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Colère à Bou Saâda
Frustrations, marginalisation, insécurité, désespoir et hogra
Publié dans El Watan le 19 - 11 - 2007

Cinq cents interpellations, 64 arrestations, 28 mandats de dépôt parmi lesquels deux ont été condamnés à 6 mois de prison ferme et 29 à une année de prison avec sursis, tel est le bilan de 12 jours d'émeutes qui, en apparence, ont éclaté pour une affaire de match de football mais qui, en réalité, était l'expression d'un cumul de frustrations, de marginalisation, de désespoir, d'insécurité et de hogra.
C'était la conjugaison de tout cela qui, à la faveur du match de football contre Réghaïa, était l'étincelle qui a mis le feu aux poudres, embrasant la ville de Bou Saâda jusqu'à être confinée pendant une semaine dans des conditions d'une véritable insurrection. C'était une aubaine pour des jeunes et moins jeunes pour manifester leur ras-le-bol contre un ordre établi qui les a frustrés des années durant. Les conditionnant de s'exprimer avec violence même pour des futilités. C'est dans le stade que ces violences se manifestent à tout bout de champ. Quand l'équipe de football perd, il y a colère, mouvement de foule et violence ; si l'équipe gagne, c'est la même réaction qui se manifeste. Cette réaction pour des situations paradoxales éclaire sur les véritables raisons de la propension contestataire, lesquelles apparaissent d'emblée être de nature extra-sportive pour exprimer un ras-le-bol sans cesse refoulé, et des frustrations omniprésentes. Des frustrations nées de discrimination, de complaisance de l'administration, qui a fait preuve d'autisme devant les besoins incompressibles des citoyens. Egalement nées des velléités d'étouffement de scandales liés au foncier, du black-out autour de la dramatique situation en matière de santé publique, de politique de deux poids, deux mesures dans le programme de lutte contre les constructions illicites, l'exclusion des jeunes du bénéfice des dispositifs de soutien à l'emploi et à la création de micro-entreprises. Cela n'a pas été sans conséquences sur le comportement agressif des citoyens dans les circonstances les plus anodines. Les ressentiments sont allés crescendo avec l'autisme proportionnellement grandissant des autorités locales devant des actes de discrimination en matière d'acquisition d'assiettes foncières au profit de dizaines de citoyens. C'est le cas des 391 lots où les citoyens, qui après avoir payé l'intégralité du prix, et s'attendant à recevoir en contrepartie leur titre de propriété, établir le permis de construction et enfin réaliser leurs habitations, ont été surpris de recevoir à la place des décisions d'affection dans lesquelles les prix étaient fixés pour les uns et provisoirement pour les autres. Pour cette deuxième catégorie de citoyens, l'agence foncière avait requis pour cette partie des 391 lots, une augmentation des prix de 400%, alors que les prix étaient fixés pour l'ensemble des lots par délibération n°13 en date du 21 décembre 1993. L'autre élément corroborant la discrimination réside dans l'octroi du titre de propriété à quelques-uns uniquement. La rancœur des citoyens ne peut que s'exacerber devant l'incohérence des services en charge du patrimoine foncier au niveau de Bou Saâda, qui ont fait preuve de pratiques discriminatoires dans la fixation des prix. Des lots de terrain situés au centre-ville ont été cédés à 200 DA le mètre carré, alors que les lots situés dans le périmètre rural d'El Baten ont été fixés à 3700 DA le mètre carré. Pis encore, des citoyens qui ont investi dans les périmètres d'El Baten, attendent à ce jour pour se voir régularisés et acquérir leur titre de propriété, et sont harcelés pour payer des augmentations qui n'ont pas été réalisées. La gestion délétère des affaires de la cité a fait que les scandales liés au foncier — ayant défrayé la chronique depuis au moins cinq ans — soient systématiquement mis dans l'étoufoir ; situation où le directeur de l'agence, au su et au vu de tout le monde, se servait systématiquement en arrosant les membres