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Mohamed Kacimi (Romancier et dramaturge)
Se rire de l'écriture et du monde
Publié dans El Watan le 20 - 09 - 2007

Homme de lettres complet, c'est sur les scènes de théâtre du monde que son écriture prend de l'ampleur et du poids.
Cet été, du Festival d'Avignon, nous sont parvenus les échos de la pièce intitulée Le jour où Nina Simone a cessé de chanter, de l'actrice libanaise Darina Al Joundi. C'est vous qui avez mis en mots ce monologue fondé sur le récit de sa propre vie marquée par la guerre ?
Je travaille sur le Liban depuis des années. Je suis conseiller cette année de la manifestation littéraire « Les Belles étrangères », qui concerne ce pays. Dans ce vaste goulag qu'est le monde arabe, le Liban reste aujourd'hui, en dépit de tous les problèmes, un îlot inespéré où l'on retrouve toutes les libertés. Ma rencontre avec Darina Al Joundi prolonge cette « passion libanaise ». Elle m'a livré son récit d'enfant de la guerre, élevée par un père de gauche qui voulait qu'elle soit une femme entièrement libre et qui va découvrir, à la fin, toutes les pesanteurs de la religion. Ce spectacle a eu un grand retentissement durant le Festival d'Avignon. Nous en tirons une version roman qui sortira chez Actes Sud en janvier 2008.
Vous semblez désormais entièrement installé dans l'écriture théâtrale. La poésie et le roman ne vous conviennent-ils plus comme genres ou s'agit-il seulement d'un moment de votre écriture ?
Comme je n'ai jamais pris la littérature au sérieux, j'écris pour rire, rire de l'écriture et surtout de ce monde de fous que nous vivons aujourd'hui. C'est vrai que depuis que j'écris pour le théâtre, j'ai une passion pour cette écriture tactile, la sensation de toucher, de jouer avec la chair du public. Mais je reviens au roman avec le récit de Darina. Par ailleurs, j'aime aussi écrire pour les enfants. Je crois qu'un écrivain n'est pas sérieux tant qu'il n'a pas écrit pour l'enfance. Dans ce registre, je sors un roman sur Cléopâtre aux éditions Milan et un autre sur Alger chez Gallimard.
Comment avez-vous vécu votre expérience romanesque après Le Mouchoir (L'Harmattan, 87) et Le Jour dernier (Stock, 95) ?
Ce sont deux expériences différentes. En 1978, je me retrouvais dans un café avec Dorban et Dahou et là, ils dessinaient, en cachette, les pires choses sur l'Algérie de Boumediène. Nous avions pour projet de prendre l'avion et de larguer ces atrocités sur la ville au moment du décollage. En arrivant à Paris, je me suis souvenu de cette histoire. J'ai écrit Le Mouchoir pour vider mon sac, dans un grand éclat de rire, et surtout pour rompre avec le lyrisme insupportable qui caractérisait la littérature dite maghrébine à l'époque. Quant au Jour dernier, c'est un roman noir, écrit en 1995, sur une Algérie qui ne me faisait plus rire du tout.
Vous-vous êtes plusieurs fois insurgé contre l'expression « écrivain algérien », telle que pratiquée dans le champ éditorial et médiatique français surtout. Vous la considérez comme une sorte de ghetto conceptuel...
Cette expression est une assignation à résidence. Elle me fait penser au lecteur du Seuil qui dit à Kateb : « Pourquoi vous n'écrivez pas sur les moutons, vous avez de beaux moutons en Algérie ? » Je me suis retrouvé un jour chez Stock, avec un roman sur Paris et l'éditeur qui me demande : « Comment ? Vous êtes de Bou Saâda et vous ne me faites pas deux chapitres sur les Naïliates ? » En même temps, c'est une position de principe, ayant quitté l'Algérie, il y a plus de 25 ans, je ne peux pas prétendre parler et écrire sur un pays dont j'ignore les réalités d'aujourd'hui.
De Paris, comment percevez-vous le monde des lettres et de l'édition en Algérie ? Entretenez-vous des liens avec ses acteurs, vous tenez-vous informé ?
J'ai dirigé en 2003 l'édition des Belles étrangères consacrée à l'Algérie, ce qui m'a permis de faire connaître au public français une nouvelle génération d'auteurs, tels Mehdi Acherchour, Habib Ayyoub ou Mustapha Benfodil dont j'aime le talent foisonnant et baroque.
Vous avez écrit le texte de l'adaptation théâtrale de Nedjma, mise en scène par Ziani-Chérif à la Comédie française en 2003, Année de l'Algérie en France. C'était un pari à la fois beau et risqué...
