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Ces profs « clandestins » de luxe !
Cours particuliers, enseignement parallèle dans les écoles privées…
Publié dans El Watan le 16 - 12 - 2007

Véritable phénomène de mode ou réelle nécessité, les cours particuliers, qualifiés également d'« enseignement à la carte », constituent une source financière assurément importante pour les éducateurs qui ont opté pour cette voie, au demeurant très lucrative.
Des « heures supplémentaires » qui ne s'effectuent pas toujours, en revanche, dans des conditions pédagogiques convenables, tant par le nombre d'élèves retenus que par le lieu choisi. Certains enseignants que d'aucuns qualifient de « hors-la-loi » exercent, quant à eux, dans des établissements privés, sans autorisation préalable, alors que d'autres mettent, à la fin du cours, leurs cartables au placard pour porter la casquette de « taxieur ». Une manière d'arrondir, pour certains, des fins de mois difficiles ou de mettre du beurre sur leurs épinards pour d'autres. C'est selon. Mais quand ces « extras » se font au détriment des élèves, avec souvent la bénédiction de parents démissionnaires, ne lésinant pas sur les grosses dépenses pour des cours dispensés parfois dans des… hangars mal éclairés et à l'hygiène douteuse, l'on s'interroge comment un élève éprouvant des difficultés à assimiler le programme dans une classe d'école réglementaire arrive à mieux comprendre dans des conditions inadéquates ? Mieux encore : Comment peut-on expliquer le fait qu'un élève tout juste inscrit en première année primaire soit contraint à suivre des cours… particuliers ?
La rançon du succès ?
Un fait qui n'a pas manqué de susciter l'étonnement du directeur de l'éducation de la wilaya de Constantine, Ahmed Guelil. « C'est un phénomène curieux, ce n'est pas normal ! », s'est-il exclamé en demandant sur le vif à ses subalternes d'effectuer une enquête à ce sujet. Dispenser des cours particuliers à des petits bambins de six ans, fraîchement débarqués à l'école, laisse, en effet, dubitatif. L'on s'interroge, partant de là, sur les raisons réelles qui légitimeraient des cours particuliers à ce stade aussi prématuré du cursus scolaire d'un élève, tout comme l'on s'interroge aussi sur l'ampleur prise par cet « enseignement parallèle » au sein de la société. En effet, en l'absence de balises et de garde-fous, certains enseignants, peu scrupuleux s'agissant de l'environnement dans lequel l'élève prend ses cours de soutien, n'hésitent pas à louer parfois n'importe quel endroit et à proposer leurs services à un grand nombre d'élèves. Partant, il arrive que ces derniers se retrouvent pratiquement plus nombreux que dans une classe d'école « normale ». Ces apprenants, ont-ils davantage de chances de combler leurs lacunes dans un pareil contexte ? A chaque nouvelle année scolaire, les parents d'élèves dépensent des sommes colossales pour la réussite de leurs enfants, notamment ceux devant affronter un examen, pour un résultat, somme toute aléatoire, d'autant que ces cours ne garantissent pas à l'élève le succès absolu, et les cas de lycéens recalés au bac, en dépit du fait d'avoir bénéficié de cours particuliers, sont malheureusement nombreux. D'après des statistiques établies par les services de la DE de Constantine, il s'avère, à cet effet, que « les élèves ayant recours aux cours de soutien dispensés à l'extérieur des établissements scolaires enregistrent des résultats négatifs à l'examen du baccalauréat ». Mère de 5 enfants, tous scolarisés, Akila K., la cinquantaine, estime que « les programmes actuels sont trop compliqués pour les élèves, nécessitant inévitablement des cours de soutien, surtout quand les profs survolent la leçon. Parfois, cela est fait sciemment pour contraindre les élèves à accepter de prendre des cours de soutien dispensés par ces mêmes profs, moyennant des sommes financières mensuelles très appréciables. Et quand un enfant refuse, il est dès lors victime de représailles de la part de ce même enseignant. L'un de mes enfants a vécu, l'année dernière, une mésaventure pareille avec son prof de physique parce qu'il prenait des cours particuliers ailleurs ». Interrogé à ce sujet, Ahmed Guelil a jugé cette attitude, venant d'un éducateur, de « grave ». « Les parents ainsi que les élèves sont conviés à se plaindre à la DE, le cas échéant, pour qu'on puisse prendre les mesures nécessaires contre ces enseignants indélicats », soutient-il, insistant, encore une fois, sur « le rôle primordial des parents ». Ayant requis l'anonymat, un enseignant du cycle secondaire, père de quatre enfants, âgés de 4 à 13 ans, fait partie de cette catégorie de profs qui dispensent des cours de soutien à des élèves de terminale à raison de 6 séances de deux heures par mois, moyennant 1500 DA par matière, que ce soit pour les mathématiques, les sciences ou la physique, et ce, au rez-de-chaussée d'une villa en construction, loué avec trois collègues. Ces profs « associés » prodiguent, selon lui, des cours particuliers à des groupes de 30 à 40 élèves, dont la majorité est issue de leurs propres classes d'école. De l'avis de M. Boucetta, représentant du Cnapest à Constantine, « les parents devraient être un peu plus regardants avant de débourser leur argent. De plus, le nombre d'élèves bénéficiant de cours de soutien doit être préalablement étudié. Les enseignants peuvent faire quelques heures en plus, mais pas tout le temps. Il faut être regardant sur la qualité. »
Cours « publics » contre… cours « privés »
