Ils sont bien tristounets les locaux du Pari sportif algérien (PSA) de Annaba en ce mois de juillet. On n'y entend plus le bruissement des feuilles des grilles de jeux, que des étudiants et des jeunes chômeurs triaient et scrutaient studieusement durant la saison sportive. Il n'y a plus aussi ce bruit typique des tiroirs-caisses qui s'ouvrent et se referment aux rythmes des sommes versées par les parieurs des différents pronostics et autres jeux assimilés, mis sur le marché par le Pari sportif algérien. Derrière les guichets ou les bureaux imprégnés d'une forte odeur de nicotine accumulée durant des années, on s'ennuie à attendre des clients qui ne viendront pas. La moindre entame d'une discussion avec l'un des préposés entraîne vers le même sujet où se mêlent pronostiqueurs heureux et malheureux de tous les âges, des deux sexes et de toutes les classes sociales. Ici, on ne parle que de résultats pair/impair. C'est-à-dire le « 13 » gagnant ou à défaut, un chiffre plus bas. On parle également du montant de la cagnotte. « Elle est belle cette semaine car elle est riche d'une belle dot ». « A-t-elle trouvé un mari ? Est-il riche ou pauvre ? », « Il est originaire de quelle région ? », se risquent à dire à haute voix des mordus du PSA en parlant de la cagnotte ou de l'heureux gagnant. Le PSA aujourd'hui Unité pronostics et jeux assimilés (UPJA) de Annaba, qui regroupe la wilaya d'El Tarf, ne lâche rien. Erriadhi, Kora Sport, Kora Plus, Euroscope, Super Kora, Multi-Chances et Goumri sont des jeux qui attirent grand monde. Aux seuls guichets de cette agence qui comptent 23 revendeurs à Annaba et 26 à El Tarf, on comptabilise quotidiennement 300 pronostiqueurs qui viennent tenter leur chance pour décrocher le gros lot. Mais il n'y a pas que les hommes. Un guichet est réservé aux dames « accros ». Deux d'entre elles y étaient. La première d'un certain âge, modestement vêtue et maîtrisant bien la langue de Molière, n'éprouve apparemment aucun regret quant elle affirme : « Je joue régulièrement 100 DA depuis une quinzaine d'années. Chaque dimanche je me dis que cette fois, je vais décrocher le gros lot. Une seule fois j'ai réussi à faire un gain de 1000 dinars. Je ne désespère pas de gagner un jour. »Sa passion semble être stimulée par le duplex et la voiture de luxe qu'offre le jeu Goumri à ses gagnants. Moufida. F. est une autre habituée des jeux de l'UPJA. Sa situation de jeune fille issue d'une famille aisée de Annaba ne la gêne pas pour donner libre cours à sa passion et pour, dira-t-elle « tenter d'améliorer mes conditions de vie ». Il y a aussi des hommes aisés devenus accros du PSA. C'est le cas pour ce riche industriel du secteur de l'agroalimentaire. Il s'est présenté au guichet avec une grosse liasse de billets de 200 DA. Toutes les opérations du concours sont rigoureusement suivies pour éviter les réclamations préjudiciables à la crédibilité de l'UPJA. C'est ainsi que de nombreuses tentatives de fraude ont été éventées par les membres de la commission de contrôle. Les innovations se poursuivent au niveau de la direction générale du PSA qui prévoit pour, très prochainement, la mise sur le marché de nouvelles grilles de jeux.
