C'est l'apocalypse blé », titre la revue française La Défense Agricole dans son dernier numéro de mars-avril 2008. « Nous avons eu la crise pétrolière dans les années 1970, la crise immobilière dans les années 1980, nous pouvons maintenant parler de crise agroalimentaire. » C'est le constat que fait Thierry Barrois, un expert de l'agroalimentaire, dans le numéro 84 de ce bimensuel. Tout en évoquant les différentes situations inhabituelles rencontrées cette année sur le marché du blé, suite à la baisse importante des stocks mondiaux, l'expert affirme que les limites sont actuellement repoussées de jour en jour. Selon lui, « il est de plus en plus difficile de prévoir l'évolution des marchés, car en plus des volatilités constatées, la politique de chaque pays est imprévisible (mise en place de taxes à l'exportation ou à l'importation, voire dans de nombreux cas interdiction pure et simple) ». « En février dernier, le monde a assisté à la plus forte variation de prix sur le marché du Soft Red Winter coté à Chicago : le prix a varié de 100 dollars la tonne en moins d'une demi-heure », explique-t-il encore. Mi-mars, une situation analogue s'est produite, selon lui, « lorsque certaines banques et les fonds de pension ont décidé de se retirer des marchés des matières premières (dont le blé) pour investir dans les métaux et autres produits. Le marché du blé a fortement baissé, alors que les raisonnements fondamentaux étaient pour la hausse ». Quant à la couverture des stocks de blé en Afrique, le même expert estime que l'Algérie est couverte jusqu'à mi-octobre, la Tunisie jusqu'au 10 juin et l'Egypte doit revenir sur le marché international pour s'y approvisionner, mais pas forcément en blé français plus cher de 50 dollars la tonne par rapport au blé américain.