C'était un pari risqué mais exaltant. Ziani-Chérif a fait un travail remarquable : faire jouer par de jeunes comédiens, qui n'avaient jamais joué en français, le texte le plus complexe de notre littérature. C'était un tour de force. Et les accueillir à la Comédie française, c'était un coup de maître. Il y eu aussi Présences de Kateb, montage scénique de textes de l'auteur, à la salle Richelieu. C'était des moments inouïs. Rachid Koraïchi avait habillé la Comédie française avec d'immenses calligraphies arabes. Brigitte Bardot nous consacrait une page dans ses mémoires en disant « l'entrée de Kateb Yacine à la Comédie française scelle définitivement la bougnoulisation de la France ». L'administrateur de la Comédie française d'alors, Marcel Bozonnet, artisan merveilleux de cet événement, avait peur que le public ne soit pas au rendez-vous. A 18h, il y avait une file d'un kilomètre devant le Français ! Cependant, je déplore que cet événement n'ait pas eu de suite. Je dirige une association internationale d'auteurs de théâtre, j'interviens aussi bien à Tunis, Casablanca, Le Caire, Damas et Beyrouth, où tout bouge, et quand je vois l'état du théâtre en Algérie, je me dis que c'est un Tchernobyl de la culture, de l'écriture, de la scène et de l'art.
Vos pièces, 1962 et La Confession d'Abraham, ont été jouées autant en France que dans d'autres pays et langues et ont connu un certain succès auprès des publics et de la critique. Y en a-t-il une autre en gestation ?
Ces deux pièces ont été beaucoup jouées en France, au Liban, en Turquie, au Maroc et en Tunisie. Oui, nul n'est prophète en son pays ! Je prépare une grande tournée pour la pièce écrite pour Darina Al Joundi, Le jour où Nina Simone a cessé de chanter. J'ai écrit une autre pièce Terre sainte, qui a obtenu la mention spéciale du Grand prix de littérature dramatique. Elle se crée le 23 septembre en Allemagne et en mai, en hébreu, à Jérusalem. Il y a d'autres projets de création à Stockholm, New York et Moscou.
La Confession d'Abraham est en quelque sorte une lecture du monde actuel, à travers le regard imaginaire que jetterait ce personnage fondateur sur ses descendants. Quel regard portez-vous sur ce monde ? Sentez-vous l'humanité à un tournant de sa longue histoire ?
La Confession d'Abraham, qui sera reprise cette année au Lucernaire à Paris, est le prolongement de ma passion profane pour les Ecritures. J'ai grandi dans une famille qui avait la passion de Boukhari et celle d'Ibn Zeydoun. Je demeure persuadé que l'intégrisme commence à partir du moment où l'homme perd le sens de l'humour. Aussi, je reste un Parisien, enfant de zaouïa, qui cherche dans la vie et dans l'écriture à faire sienne cette recommandation de l'Imam Junayd (IXe siècle) : « Il faut chercher le bonheur jusque dans la catastrophe ».
Bio-Express
Poète, romancier et dramaturge, Mohamed Kacimi El Hassani est né en 1955 à El Hamel, près de Bou Saâda, dans une famille de théologiens. Tout en poursuivant ses études coraniques, il est inscrit à l'école française. Adolescent, il découvre Rimbaud et les surréalistes. Fourier et Proudhon. Il décide alors d'écrire en français. Après des études de littérature française à l'Université d'Alger, il s'installe à Paris en 1982. Il publie plusieurs traductions avec les poètes Bernard Noël et Eugène Guillevic . En 1987, il publie son premier roman Le Mouchoir (L'Harmattan). Il cosigne avec Chantal Dagron, Arabe, vous avez dit arabe ? (Balland, 1990), florilège des regards des écrivains d'Occident sur le monde arabe et l'Islam. En 1991, au premier jour de la guerre du Golfe, il est envoyé spécial à la Mecque par le journal Actuel. Passionné par la Bible, il entreprend avec Chantal Dagron l'écriture d'un essai sur l'imaginaire religieux du désert, Naissance du désert (Balland 1992). Il est alors, avec le poète irakien Chawki, l'un des initiateurs du projet de la Maison Rimbaud à Aden et effectue de nombreux séjours au Yémen, auquel il consacre un reportage dans Le Monde et collabore régulièrement à France Culture. Il publie Le Jour dernier son second roman (Stock, 1995). Mohamed Kacimi décide alors de se tourner vers le théâtre par souci d'immédiateté de l'écriture. Il écrit 1962, évocation des utopies et rêves de l'enfance algérienne. La pièce, publiée chez Actes Sud, obtient le prix Lugano du Théâtre. Elle est traduite en anglais et montée par Françoise Kourilsky à l'Ubu Theater de New York. Il écrit Babel taxi, pièce mise en scène par Alain Timar et produite par le Clarence Brown Theater de Knoxville (USA). Il dirige depuis trois ans l'association Ecritures vagabondes, qui regroupe des auteurs et des metteurs en scène du monde et met en place des chantiers de théâtre dans les territoires palestiniens, à Beyrouth, Damas, Casablanca, Toronto et Montréal.


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