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Michel Galy. Spécialiste de l'Afrique de l'Ouest
« Les chances d'une solution politique s'éloignent à toute vitesse »
Publié dans El Watan le 11 - 11 - 2004

Comment en est-on arrivé à cette soudaine aggravation de la situation en Côte d'Ivoire ?
Il y a d'abord un événement inattendu de tous les côtés, ce sont le bombardement de la position française à Bouaké par des éléments de l'armée gouvernementale ivoirienne, lequel a été, en quelque sorte, un déclencheur de tensions latentes qui existent depuis le coup d'Etat de septembre 2002, et l'intervention de la force Licorne. Les Ivoiriens ont beaucoup investi sur les relations avec la France, une relation parfois d'ordre familial, puisque la France était regardée comme un grand frère à l'africaine qui doit aide et protection. Ils ont été déçus au moment du coup d'Etat que la France n'ait pas appliqué les accords de défense, étant donné que depuis le régime d'Houphouët Boigny il n'y a pas de vraie armée ivoirienne et que tout est confié aux forces françaises prépositionnées près d'Abidjan.
La rue ivoirienne a fait preuve d'un sentiment antifrançais violent alors même que les forces françaises sont présentes en Côte d'Ivoire dans le cadre d'un mandat de l'ONU...
Plusieurs niveaux d'explication à cela. Au niveau des représentations, il y a un sentiment de mimétisme, de dépendance, de demande d'aide perpétuelle des Ivoiriens envers la France, et inversement, une projection sans doute excessive de la classe politique, intellectuelle, des journalistes, des chercheurs français vers la scène politique ivoirienne, chacun soutenant son camp, son candidat. Au niveau politico-économique, la France a encore des intérêts à travers de grands groupes internationaux, et surtout un nombre de ressortissants important - environ 15 000 dont la moitié de binationaux et qui se trouvent pris en otage actuellement par l'accélération des événements. Il y a enfin quelque chose de l'ordre de la rumeur.
Le principal obstacle à l'application des accords de Marcoussis (janvier 2003) serait-ce le président Gbagbo ?
Le modèle d'une histoire qui ne se ferait que par la décision de grands personnages, d'individus est très dépassé, et autour du président Gbagbo, il y a une mouvance nationaliste qui est très large et qui va bien au-delà soit des groupes de pillards et de casseurs de périphéries des bidonvilles, soit des groupes plus politisés, dits les Patriotes. Une mouvance nationaliste qui peut empêcher Laurent Gbagbo de faire ce qu'il veut. Gbagbo en lui-même est un intellectuel qui a passé de longues années en France, sa première femme est Française. Les accords de Marcoussis sont des accords entre partis, où l'Etat ivoirien en tant que tel n'est pas partie prenante. C'est pourquoi on a dû les compléter récemment par les accords d'Accra. Il y a toujours des retards, comme dans toute vie politique africaine, et sans doute plus encore en Côte d'Ivoire, à l'application de certaines mesures qui, semble-t-il, étaient en cours et, inversement, pour les accords d'Accra une limite a été franchie le 15 octobre. C'était la date où les forces rebelles auraient dû désarmer, ce qu'elles n'ont pas fait. Cette limite explique aussi l'évolution accélérée des choses.
Quelles chances pour une solution politique ?
Si chances il y a eu, elles s'éloignent à toute vitesse ces derniers jours, y compris du côté des relations entre le gouvernement français et le gouvernement ivoirien actuel. Si on raisonne en termes de prise de décision, il est évident que tant à Paris qu'à Abidjan il y a des clans des durs qui privilégient l'option militaire. Dans le cas ivoirien, il s'agirait de reconquérir les territoires du Nord, ce qui répond à une certaine demande des populations nordiques elles-mêmes qui sont délaissées depuis deux ans sans aucun service public. Du point de vue français, il est à craindre que certains aussi privilégient une option militaire de renversement du régime Gbagbo pourtant élu en 2000 au profit d'une transition sous influence occidentale, onusienne et française.
La destruction de l'aviation ivoirienne en réaction à l'attaque ivoirienne des positions françaises de Bouaké était-elle l'action la plus appropriée ?
Ce qui est peu dit dans la presse et qui, à mon sens, est beaucoup plus grave pour les Ivoiriens, c'est qu'il y a eu des affrontements entre l'armée française et la population, et cela continue. Et c'est cela qui fait craindre que la situation devienne irréversible dans la dégradation des relations franco-ivoiriennes.
L'UA a-t-elle un rôle à jouer, d'autant que le président sud-africain vient d'être dépêché en Côte d'Ivoire ?
Malheureusement, toutes les médiations depuis 1999 ont été marquées par des échecs, un certain amateurisme, voire des effets contre-productifs. Bien qu'avec les meilleures intentions du monde et un rôle que tout le monde souhaite de la part de l'UA, il n'est pas sûr que cette médiation soit efficace, d'autant plus qu'entre l'Afrique du Sud et la zone de l'Afrique de l'Ouest, il y a une telle distance que je ne suis pas sûr que M. Mbeki soit le meilleur spécialiste de la question. Quel impact une déstabilisation de la Côte d'Ivoire aurait sur la région ?
La Côte d'Ivoire est déjà déstabilisée au moins depuis 1999 et 2002. Le problème est à replacer dans ce que j'appelle la guerre nomade de l'Ouest africain qui tourne depuis décembre 1989 entre le Liberia, la Sierra Leone, la Guinée et la Côte d'Ivoire. Si une paix relative se rétablissait en Côte d'Ivoire, il serait à craindre que la guerre se porte par-delà les frontières dans d'autres pays. Vous êtes pessimiste...
Malheureusement les faits m'ont donné raison depuis l'époque où on croyait que la transition de l'après-Houphouët allait être ordonnée et pacifique.


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