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Soixante ans d'indépendance : Ariane perdrait son fil (2e partie et fin)
Le sous-continent indien en pleine effervescence
Publié dans El Watan le 21 - 07 - 2007

Les Indiens n'ont pas la mémoire courte, mais eux, qui en ont tellement entendu au sujet de leur pays, terre de tous les paradoxes, en ont fait peu cas. Ils doivent certainement rire de tous les commentaires qu'avait soulevés le premier essai nucléaire. En 1974, rappelle-t-on, l'Inde faisait exploser sa première bombe atomique.
Inde : De notre envoyé spécial
C'était en pleine guerre froide, et le sous-continent indien ne se portait pas bien du tout. En dépit de ce contexte, certains ne trouvaient pas grand-chose à dire. Ou plutôt, si. Un commentaire froid et sec, à la limite du mépris. « L'Inde est passée de la bouse de vache à l'ère atomique. » Ce n'est pas ce qui revenait le plus. Mais, en 2007, l'Inde a l'un et l'autre, c'est-à-dire les vaches et l'arsenal atomique. Les premières font toujours partie du paysage et régulent même une partie de la vie quotidienne. Mais, assurent de nombreux Indiens, le nombre tend à diminuer. L'approche est simple et les Indiens ont laissé faire, c'est-à-dire que les espaces de pâturage soient réduits par la forte poussée immobilière. On n'a pas idée d'introduire ces animaux dans des immeubles. Leur espace se rétrécit, et elles sont tout simplement renvoyées dans leur milieu naturel, la campagne. En cette période de course aux sources d'énergie, ce pays, décidément rarement à court d'idées, entend exploiter la biomasse, une énergie développée par le bétail. Et, encore là n'est pas le seule alternative que l'Inde entend exploiter pour combler son manque d'énergie. Les coupures d'électricité sont devenues fréquentes, et la seule parade pour les différentes industries et autres établissements, c'est le générateur d'électricité. Mais quel que soit son apport, il ne pourra jamais combler les besoins de plus en plus grands de ce pays. Et son économie en pleine expansion risque d'en manquer. C'est cela, aujourd'hui, la principale préoccupation du gouvernement de M. Manhoman Singh, celui-là même qui était ministre des Finances, en 1991, et qui devait gérer les restrictions, la crise financière, et éviter au pays une chute brutale. Cette année-là, et les Indiens ne risquent pas de l'oublier pour avoir marqué un tournant dans leur pays, les Américains lançaient leur guerre contre l'Irak pour l'amener à retirer ses troupes du Koweït qu'il avait envahi. Manhoman Singh fait ses comptes, ou, plutôt, ceux de la nation. Ils sont au plus bas. Autant dire que les caisses sont vides ou presque. Tout juste une semaine d'importations et une dette extérieure extrêmement lourde pour un pays important pôle politique, mais pratiquement sans ressources. Dans sa solitude, Manhoman Singh allait prendre une mesure qui était tout simplement impopulaire et risquée en même temps politiquement. Pour pouvoir payer ses créanciers et accorder un répit à l'économie, il avait décidé de gager l'or de son pays. Pas tout, mais quarante tonnes de ce précieux métal allaient, tout de même, prendre les chemins de la Banque d'Angleterre. L'affaire a été décidée puis conclue dans le plus grand secret. Du moins, croyait-on, car la presse a dévoilé ce secret. Mais trop tard, et il n'y avait de place que pour les commentaires. En Inde, l'or a une forte charge symbolique. Toutes les familles en ont quand elles peuvent, bien entendu, et cela pour faire face à d'éventuels coups durs. Et le pays en a reçu plein. Et même beaucoup. Comme au cinéma, c'est la fin d'un