Sélectionné comme établissement pilote dans le cadre de la réforme hospitalière, l'hôpital Mustapha Bacha à Alger se prépare justement pour répondre et accompagner les exigences de cette réforme. Laquelle ne peut se faire sans la restructuration des structures de santé qui constituent l'ossature fondamentale du système de soins. L'urgence de réformer l'hôpital est réelle et nécessaire pour se conformer aux changements et aux nouvelles technologies. L'Algérie est désormais dotée d'un hôpital virtuel, mais faudrait-il que les structures existantes soient prêtes à accueillir cet espace avec tous les moyens nécessaires. La réhabilitation des infrastructures hospitalières est aujourd'hui indispensable. La décision de lancer la réforme du système de santé prise par le gouvernement en juillet 2002 a mis les gestionnaires et les professionnels devant leurs responsabilités, et le rendez-vous est pris pour la fin de l'année 2005.Qu'en est-il réellement ? L'hôpital Mustapha est l'un des établissements de la capitale qui pourrait être prêt à accueillir les grandes orientations de la réforme. Vu l'importance de ses infrastructures et les différents services, cet hôpital est actuellement à pied d'œuvre pour finaliser un programme établi depuis près de deux années. Les projets de rénovation des structures en place sont pratiquement réalisés à près de 50%. D'autres projets sont actuellement en étude et plusieurs services sont concernés. Il est question de procéder à la rénovation et même à la démolition de certains services et de les reconstruire après. La direction de l'hôpital, en étroite collaboration avec le conseil scientifique de l'hôpital, a de prime abord identifié les priorités qui étaient au départ l'assainissement financier de l'établissement. La commission de suivi constituée de l'administration et des membres du conseil scientifique ont établi un programme de rénovation qui concerne tout l'hôpital en matière d'infrastructures et d'équipements. « Nous devons nous préparer à la réforme du système de santé, mais il est d'abord urgent de commencer par la réforme de l'hôpital. C'est ainsi qu'un programme de réhabilitation de plusieurs services est engagé. Il est temps de procéder à leur mise à niveau pour en faire des services de référence et les réadapter en fonction des nouvelles pathologies prises en charge par la greffe rénale, celle de la cornée et l'implant cochléaire. Il est important de signaler que notre établissement n'est pas seulement curatif mais il assure la formation et la recherche », soulignent M. Dahar et Pr Hafiz, respectivement directeur de l'établissement et président du conseil scientifique et chef de service de maxillo-facial. La réhabilitation a touché plusieurs services que ce soit au niveau des infrastructures ou des plateaux techniques. Humaniser les lieux A ce jour, près d'une dizaine ont subi des transformations et pas des moindres. Adaptés aux nouvelles technologies, les services de chirurgie infantile, ORL, maxillo-facial, ophtalmologie, cardiologie A et B, le laboratoire central, la maternité, la néonatalogie et la dermatologie ont subi des transformations remarquables. Une virée dans certains de ces services nous a permis de constater la réfection avec une architecture qui nous fait oublier les longs couloirs sombres et les chambres étroites. Peints avec des couleurs gaies, différentes de celles classiques des hôpitaux (blanc sale et bleu), les salles de soins, les blocs opératoires ainsi que les chambres sont éclatants. Le cas du service chirurgie infantile est édifiant. Les petits bambins hospitalisés n'ont rien à envier à ceux qui sont pris en charge dans des cliniques privées ou ailleurs (voir encadré). Equipés pour la plupart d'appareillages neufs, ces services font penser aux établissements privés que ce soit pour la literie, l'hygiène ou l'accueil. Le réaménagement des espaces verts entourant plusieurs bâtisses est également programmé. Le malade, signale M. Dahar, a besoin également de se rendre dans des endroits agréables à l'intérieur de l'hôpital. Des petits jardins recouverts de gazon et entourés de hauts arbres feront le bonheur de beaucoup de malades. « Nous sommes dans l'obligation de travailler sur ces aspects qui constituent les principaux objectifs de la réforme hospitalière. D'ailleurs, une instruction ministérielle datant du mois de mai dernier recommande de prendre en urgence toutes les mesures nécessaires pour l'humanisation, l'accueil des citoyens, le séjour des patients, les prestations offertes, l'hygiène en général et la prévention et la lutte contre les infections nosocomiales en particulier », ajoute M. Dahar. Cette instruction exige l'élaboration et la mise en œuvre d'un programme d'actions avec un échéancier d'exécution en mobilisant en priorité toutes les ressources humaines et matérielles nécessaires. Un bilan hebdomadaire, sous forme d'un rapport sur l'état d'avancement du programme, doit être transmis au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. « La commission mixte a engagé une course contre la montre pour réaliser tous les aménagements et la mise en place de toutes les commodités pour assurer une qualité de soins pour tous les Algériens. Le renouvellement des équipements, surtout au niveau des services de réanimation, des blocs opératoires et du centre d'imagerie médicale nous permettra de renforcer l'hôpital du jour de réduire la durée de séjour », diront nos interlocuteurs. L'humanisation de ces endroits est pour le directeur de l'établissement l'une des priorités à prendre en charge en commençant par le bureau des admissions qui fonctionne aujourd'hui avec un service informatique (11 postes) intégré dans un réseau local qui relie tous les services. « C'est ainsi que les dossiers des malades sont suivis sans difficulté », dira Pr Hafiz. Le calcul du coût pour chaque malade sera facilement établi. Cela constitue un des moyens pour répondre aux exigences de la réforme qui passe, entre autres, par la contractualisation fixée par un décret datant du mois d'avril 2004. Ce décret fixe les modalités de versement de la contribution des organismes de la sécurité sociale au financement des budgets des établissements publics de santé. « Une fois les services et les infrastructures prêts, nous passerons à la prochaine étape qui est la prise en charge des malades. Les supports de gestion sont en place et nous souhaitons être au rendez-vous », concluent-ils. Il est à noter que la réforme hospitalière telle qu'elle a été présentée par le gouvernement et l'ex-ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelhamid Aberkane, a pour objectif global l'amélioration de la prise en charge de la santé des Algériens et la valorisation des personnels qui travaillent dans le secteur.
