L'appât du gain et la concurrence se font toujours sur le dos du consommateur et les services de contrôle ont sans doute du pain sur la planche pour éviter le pire, notamment quand les avaries viennent de la source. « Nous avons eu un problème dans la machine qui n'a pas fermé de manière hermétique les boites de conditionnement et lorsque ne serait-ce qu'un très léger défaut laisse pénétrer de l'air, le lait est abîmé », reconnaît un jeune qui s'est présenté comme représentant de la marque de lait en boite Campilé, s'adressant à un client qui a eu l'intelligence, hier matin, de ramener avec lui la boite de lait avarié avec lequel il devait, la veille, comme le veut la tradition, rompre son jeûne. Il était mécontent et il voulait que le propriétaire du magasin qui lui a vendu le produit le sache. « A l'annone du muezzin de la rupture du jeûne, j'ai ouvert la boite pour me servir à boire et, à mon grand étonnement, c'est de l'eau verdâtre qui en est sortie », explique-t-il au caissier qui feignait de l'écouter. La scène s'est passée dans un magasin situé en face du cinéma Lynx. Le représentant du fournisseur, une société domiciliée à Bir El Djir, était présent dans cette petite surface commerciale et c‘est lui-même qui s'est présenté lorsque le client, hors de lui, était en train de s'expliquer avec le caissier pour le convaincre de la gravité de la chose et lui suggérer d'en parler au propriétaire des lieux pour prendre des dispositions. Ce qui est étonnant dans cette histoire, c'est la légèreté, à la limite de l'inconscience, avec laquelle le caissier prend les choses. Il ne semble pas être étonné que l'établissement dans lequel il travaille vende des produits avariés. C'est vrai qu'il n'est qu'un simple employé mais cela donne à réfléchir sur l'ampleur du problème en l'absence d'une organisation revendicative des droits des consommateurs. Inconscience Le représentant du fournisseur, ce qu'on appelle un commercial, s'est montré mieux compréhensif mais il est payé pour « vendre l'image » de sa marque. « Allez, je vous rembourse le prix de la boite et je vous en offre une autre », propose-t-il au client, comme pour s'en sortir, après avoir reconnu également que d'autres acheteurs ont relevé l'anomalie. « J'ai tenu à le lui rendre car j'aurais pu le consommer en tant que lait caillé », ajoute à tort le consommateur mécontent qui ignore que le lait en boite ne se prête pas à cette transformation. Poussés par de prétendues exigences de la concurrence, certains fournisseurs (à l'exemple de certains producteurs de lait ou d'eaux de sources ou minérales) usent de procédés ingénieux en cédant des marges au profit des commerçants même si le prix à la consommation reste identique. Cette façon de faire fait que ce sont ces produits-là (pas forcément les meilleurs en terme de qualité) qui sont mis en exergue par les revendeurs pour la simple raison que les commerçant font plus de bénéfices.