épisode. Celui qui allait suivre est encore plus palpitant. Il est toujours signé par celui qui a pris la décision difficile de gager l'or indien. Manhoman Singh, a, en effet, engagé la libéralisation de l'économie de l'Inde, et le résultat certainement le plus spectaculaire est le peu d'empressement à récupérer cet or. Non pas que l'Inde manque de moyens pour engager cette opération, mais pour ses responsables, il n'y a plus la moindre urgence et les priorités sont ailleurs. Manhoman Singh gère aujourd'hui la croissance pour éviter ce qu'on appelle communément une surchauffe. En réalité, l'Inde est, aujourd'hui, à un point tel de son développement qu'elle s'octroie certaines libertés en matière de dette extérieure et de déficit commercial. La première représente aujourd'hui 16% du PNB (produit national brut) contre 35% en 1991. La dette intérieure est, quant à elle, élevée puisqu'elle représente 75% du PIB (produit intérieur brut). D'une manière plus générale, les Indiens alignent des chiffres qui font rougir, sinon qu'ils donnent le vertige. En 2006, l'Inde avait la quatrième plus grande économie en termes de pouvoir d'achat. Au plan global, elle était toujours, en 2006, la dixième puissance économique mondiale. Mais, comme tout est relatif, ces chiffres ne font pas encore de l'Inde un pays développé. L'Etat indien est pauvre, mais l'Inde compte un million de milliardaires, mais aussi le tiers de la population pauvre de l'ensemble de la planète. Et encore qu'il faille définir la pauvreté. Comment les Indiens la perçoivent-ils, et sur quels critères ? Deux mondes qui se côtoient, souvent, sans se regarder. Mais entre les deux, une classe moyenne qui se développe à une allure vertigineuse avec entre 30 et 35 millions de nouveaux venus chaque année. Elle compte, aujourd'hui, plus de trois cents millions d'Indiens heureux d'être passés du bon côté de la barrière. Celui qui leur évitera les vicissitudes de la vie avec souvent au bout comme une bouée de sauvetage, l'exil. De ce point de vue, l'avantage est double, puisque le pays est gagnant en gardant son élite. Onze millions d'emplois ont été créés durant ces trois dernières années, dont 95% dans le secteur privé. Deux chiffres pour bien situer cette évolution : six millions de téléphones portables sont vendus chaque mois. Ou, encore, quatre-vingt mille véhicules sont écoulés chaque mois. Seulement, sept personnes sur mille ont une voiture, alors que ce chiffre est de un pour deux en Europe. Plus généralement, et comme l'attestent les différentes offres, y compris pour les loisirs et le tourisme, la classe moyenne aux revenus allant jusqu'à 17 000 euros par an, affiche un appétit que l'on dit insatiable. C'est elle qui tire la croissance vers le haut, et elle a triplé en vingt ans. Seule la Chine fait mieux. Et même beaucoup mieux, comme le constatent certains Indiens qui font remarquer que les produits chinois reviennent moins cher en Inde. Il y a encore des gains à faire. Cette fois, la motorisation est réellement un signe de développement, même si elle n'a pas encore tué les moyens de locomotion traditionnels ou effacé cette image de trains aux portes qui ne se ferment jamais. La plupart des voitures (asiatiques et européennes) sont fabriquées sur place. Elles sont visibles sur le réseau routier indien qu'elles ont contribué à encombrer, car, visiblement, peu préparé à un tel boom. Ce qui explique les grands travaux routiers avec d'impressionnants échangeurs. Tous les plans sont chamboulés. Ils sont dépassés dès leur élaboration. Où que l'on aille en Inde, un seul credo est développé :“être le meilleur sinon parmi