de sa famille. Comportement qui n'est pas fait pour plaire aux citoyens et associations qui n'ont de cesse de dénoncer ces agissements. La même affaire, traitée et ficelée par la P J de Bou Saâda depuis au moins quatre années et pour laquelle l'APC s'est constituée partie civile, semble avoir été définitivement enterrée puisque rien n'est venu altérer la sérénité des auteurs de ces agissements. Cette affaire et autres de même nature, opérées sous l'égide des autorités locales avec la bénédiction des instances judiciaires locales, ne sont pas faites pour tempérer les ardeurs des citoyens à chaque fois que l'occasion se présente. D'autres frasques ont été enregistrées au niveau de cette ville, notamment celles liées au détournement d'une partie des 210 logements de leur vocation première, qui était la suppression de l'habitat précaire, pour être versée dans les méandres de la spéculation, cela étant possible grâce à une délibération de l'APC, établissant la liste des bénéficiaires, dénoncée par 6 membres de l'APC qui n'y ont pas pris part. Une plainte fut déposée par 6 élus pour falsification de la délibération, et la justice a tergiversé durant des années. Cette dernière n'a aucunement tranché pour sanctionner ni ceux de l'APC qui ont falsifié la délibération en modifiant la composante de la liste des bénéficiaires ni ceux de l'agence foncière d'avoir fui sa responsabilité de distribuer ces logements en chargeant le comité de quartier de le faire à sa place. On croit savoir que la justice, en prononçant son verdict, a condamné le président du comité de quartier d'être à l'origine du détournement des 27 logements sur les 210. Après coup, il s'est avéré que le projet de résorption de l'habitat précaire d'Errasfa avait été un leurre. Quant aux véritables auteurs de la machination, ayant fait que des étrangers bénéficient de ces logements, la justice ne les a pas condamnés, mais plutôt protégés.
Vocation perdue
Cette situation et d'autres similaires avaient fini par générer la rancœur des citoyens frustrés qui ne savaient à quoi s'en tenir pour revendiquer un sort dans un contexte de déliquescence, sauf à refouler indéfiniment pour se manifester à tout moment comme une bombe à retardement. L'un des éléments ayant suscité unanimement et d'une manière diffuse le mécontentement, voire la révolte au sein de la population, avait été le dépérissement de la vocation touristique séculaire de la ville forgée depuis le siècle dernier. Plus aucun repère ne ponctue ce que fut la cité du bonheur, tout semble définitivement enfoui dans les entrailles de cette cité. On balaye par les aléas du temps. Le processus de dépérissement enclenché depuis quelque temps a atteint la vitesse de croisière au début des années 1990, à travers les dégradations et détournements de presque la totalité des infrastructures touristiques et l'appropriation de 70% de la Zone d'expansion touristique (ZET), dotée d'une superficie de 45 ha. Appropriation qui avait donné le coup de grâce à toute velléité de relance de l'activité. Face à cela, toute perspective de restituer à la cité du bonheur sa vocation comme cela a été promis à maintes reprises, semble être sérieusement compromise par le fait que rien n'a été entrepris dans ce sens, à même de nourrir l'espoir d'une population dépitée. Situation rendue préoccupante par l'état déplorable de la palmeraie qui constitue l'un des repères de la ville en matière de tourisme, perdant toute sa luxuriance et sa vitalité depuis qu'elle est irriguée en même temps que les cultures vivrières qui s'y trouvent par les eaux usées, engendrant un véritable problème de santé publique dont l'acuité ne semble inquiéter personne, alors que la population vit d'une manière permanente sous la menace de contaminations par les maladies bactériennes (choléra, typhoïde...), les maladies virales et parasitaires. Pour pallier cette situation, la délocalisation du collecteur principal de l'oued était nécessaire, mais rien n'a été entrepris depuis la promesse de l'ex-wali en 2003, et la situation demeure inchangée depuis 2002.