Or, la « qualité » d'enseignement aussi a ses exigences, pécuniaires s'entend. En effet, si certains professeurs préfèrent prendre des groupes n'excédant pas trois ou quatre élèves, les parents doivent, en revanche, payer plus cher, soit 2 500 à 3 000 DA quatre séances mensuelles de deux heures, et bien entendu, par matière. Au demeurant, des cours de soutien pris, à titre d'exemple, par un élève de terminale peuvent atteindre 9 000 DA par mois ! Il suffit de multiplier cette coquette somme pour avoir un léger aperçu de la rentabilité de cet enseignement à la carte. Ce « commerce juteux » motivé, qu'on justifie par la cherté de la vie et l'effritement du budget des ménages moyens. A ce sujet, le directeur de l'éducation de la ville du Vieux Rocher affirme : « Nous combattons activement ce fléau, mais nous devons lutter en collaboration avec la direction du commerce pour épingler les enseignants qui donnent des cours de soutien dans des conditions indécentes, allant parfois jusqu'à occuper des garages. Il y a également la responsabilité des parents qui encouragent généralement leurs enfants à prendre des cours sans chercher réellement dans quelles conditions cela se fait. Je suis, par contre, pour des cours donnés en toute transparence, dans des lieux convenables. » Il rappellera, par ailleurs, que la lutte contre ce qu'il qualifie de « fléau » impute également aux associations de parents d'élèves et à la société civile. « Si la fédération des parents d'élèves reste active sur le terrain, ce n'est pas le cas des associations, lesquelles sont carrément absentes. Les parents ne se manifestent ordinairement qu'au début et à la fin de l'année scolaire. Certains d'entre eux ignorent parfois même dans quelle école ou encore dans quelle année est inscrit leur enfant. » Ahmed Guelil invite, par ailleurs, les parents d'élèves à se rapprocher des établissements scolaires où des cours de soutien sont dispensés « gratuitement » aux élèves, notamment ceux des classes d'examen, et ce conformément à un décret du ministère de l'Education nationale qui stipule que les enseignants dispensant ces cours gratuitement sont rémunérés en heures supplémentaires. Dans ce contexte, l'on apprendra également du représentant du Cnapest qu'il existe des enseignants altruistes qui « donnent gratuitement de leur temps aux élèves sans attendre d'être payés en retour ».
Les « fraudeurs » de l'éducation
Cela étant, outre le « commerce lucratif » des cours particuliers, sachant que certaines matières, dites essentielles, comme les mathématiques, les sciences ou la physique, représentent une véritable petite rente pour les professeurs qui les dispensent, il y a également des enseignants qui exercent dans des écoles privées, tout en le faisant, en parallèle, dans les écoles publiques. Un cumul illégal, passible de sanctions, nous dit-on à la direction de l'éducation. « Certains enseignants s'absentent effectivement de l'établissement, ne respectent pas leur volume horaire réglementaire et travaillent ailleurs, même à l'université. C'est le cas d'un enseignant contre lequel nous avons appliqué l'année dernière des mesures disciplinaires, en sus de notre refus de lui délivrer une autorisation d'exercer à l'université afin qu'il soit rémunéré. » A cet effet, l'on apprendra qu'il est nécessaire d'obtenir une autorisation préalable de la DE pour pouvoir enseigner dans un établissement privé, et ce à condition de remplir certains critères en étant, notamment, irréprochable sur le plan pédagogique et du respect du volume horaire.« Nous avons reçu plusieurs demandes, mais pour l'instant, nous n'avons encore délivré aucune autorisation », assure le secrétaire général de la DE. Décidant visiblement de faire fi de la réglementation, certains professeurs enseignent pourtant sans l'aval de la tutelle, se mettant ainsi dans une situation délictueuse. « Nous entendons parler de collègues qui travaillent dans des écoles privées tout en enseignant dans les établissements publics. C'est illégal. Cela doit être sûrement le besoin qui les pousse à agir de la sorte. Quant aux responsables des écoles privées, ils savent aussi que cela est illégal. Si le salaire était suffisant, l'enseignant s'occuperait davantage à s'améliorer et à parfaire ses recherches », commente, pour sa part, le représentant du Cnapest. Et d'ajouter : « Nous sommes une génération qui a connu mieux, mais la cherté de la vie est bien là, et c'est ce qui incite l'enseignant à activer ailleurs. Nous sommes en attente d'un statut particulier qui pourrait nous apporter un plus. » Acculés, pour l'heure, par un pouvoir d'achat complètement laminé, d'autres enseignants versent carrément dans la clandestinité en grossissant en fin de journée les rangs des fraudeurs de la ville du Vieux Rocher. Grâce à des véhicules acquis, à crédit, par le biais des œuvres sociales de l'éducation, ces professeurs se transforment en « taxieurs » clandestins, à la faveur de l'anarchie qui règne dans le secteur des transports à Constantine. Cette « activité », peu commune de la part d'un éducateur, a laissé, a priori, perplexes le directeur de l'éducation et le responsable du Cnapest de Constantine, qui se sont refusés tous deux à faire le moindre commentaire à ce sujet. Fragilisé au même titre que les fonctionnaires et autres salariés, tributaires d'un salaire mensuel accusant le contrecoup d'augmentations tous azimuts, ayant ciblé pratiquement tous les secteurs, l'enseignant a trouvé, pour sa part, dans cet enseignement à la carte, une issue de secours, où rentabilité ne rime pas toujours avec efficacité. Et si les parents dépensent sans compter pour leurs enfants, certains professeurs dispensent, quant à eux, leur enseignement sans se soucier du paramètre du nombre. Finalement, comment un éducateur, totalement lessivé par des heures supplémentaires des cours parallèles dans des écoles privées, et parfois des kilomètres parcourus en qualité de fraudeur, peut-il assurer convenablement sa mission ?


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