les meilleurs”. Autant dire que l'ambition ne manque pas à un point tel que l'Inde tout autant que la Chine n'est pas seulement un sujet de discussion, mais davantage de préoccupation. Un de ses plus illustres capitaines d'industrie, Mittal, a été à son corps défendant l'élément central d'un feuilleton à rebondissements qui a fait perdre à l'Europe ses bons principes en matière de libéralisme. Alors même qu'il voulait acquérir le groupe sidérurgique européen Arcelor, il lui a été opposé le patriotisme économique. Mittal a mis le prix et obtenu gain de cause. C'est, là, l'une des preuves de la crainte des pays riches de se voir contraints de vendre leurs “bijoux de famille”, ou, plus clairement, de se voir envahis par ceux-la mêmes qu'ils dominaient il n'y a pas si longtemps. Le constat que dresse l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) se passe de tout commentaire. Les entreprises des pays émergents comme la Chine et l'Inde ont investi quelque 115 milliards de dollars hors de leurs frontières, principalement dans les pays de l'OCDE, souligne un rapport de cette institution qui relève, au passage, que « l'expansion internationale de grandes entreprises internationales issues des pays émergents constitue une thématique nouvelle et importante dans le paysage de l'investissement mondial ». Les grandes entreprises indiennes ne cessent de se développer puisqu'en 2006 elles ont dépensé un montant record de 23 miliards de dollars pour racheter des concurrents étrangers. En conséquence, se demande-t-on dans les milieux occidentaux, « quel sera l'impact du décollage indien ? ». Ou encore, qu'“après la Chine, l'Inde fait peur”. Mais, à qui et pourquoi ? Face à de telles inquiétudes, il y a tout de même des certitudes, celles que semblent partager les dirigeants indiens, et qui donnent cette incroyable sérénité. La Banque asiatique de développement est formelle : d'ici 2020, les pays d'Asie en finiront avec la pauvreté et leur produit intérieur brut global représentera 45% du PIB mondial. Les auteurs de l'étude pensent que d'ici à 2020, le continent asiatique sera peuple à 90% de gens vivant dans des pays à revenus moyens et que le problème de la pauvreté absolue sera pratiquement réglé. L'Inde en est l'un. C'est même un pôle majeur pour avoir enregistré le plus fort taux de croissance depuis 18 ans. Entre avril 2006 et mars 2007, le taux de croissance était de 9,4%. Une progression du PIB jamais vue en 18 ans, estime l'Office indien des statistiques. Dans l'Inde des paradoxes, il y a des chômeurs sans emploi et de l'emploi sans travailleur. Conclusion : l'Inde se lance dans la délocalisation. Du jamais vu, parce qu'il faut bien que les secteurs à forte croissance continuent de croître. Certains ont atteint le taux surréaliste de 100% par an, et les exportations de biens et de services se sont accrues de 20% depuis vingt ans. Cela est principalement le fait de secteurs à très forte valeur ajoutée, comme l'aéronautique, l'espace, l'informatique et la pharmacie. En quelques années, la Bourse de Bombay a pris des couleurs et affiche une incroyable santé. Son indice, le fameux sensex (Bombay stock exchange sensitive index) explose, et vient d'atteindre les 15 000 points. Mis en place en 1986, il a été tout simplement multiplié par cent en vingt et
un ans. Du jamais vu. Mais l'Inde a son talon d'Achille. C'est l'agriculture qui fournit à peine le quart du PIB, tout en employant 65% de la population active. Beaucoup, surtout par rapport à ceux de ses partenaires de l'OMC (Organisation mondiale du commerce) qui veulent l'amener à réduire ses droits de douane.
