A l'ouverture de la journée parlementaire du Rassemblement national démocratique (RND), tenue hier à Alger, le secrétaire général du parti, Ahmed Ouyahia, a explicitement critiqué la politique socioéconomique du gouvernement Belkhadem, tout en pointant un doigt accusateur vers les « lobbies » qui paralysent le processus de développement national. D'emblée, l'ex-chef du gouvernement souligne que la politique sociale « a montré ses limites », en relevant que la gestion a compliqué davantage les tensions socioéconomiques. Il cite le cas de la pomme de terre dont il plaide pour un traitement dans un cadre global et non conjoncturel. « Pourquoi le gouvernement ne procède-t-il pas à la suppression des taxes douanières et de la TVA sur les semences pour encourager les agriculteurs ? », s'interroge-t-il pour critiquer les mesures prises pour l'importation massive de la pomme de terre. Aussi, ajoute-t-il, « à en croire certaines informations, des personnes ayant obtenu le permis d'importation de la pomme de terre sont connues dans les milieux de la fraude fiscale ». Puis vient la sentence de M. Ouyahia : « L'économie nationale est accaparée par des lobbies. » « Des lobbies qui jouent sur la stabilité et la fragilité du développement, en dépit de la situation financière favorable », dira-t-il, en expliquant cette fragilité par l'inexistence d'un développement économique réel. Pour le SG du RND, « les lobbies des finances et maffieux enveniment le processus de développement économique depuis deux décennies par le truchement de la fraude fiscale et douanière ». Conséquence directe : démobilisation des producteurs nationaux. Dans sa lancée, M. Ouyahia fait état de complicité au niveau de l'Administration dans le pillage de la richesse nationale et de l'argent public, en appelant les autorités à combattre ces lobbies avant qu'ils ne deviennent des monstres. Il a par ailleurs réprouvé la politique de la solidarité menée par le ministre Djamel Ould Abbès, en avouant que « les Algériens ne sont pas faits pour quémander des couffins à longueur d'année ». Sur le chapitre purement économique, il indique que la flambée des prix sur le marché mondial nous dicte de réguler le marché national, tout en appelant à revoir la méthode dans l'importation. Dans ce sens, il plaide pour la création d'un organisme public pour les importations dans des situations exceptionnelles. « Il faut une bonne gouvernance dans les importations et l'Etat doit maîtriser le marché », a-t-il conclu. Par ailleurs, le chef du RND s'est dit favorable pour une augmentation des salaires de la Fonction publique, pour peu que cette mesure touche également le secteur privé. Abordant la situation sécuritaire, M. Ouyahia a réaffirmé que le terrorisme vit ses moments de déclin, en soulignant la poursuite de la lutte contre ce fléau ainsi que la poursuite de l'application de la réconciliation nationale. Selon lui, cette politique a porté ses fruits dans la prise en charge tant des familles des victimes de la tragédie nationale que des repentis. Il invite la classe politique à dégager un consensus franc en faveur de la réconciliation nationale, « sans toute surenchère qui sème la confusion au sein de l'opinion publique ». Pour les élections locales du 29 novembre, le leader du RND affirme que le parti est arrivé à un stade avancé dans l'élaboration des listes des candidats, avant d'exprimer sa satisfaction de l'amendement de la loi électorale et de l'initiative du ministre de l'Intérieur pour l'assainissement des listes électorales.
