La campagne électorale n'a que très peu emballé à Mila. Dans les grandes agglomérations, comme dans les chaumières les plus reculées, la désaffection est quasi omniprésente. L'on comprend dès lors pourquoi le spectre d'une forte abstention inquiète au plus haut point les états-majors, conscients, à juste titre, que cette situation les discréditera irrévocablement aux yeux du lectorat. Ce scénario-catastrophe est d'autant plus prégnant que les 9 formations partisanes en compétition, sous-tendues par 2 774 candidats postulant pour les communes et 520 pour l'APW, dont un total de 49 femmes, ont dû multiplier les parades oratoires assénées sous forme de « programmes panacé » aussi ubuesques que relevant de la quadrature du cercle pour amadouer les 200 000 électeurs, et les inciter à aller aux urnes et leur donner leurs voix. Le manque d'intérêt des citoyens n'est que trop significatif, au point où la campagne, qui a démarré assez timidement, ne s'est pas emballée malgré le forcing auquel se sont livrés les partis en lice. En matière d'engouement populaire pour les meetings, et à l'exception des sorties honorables du chef de file du FNA, Moussa Touati et Karim Tabou pour le FFS, les autres ténors des partis qualifiés de « grosses cylindrées », pour ne citer que la prestation du SG du RND, jeudi dernier à Mila, n'ont pas brillé par une présence populaire notable. A Mila, Chelghoum Laïd et Ferdjioua, grands creusets électoraux, des citoyens interrogés sur leurs attentes et espérances vis-à-vis du scrutin de jeudi prochain restent dubitatifs, voire sceptiques, quant à la volonté et l'engagement des futurs élus à prendre en charge leurs doléances au plan socioéconomique. « Les chapelles politiques, toutes formations partisanes confondues, continuent de nous abreuver de promesses mielleuses au moment où nos cités sont plus sales qu'auparavant, les routes et la voirie sont dans un état déplorable et l'éclairage public est défaillant à longueur d'année », martèlent les habitants d'un lotissement du chef-lieu de wilaya qui s'apparente à une immense favela. Des voyageurs, questionnés au niveau de la gare routière de Mila sur l'intérêt qu'ils portent à la prochaine consultation électorale, abondent, dans leur majorité, dans le même sens, affirmant : « Nos illustres élus ne font leur apparition dans nos chaumières oubliées qu'à l'approche d'une joute électorale, pour ensuite disparaître du décor pour cinq longues années ». Dépités par les difficultés quotidiennes insupportables et les promesses mielleuses jamais honorées, un groupe de jeunes désoeuvrés, attablés au fond d'un café enfumé estiment que cela n'avance à rien de voter : « Voter pour qui ? Et puis ça ne vaut même pas le coup, car ce sont tous les mêmes ». Ce sont là les mêmes leitmotiv qu'on entend un peu partout et qui laissent planer de sérieux motifs d'inquiétude sur l'issue de la consultation électorale.
