsables que dans ces territoires si loin d'Alger, que moins de 70 km séparent de la capitale, la population attend toujours le changement. Nous souffrons, tout court », nous dit un enseignant chabétois.
Un quotidien qui étouffe
En effet, il y a plus d'un siècle, conscients de l'importance de la région pour le développement du pays en général, ou peut-être de l'obligation de la développer elle-même, les Français ont doté la vallée allant des Issers dans la wilaya de Boumerdès aux Ouadhias, dans les profondeurs de la Kabylie, au piémont du Djurdjura, des voies de communication nécessaires. La RN68 dans sa partie allant de la ville natale de Sidi Abderrahmane jusqu'à Draâ El Mizan, la RN30 dans son tronçon Aomar- Ouadhias, la RN25 de Draâ El Mizan à Draâ Ben Khedda où elle fait jonction avec la RN12, une voie ferrée qui devait relier la région de Draâ El Mizan, via Boghni à Dellys, dont les vestiges sont encore présents sur tout ce parcours, autant de voie d'échanges, et donc de facteurs de développement. Or, depuis l'indépendance, tout ce territoire a entamé une régression qui sera fatale. Car toute la population vivant dans la région n'a eu d'autre choix que d'aller ailleurs. Cela étant dû au manque de perspectives. Par conséquent, Chabet El Ameur, Tizi Ghenif, Draâ El Mizan, Bounouh, Frikat, Aïn Zaouia, Boghni, Assi Youcef, Amechras, Tizi N'tleta, Ouadhias et jusqu'aux Ouacifs et Aït Douala se sont retrouvées à vivre un enclavement qui étouffe leur quotidien. Les tentatives d'investissement privé qu'ont connues ces localités, en particulier Boghni qui, dès les années 1970, a vu s'installer sur son territoire, grâce à ses enfants, des usines qui ont fait sa renommée, ont été « tuées dans l'œuf ». « L'investissement a besoin d'une véritable politique d'accompagnement, des facilités pour les gens qui viennent tenter l'aventure, parce que c'en est une. Il a besoin de voies de communication à même de permettre une mobilité aisée pour que les échanges puissent se faire facilement. Il faut plus d'une heure et demie pour un véhicule de gros tonnage, notamment les semi-remorques, pour aller de Draâ El Mizan aux Issers. Cela est une perte de temps, donc d'argent pour l'investisseur. Par conséquent, les gens de chez nous vont ailleurs, à la recherche de l'accessibilité et ceux qui ne sont pas de la région ne peuvent pas être convaincus de venir investir ici », nous dit un habitant de Draâ El Mizan. La commune mixte de l'ère coloniale a enfanté Ali Mellah, Krim Belkacem, Amar Ouamrane, Ali Zamoum, Moh Nachid et d'autres encore. La population de cette région, qui a fourni la révolution de Novembre des centaines de de combattants, considère que l'Algérie indépendante, l'Algérie officielle s'entend, n'a pas été suffisamment reconnaissante à son égard. « La plupart des infrastructures routières de toute cette région datent de l'ère coloniale. Les ponts de la route reliant Boghni à Draâ Ben Khedda témoignent aujourd'hui encore, 45 ans après l'indépendance, de tout ce que je dis. La route elle-même n'est autre que l'ancienne voie ferrée réalisée par les Français. Ces ouvrages sont d'ailleurs si étroits qu'ils ne peuvent permettre une circulation dans les deux sens », ajoute notre interlocuteur. A M'kira, dans la daïra de Tizi Ghenif, un habitant nous explique : « La localité avait même le téléphone pendant la guerre de Libération nationale et qui sera supprimé à l'indépendance. Et ce n'est qu'en 2005 que nous avons eu droit à ce moyen de communication. Du temps des Turcs et des Français, les Iflissen (la tribu de la région) étaient empêchés de se rendre dans la capitale par la violence, et dans l'Algérie post-1962 le même effet est reproduit par l'exclusion. Pourquoi le chômage fait-il des ravages dans une région qui, théoriquement, est à une heure de route d'Alger et qui recèle des ressources qui, si elles étaient exploitées, feraient son bonheur ? Parce qu'il n'y a ni routes dignes de ce nom ni création d'emploi sur place. Tout le monde sait que la tendance est actuellement à la migration vers les villes à la recherche d'emploi. Mais si l'on offrait les moyens de se rendre dans les chefs-lieux de wilayas environnantes, Tizi Ouzou, Bouira, Alger, Boumerdès, voire Blida, les gens pourraient y aller le matin et revenir le soir. Il nous faut absolument une ligne ferroviaire pour cette vallée de Draâ El Mizan. Le pouvoir nous a assez confinés dans nos derniers retranchements. » A Draâ El Mizan, à Boghni et aux Ouadhias, les gens sont nostalgiques des années 1960 et 1970 « lorsqu'il n'y avait pas beaucoup de voitures sur les routes et lorsque celles-ci étaient suffisantes pour un trafic fluide et sans difficultés ». « Il y avait une ligne de transport de la défunte SNTV qui allait des Ouadhias à Alger en passant par Boghni, Draâ El Mizan, Tizi Ghenif, Chabet et les Issers. Il y avait du transport à toute heure et beaucoup d'habitants allaient travailler dans l'Algérois et rentraient le soir chez eux. La situation s'est maintenant dégradée », témoigne Ahmed, un militant démocrate de Draâ El Mizan. Les chauffeurs de taxi subissent les conséquences de ce recul. « S'il y avait une voie rapide entre Boghni et les Issers par Tizi Ghenif pourquoi irions-nous faire le détour par Draâ Ben Khedda ? La distance aurait été plus courte, le coût du voyage réduit et les échanges entre la capitale et notre région plus importants », dit-il.


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