La polémique autour d'un pseudo mouvement de prosélytisme chrétien en Algérie continue d'alimenter les prêches les plus fous lors des prières du vendredi dans les mosquées. Ces prédications des temps modernes seraient passées inaperçues si un « dévot », qui s'est converti en « imam » le temps d'une prière - il serait un cadre du ministère des Affaires religieuses -, n'a pas eu le culot d'accuser « certains journalistes de la presse nationale, dont ceux du quotidien El Watan » d'être les précurseurs d'une vaste campagne d'évangélisation. En effet, lors du prêche du vendredi dernier, l'imam de la mosquée Omar Ibn El Khattab, à Sacré Cœur, a traité certains de nos confrères de « missionnaires de l'église chrétienne en Algérie ». Selon lui, ces journalistes font la promotion du christianisme en Algérie. « Je connais la ligne éditoriale de ce journal pour en avoir été un fidèle lecteur », a-t-il asséné, toute honte bue, à l'adresse des fidèles. « Ils méritent d'être lapidés jusqu'à ce que mort s'ensuive », a-t-il martelé. Dans la foulée de ses cancans, l'imam a « exhorté » l'assistance à ne plus acheter ces journaux. Pour donner plus d'emphase à ses propos, l'orateur a, par ailleurs, fait savoir à son auditoire qu'il est en train de préparer un prêche pamphlétaire pour dénoncer ces « évangélisateurs » lors du prêche de vendredi prochain. Quelle mouche a donc piqué cet « imam » pour désigner les journalistes à la vindicte populaire ? Le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, Bouabdallah Ghlamallah, a-t-il mis la main à la pâte en donnant des directives aux imams afin de cibler la presse par des prêches pour le moins incendiaires ? Fort possible, d'autant plus que ce ministre a montré du doigt à plusieurs reprises ceux qui sont, à ses yeux, auteurs de prosélytisme chrétien en Algérie. Selon lui, les partis prônant la laïcité, les archs et le MCB sont les principaux animateurs de la conversion au christianisme. Pas plus loin que la fin de la semaine dernière, le président de l'APW de Mascara a accusé les sœurs de l'église chrétienne de mener une campagne d'évangélisation à Mascara sous le couvert de l'enseignement de la langue française. Ces faux dévots savent-ils que la Constitution algérienne n'a pas interdit la liberté de culte bien qu'elle ne l'ait pas consacrée explicitement ?