La « révolution indienne »
Six années de négociations viennent de tomber à l'eau et le ministre indien du Commerce, auteur de ce clash, a eu droit à des félicitations, mais aussi à des recommandations : « L'Inde doit se préoccuper des besoins particuliers de notre agriculture, le secteur le plus fragile de notre économie », estime la fédération des Chambres de commerce et d'industrie. Pour la même source, l'agriculture « est la colonne vertébrale du pays ». Les productions de blé et de riz stagnent depuis dix ans, et l'Inde a dû en importer l'année dernière. L'autre signe du malaise est donné par ces milliers de paysans cotonniers criblés de dettes qui se sont suicidés ces dernières années. Tout n'est donc pas aussi idyllique comme le laisseraient supposer ces chiffres qui assomment véritablement ou ce développement frénétique de l'immobilier. Des buildings sortent de terre un peu partout en Inde, jusque et y compris au sein des bidonvilles comme à Bombay. Une manière certainement de repousser ces ceintures de la misère. Mais, déjà, la spéculation. Qui peut s'offrir un espace dans ces nouvelles constructions ? Réponse presque unanime : des firmes internationales, car les riches indiens n'ont pratiquement plus aucun besoin. C'est donc un véritable chamboulement, même au plan alimentaire, avec la présence des chaînes de restauration rapide. Au plan externe, l'apport de l'Inde sera encore plus important, et l'année prochaine sera celle de ce pays avec une mission spatiale vers la Lune. Rien que cela. C'est ISRO, la Nasa locale basée à Bengalore, dans le sud du pays, qui met en application un programme spatial envisagé dans les années soixante, avec pour objectif d'être le numéro deux pour les programmes civils. Elle compte 16 500 employés dont 12 000 chercheurs. Et du point de vue technologique, nous a-ton assuré sur place, elle est totalement indépendante. Elle a déjà mis au point deux types de lanceurs de fusées, compte plusieurs clients, et a déjà réussi quatre lancements. Un succès pour l'Inde mais des soucis pour la concurrence, puisqu'à qualité égale, le choix sera dicté par le prix. Non loin de là se trouve le site de HAL (Hindustan aeronautics limited) qui produit différents types d'avions de guerre, de transport de troupes ou de civils. Tout, indique-t-on, est produit localement. Bengalore, c'est aussi la Silicon Valley indienne. Elle est même plus grande avec ses 150 000 ingénieurs au moment où le site américain en compte 120 000. De gros progrès ont été enregistrés dans la micro-informatique, l'informatique de haute performance, et le débat porte, déjà, sur le futur tout proche. L'Inde veut tout simplement être le premier mondial. Elle s'est donné les moyens avec des formations de très haute qualité, mais aussi à grande échelle, d'ingénieurs et de techniciens, avec depuis plus de dix ans, 500 000 ingénieurs de haut niveau chaque année. Et ce n'est pas tout. Une firme pharmaceutique indienne s'apprête à mettre sur le marché de l'insuline sous forme de gélules. Une révolution, mais l'Inde est aussi le premier producteur et exportateur de médicaments génériques au monde. D'une manière plus générale, la révolution indienne, si l'on peut l'appeler ainsi, a introduit de nouvelles mœurs et de nouveaux comportements. Peut-être pas suffisant pour rattraper les temps glorieux d'il y a trois siècles, quand l'Inde occupait le premier rang mondial avec 22,6% du revenu de la planète. C'était exactement en 1700, et le monde ne comptait pas d'autres puissances et d'autres rapports. Finis les monopoles exercés par des entreprises strictement familiales malgré leur taille comme Birla ou Tata. Des empires qui ont réussi leur mutation et leur diversification. Leur externalisation aussi. Comme le second, fort de ses 96 compagnies dans sept secteurs d'industrie, et une présence dans cinquante pays, avec au total 246 000 employés. C'est un capitalisme d'un genre nouveau pour les Indiens, bien entendu, avec le développement des sociétés par actions. Malgré tout, et ils ont tout intérêt à le faire, les Indiens gardent les pieds sur terre, car il reste énormément à faire, surtout au plan social où le vide est sidéral. Avec cinq cent mille nouveaux cadres sur le marché chaque année, c'est un pas de plus vers le changement des mentalités. C'est ce que les Indiens souhaitent et leur pari pour les prochaines années. Enfin, un des paris, car certainement le premier d'entre eux, et ils ne s'en cachent pas, c'est d'être les meilleurs, ou parmi les dix premiers dans le monde.


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