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Aït Ahmed vu par les siens
18 ans après sa visite à son Village natal
Publié dans El Watan le 05 - 09 - 2007

Pour préparer un exposé sur Aït Ahmed, je me suis documenté sur internet. Il n'y a rien dans nos livres d'histoire. On m'a aidé à traduire du français à l'arabe. » Samir a 16 ans, il est collégien.
Il a lui-même pris l'initiative de consacrer son exposé à l'homme historique. Hocine Aït Ahmed, c'est son voisin, même s'il ne l'a jamais rencontré. « On nous a demandé de présenter une personnalité du village ou de la région, j'ai choisi Aït Ahmed », dit-il. Le prof n'a pas dit non, mais les manuels scolaires ne lui ont été d'aucun secours. L'exposé a été présenté en cours d'arabe. Etonnante distance avec le cours d'histoire, censé apprendre aux plus jeunes le passé du pays et le combat des aînés. « Ils ont leur propre version de l'histoire à enseigner », commente l'unique commerçant du village, qui vend des portraits de cheikh Mohand Oulhoucine, l'illustre saint tutélaire du village, et des chapelets achetés aussi bien par de vieilles personnes pieuses que par des jeunes qui espèrent se prémunir contre les dangers de la route. Les visiteurs se font rares. L'emblématique fils du village était pourtant arrivé la veille à Alger. « Possible qu'il vienne au village aujourd'hui ou demain », ajoute le commerçant, qui formule un souhait plus qu'une information. Le village Aït Ahmed est à 10 km du chef-lieu de la commune d'Aït Yahia, dans la daïra de Aïn El Hammam, à 50 km de Tizi Ouzou. Une commune de 22 000 habitants, qui commence à peine à aménager son cadre urbain. La stèle de Belaïd Aït Medri, l'une des victimes du maquis de 1963, trône au centre du chef-lieu, à quelques mètres d'un barrage militaire fixe. Le buste a été écorné récemment par des mains malveillantes. Dans la commune, il n'y a ni cybercafé ni bar, une exception en Kabylie. Pour aller au village Aït Ahmed, il faut emprunter une route amochée par des décharges sauvages, qui déstabilisent le regard du visiteur. Une possible visite de Hocine Aït Ahmed dans son village n'a visiblement pas été préparée par les autorités locales. Insensible au cours des événements politiques, le village ne se départit pas de son climat de recueillement. Le mausolée blanc du cheikh vénéré domine la place du village et chaque éclat de voix semble déranger la quiétude des 500 habitants du hameau. L'enthousiasme se lit toutefois sur les visages. L'on est au courant de l'arrivée d'Aït Ahmed à Alger même si l'on ignore parfois la tenue d'un congrès du FFS. « Nous voulons le revoir », disent les jeunes. Ils ne l'ont pourtant vu, pour beaucoup, que sur des portraits, dans les journaux, dans des expositions ou sur internet.
Fierté d'appartenir au village d'un chef historique
Sa dernière visite au village remonte à décembre 1989, lors de son retour au pays après 23 ans d'exil. Cela fait 18 ans déjà. Un séjour de 11 jours qui a marqué l'esprit des villageois. Le regret de cette longue absence et de cet éloignement qui se compte en décennies transparaît dans certains propos, mais vite évacué. On exprime plutôt la fierté d'être du village natal de l'un des chefs historiques de la guerre d'indépendance. On justifie de bonne grâce l'absence prolongée de l'aîné. « Il n'a pas la santé de recevoir des centaines de personnes par jour. En 1989, les gens attendaient des heures pour aller le saluer. Il recevait les visiteurs du matin jusqu'au soir. C'est éprouvant pour lui », expliquent les jeunes. Ils excusent volontiers le chef de se confiner dans le protocole serré d'Alger. « On sait qu'il est de tout cœur avec nous, comme il est dans le nôtre », disent-ils. Les moins jeunes se souviennent des mots échangés avec cet homme rentré d'un long exil helvétique et qui est entré naturellement dans ses habits de villageois. « Un soir où il était avec nous sur la place du village, il a parcouru du regard les alentours et il m'a montré un olivier sous lequel il tendait les pièges aux oiseaux, quand il était enfant. On était frappé par son naturel et sa modestie », dit un homme, la quarantaine. Des jeunes tentent de se souvenir de bribes d'histoire, du parcours de cet homme qui a marqué la vie nationale avant et après l'indépendance. Le déficit en connaissance de l'histoire n'est pas comblé par les nouveaux médias, qui suppléent au vide de la scolarité. L'école algérienne a réussi le black-out sur des pans entiers de l'histoire du pays et des personnalités à l'avant-garde des luttes. Le parcours du diplomate de la révolution est parfois réduit à