Complaisance et exclusion
La gestion de complaisance des affaires de la commune menée par certains élus, concussionnaires, stigmatisée par les citoyens, est à l'origine du climat de méfiance à l'égard de l'administration locale, qui entretient un système de fonctionnement qui permet à certains élus de s'ériger des fortunes à l'ombre du silence de la majorité des élus. Le cas de la surfacturation de la dotation des fournitures scolaires des écoles primaires de Bou Saâda est édifiant. Convoqué devant le tribunal de Sidi Aïssa après dénonciation par un élu, le P/APC, qui en était le principal accusé, s'en est sorti avec un non-lieu. L'autre élément qui entretient le sentiment de révolte des jeunes de Bou saâda réside dans leur exclusion du dispositif de l'Ansej, considéré à juste titre comme instrument permettant aux chômeurs d'accéder au statut de promoteur. En tout cas, pas pour les jeunes de Bou Saâda qui en sont systématiquement exclus, si on se réfère au nombre de crédits octroyés durant les 12 dernières années de la création du dispositif, lequel ne dépasse guère les 60 bénéficiaires pour une population qui frôle les 200 000 habitants avec 70% de jeunes de moins de 25 ans. Cela indique l'ampleur de la précarité, avec son corollaire de pauvreté et d'exclusion, entretenue par un système de crédit discriminant, tirant son fonctionnement de l'organisation archaïque des banques à travers le palier régional, que même l'avènement du fonds de garantie n'a pu à ce jour déverrouiller. L'autre discrimination qui empoisonne le quotidien des citoyens est celle entretenue par l'APC de Bou Saâda en matière de lutte contre les constructions illicites. Laquelle s'applique d'une manière implacable dans les quartiers pauvres de Sidi Slimane et de Maïtar, où les décisions de démolition sont instantanément exécutées. Mais pas pour les constructions illicites situées au centre-ville, lesquelles, en dépit du PV de constat des transgressions, des dispositions réglementaires en matière d'urbanisme établi par l'inspecteur de l'urbanisme. N'empêche que rien n'a été entrepris par l'APC pour la démolition de ces somptueuses villas qui avec leur imposante allure défient les règles de l'urbanisme et narguent le commun des citoyens de Bou Saâda qui assistent, impuissants, à ces graves dérives.
La rupture
Au terme du démembrement des unités publiques de production (fabrication de la chaussure et la brique silicocalcaire) et de services (unités commerciales et du tourisme), conjugué au contexte de désinvestissement, la pauvreté s'était accentuée durant les dernières années, engendrant ainsi une forte criminalité avec son corollaire d'insécurité. Situation qui a pris des proportions alarmantes au début de cette année et qui s'est accentuée à l'ombre des défaillances des services de sécurité, voire leur complaisance, et qui a fini par entraîner la rupture entre les citoyens et les services de sécurité. Durant cette période d'émeutes qui ont évolué alternativement pendant 12 jours entre les jeunes et les forces de l'ordre, les saccages des biens publics et privés ont causé d'énormes préjudices. L'autre raison de la colère longtemps refoulée des Bou Saâdis réside dans leur exclusion du schéma des développements économique et social à travers un découpage administratif inadapté, par le rattachement de Bou Saâda à M'sila, qui est elle-même marginalisée pour être rattachée à la région Est sans y appartenir géographiquement. M'sila, entité territoriale située au centre du pays, rattachée à tort à la région Est, a accentué la marginalisation, voire l'exclusion des populations de Bou Saâda, elles qui ont historiquement appartenu aux zones d'Alger et de Médéa. Le découpage actuel, qui a laissé sur le quai en 1974 et 1984 la ville de Bou Saâda, a constitué aux yeux des citoyens de cette ville, un handicap majeur à son développement, et l'érection de Bou Saâda en wilaya demeure l'omniprésente revendication, même si certains citoyens ne partagent pas la thèse selon laquelle qu'une fois Bou Saâda érigée en wilaya, tous les maux (frustrations et hogra) vont disparaître comme par enchantement et la prospérité sera garantie. En tout cas, il y a exclusion de pans entiers de la société, et cette wilaya vit un déchirement sans précédent.


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