Dernièrement, les brigades de gendarmerie spécialisées ont saisi à l'Ouest d'importantes pièces archéologiques, ainsi que d'autres volées du patrimoine national, toutes destinées à la revente sauvage. C'est une très bonne chose, dans les pays sous-développés, on n'a généralement aucune conscience de l'importance du patrimoine, et la vente des pièces approvisionne souvent les musées européens, qui eux, connaissent bien la valeur des choses. Sauf que les brigades formées pour contrer ce type d'activités n'ont pas l'air aussi bien formées. En effet, dans le communiqué des services concernés, il a été fait état, entre autres véritables pièces archéologiques saisies, de la « récupération de restes d'un requin ». Un requin est-il une pièce archéologique ? Historique ? Un reste de requin a-t-il une valeur particulière pour le patrimoine ? A première vue, non, ou alors, il s'agit d'un requin un peu spécial, peut-être de l'ancêtre du requin algérien, celui-là même qui a réussi à défier l'évolution pour muter afin de se déplacer sur terre, et a évolué pour se retrouver avec un pied dans la mafia du foncier, un autre dans l'establishment politique, deux autres dans les rouages de l'administration et toutes ses nageoires dans le grand bassin de l'argent public. Et là, on comprend qu'il faille le récupérer puisqu'il est le témoin de la dérive algérienne et appartient à ses descendants, encore sur terre, activant toujours. Sa place n'est pas donc dans un musée européen mais bien ici. Où ? Dans un musée de la corruption qu'il reste à construire, avec bien sûr l'accord de Mme Khalida Toumi. On pourrait y mettre plein de choses, un puits de pétrole, le buste de Zendjabil ou le dossier des magistrats faussaires, un douanier vivant, un container ou une casquette d'officier supérieur. Coût de l'édifice ? Dans tous les cas, il n'atteindra pas les 26 milliards.
