Les parents ayant des enfants en bas âge sont en pleine incertitude quant à l'approvisionnement en lait de remplacement. Depuis déjà plusieurs semaines, le lait infantile dit du premier âge, que les enfants consomment jusqu'au sixième mois, aura discrètement disparu des étalages. Très rapidement, les spéculateurs structurels se mettront de la partie pour en augmenter les prix. Pour les familles dans le besoin, ce sera la grande déprime face à un produit de toute première nécessité. Car, contrairement à l'adulte qui devient omnivore, le jeune enfant ne possèdent pas encore la panoplie d'enzymes digestives qui lui permet de s'alimenter autrement qu'avec du lait, notamment durant les douze premiers mois de la vie où cet aliment constitue la plus importante, voire l'unique source de nutriment. Jusqu'à l'âge de 3 mois, seul le lait maternel ou un lait de remplacement suffit à couvrir les besoins du bébé. Ce n'est qu'à partir de cet âge qu'il est possible d'introduire des compotes de légumes ou de fruits, sans pour autant parvenir à se passer du précieux liquide, dont seules les femelles de mammifères sont capables de synthétiser. Avec la révolution industrielle, la technique de production de lait déshydraté mettra à la disposition de l'alimentation humaine une source irremplaçable de protéines et autres composés alimentaires dont seul le lait est pourvu. Ce n'est que très naturellement que l'allaitement maternel sera progressivement remplacé par du lait en poudre. Une coquetterie qui fera beaucoup de dégâts chez les populations à risques, dont le système digestif ne parviendra pas à s'adapter aux laits de remplacement. La production de laits maternisés finira par contourner la majorité des obstacles immunitaires. Ce qui fait qu'actuellement, hormis les problèmes purement sanitaires liés à la mauvaise hygiène de préparation et d'entretien des biberons, les enfants disposent d'un lait parfaitement adapté à leurs besoins les plus spécifiques. Mais cette dépendance de l'industrie diététique a son revers. Toute rupture dans l'approvisionnement devient catastrophique. Le système digestif, qui aura trouvé l'aliment idéal, aura beaucoup de difficultés à s'adapter à un autre produit. D'où l'insoutenable inquiétude des parents en cas de rupture des stocks de lait maternisé, dont certains auront payé des boites jusqu'à 300 DA l'unité de 500 grammes. Leur désarroi est tel que certains n'auront pas hésité à faire de longs et coûteux déplacements afin de se procurer l'indispensable produit. La pénurie engendrant souvent la panique, certains n'auront pas lésiné sur les moyens en s'accaparant de véritables stocks susceptibles, non seulement de couvrir toute la période considérée, mais de la dépasser largement. Des frais supplémentaires qui auront malheureusement participé à alimenter la tension sur cet aliment incontournable.