l'attaque d'un bureau de poste en 1949 ou, au mieux, à son arrestation suite à un détournement d'avion en 1956 par les autorités coloniales. L'histoire reste à enseigner, les acteurs des événements sont éloignés des jeunes générations par des conjonctures politiques qui enchaînent les crises et les conflits. Prestige du passé, difficultés d'aujourd'hui. Du combat politique d'hier à la vie quotidienne d'aujourd'hui, la désillusion est énorme. Les sacrifices passés n'on pas amené, pour l'heure, une vie meilleure dans les villages. Les jeunes d'Aït Ahmed ne tarissent plus quand on les interroge sur leurs conditions de vie. Les requêtes pleuvent. Il devient même de plus en plus difficile de circuler, de rejoindre le chef-lieu. Rongée par des glissements de terrain, la route menant au village Aït Ahmed est réduite à l'état de piste, à une seule voie. Dans ces conditions, la venue du président du FFS est matériellement difficile à organiser. « Cela fait trois ans que l'on a saisi l'APC, ils sont jamais venus voir. La route rétrécit chaque jour et elle ne va pas tenir l'hiver prochain. Il suffit pourtant de la gabionner », dit un homme d'un certain âge. Le laisser-aller frise le sacrilège, car il est permis de couper toutes les routes sauf celle qui mène au mausolée de cheikh Mohand, destination de milliers de pèlerins durant toute l'année. Les collégiens et les lycéens sont transportés sur un camion pour rejoindre leurs établissements, et le taxi coûte 500 DA pour transporter un malade à l'hôpital de Aïn El Hammam, sur une quinzaine de kilomètres. Le dispensaire du village a fonctionné jusqu'en 1998. Un infirmier assurait le fonctionnement de la structure et un médecin était présent une fois par semaine. Le secteur sanitaire a récupéré son personnel et le dispensaire a été fermé.
Défaite électorale
L'APC s'est empressée d'y installer une « famille sinistrée », avec l'appui de la force publique, racontent les villageois. La localité est oubliée des autorités même en cas de détresse. « Mercredi dernier, un feu de forêt a menacé les habitations, les pompiers ont envoyé un petit véhicule avec une citerne de 500 litres. Ils nous ont dit que c'est à nous de demander plus de moyens pour renforcer la Protection civile de Aïn El Hammam », relate un jeune du village. La déception vis-à-vis de la gestion des affaires locales est grande. Pourtant, les élus sont issus du plus vieux parti d'opposition. Des élections presque mécaniques, grâce à l'aura du président. « Les élus du FFS sont reconduits à chaque échéance tant que Aït Ahmed est vivant, même si cela ne change rien à notre vie », dit Mustapha, 26 ans, étudiant à l'université de Tizi Ouzou. Le crédit du leader fait reconduire les élus locaux à chaque rendez-vous électoral, sauf boycott du parti, sans tenir compte du bilan ou du programme. Mais il arrive que le ras-le-bol des citoyens pulvérise une légitimité politique ancrée depuis des décennies. Comme ce fut le cas lors des élections partielles de novembre 2005, où c'est le RND qui a remplacé le FFS à l'APC voisine de Aïn El Hammam. Un coup de semonce qui a mal fait réagir la direction du parti. Mustapha, l'étudiant, se souvient avec amertume de la réplique d'un dirigeant du parti lors d'une conférence-débat organisée à l'université de Tizi Ouzou. « Un étudiant avait posé une question sur la défaite du FFS à Aïn El Hammam et le responsable politique a rétorqué : Y a quoi à Aïn El Hammam ? Y a un virage et un bâtiment ! » Une réponse dédaigneuse qui a meurtri les étudiants issus de la région. On leur apprenait que leur localité n'est qu'un no man's land sans intérêt politique. Les responsables du parti ne pouvaient pourtant pas ignorer qu'une défaite électorale à Aïn El Hammam n'était pas banale et interpellait vivement les instances dirigeantes. L'éloignement du président est sans doute compris et accepté par les militants de base, mais l'on admet que cela est l'une des raisons des difficultés organiques ayant secoué les structures. « Il est mal informé de la situation », disent les proches du parti, qui gardent une foi intacte en leur leader, malgré leur défiance non dissimulée vis-à-vis de la direction. La sérénité au village Aït Ahmed tranche avec l'effervescence qui entoure le personnage Aït Ahmed à Alger, 150 km plus loin. Les visiteurs quittent ce petit village des hauteurs de Aïn El Hammam avec le sentiment d'avoir accompli un double pèlerinage, au saint tutélaire des lieux et à l'homme politique à qui le cours de l'histoire finit toujours par donner raison.


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