La recrudescence de la délinquance forestière et l'apparition de nouvelles formes de délits s'apparentant à des actes criminels a poussé les responsables de la conservation des forêts de la wilaya de Aïn Defla a mettre, récemment, en place un dispositif spécial de lutte contre le pillage du bois et la dilapidation du patrimoine forestier, apprend-on de sources proches de cette direction. Ce n'est pas la première fois que les forestiers tirent la sonnette d'alarme mais, dira Ahmed Ouadah, expert en forêt, la situation a atteint un seuil de gravité tel que l'installation de ce dispositif était une véritable urgence. Notre interlocuteur nous rappellera que les ressources naturelles de la wilaya sont dilapidées par des bandes organisées, lesquelles sévissent dans plusieurs zones forestières s'étendant sur une superficie de 132 000 ha. Les malfaiteurs sont souvent armés, ajoutera l'orateur face aux forestiers démunis. Pour rappel, l'agression dont ont été victimes deux gardes forestiers, en décembre 2007, à la périphérie de la forêt domaniale de Sidi Sbâa comme de Khemis Miliana a accéléré l'installation de ce nouveau plan d'action. Signalons, d'après la même source, que les deux gardes forestiers ont eu la vie sauve grâce à l'intervention d'éléments de la Gendarmerie nationale alertés par l'une des victimes. A noter que le dispositif est composé de quatre brigades et d'un officier responsable dont la mission consiste à sillonner le territoire de la wilaya et d'intercepter les véhicules colportant illicitement les produits et sous-produits forestiers ainsi que l'installation de barrages nocturnes avec la collaboration des services de sécurité. Parmi les premières mesures de dissuasion, la conservation a décidé de surseoir à la délivrance de permis de colportage des produits forestiers. Dorénavant, ceux-ci doivent faire l'objet de stockage dans des entrepôts et vendus par la seule voie d'adjudication. En outre, il a été décidé de surseoir à la délivrance de décisions de non-opposition pour les exploitations particulières, sauf cas d'exception. Dans le même sillage, les services des forêts proposent dans leur feuille de route la nécessité de réglementer la pratique d'utilisation des pieds droits dans le secteur du bâtiment. Une pratique qui porte gravement atteinte au patrimoine forestier de la wilaya. Signalons qu'un premier bilan du dispositif entamé en décembre 2007 fait état de la saisie d'une tronçonneuse à Oued Lyra, dans la commune d'El Hassania (Ouest de la wilaya), de l'arrestation d'un transporteur pour colportage illicite de 27 pieds droits de pin d'Alep vif. Par ailleurs, les forestiers ont détruit 26 charbonnières dans les forêts domaniales de Sidi Sbâa, Soufey (Khemis-Miliana) Zaccar (Aïn Torki) Oued El Had (Arib). A signaler également la saisie de 378 pieds droits et 51 m3 de bois d'œuvre dans les zones sensibles contrôlées par les forestiers sans relâche. Pour autant, les mesures dictées par l'urgence de la situation ont besoin d'être renforcées, notamment par la redynamisation d'un arrêté de wilaya de l'année 2006 portant interdiction de pénétrer dans les zones de montagnes sans autorisation des services forestiers. D'autres initiatives sont prévues dans l'agenda de la conservation des forêts lesquels ont déclaré la guerre aux contrevenants pour protéger les forêts de la wilaya mais la lutte s'annonce rude, eu égard aux moyens humains et matériels disponibles.
