Le débrayage déclenché depuis deux jours par quelques 800 travailleurs de l'unité de maintenance de l'ERCE (entreprise du ciment et dérivés de l'Est) de Hama Bouziane risque-t-il de provoquer une pénurie du ciment à Constantine et sa région ? Déterminés à aller jusqu'au bout de leurs revendications, les travailleurs contractuels de cette unité menacent en tout cas de durcir leur mouvement de grève si l'administration persiste à « faire la sourde oreille ». Il n'est pas exclu que d'autres actions suivent. On parle d'une grève qui toucherait l'ensemble des unités de quatre autres wilayas, Skikda, Batna, Sétif et Tébessa. Rencontrés sur place, des travailleurs mécontents nous ont expliqué qu'ils réclament comme priorité leur titularisation, la plupart sont sous contrats déterminés depuis des années. Outre les salaires et les primes, ce statut pose aussi selon eux le problème pour l'obtention des congés et des jours de repos. Pire, estime un gréviste, les accidents de travail sont très fréquents sans aucune prise en charge sérieuse. Les promesses de la direction n'ont pas été tenues, précisent les travailleurs et ce malgré un arrêté publié en 2007 qui stipulait que 400 ouvriers devaient être titularisés. Les grévistes remettent en cause également la gestion et le favoritisme au sein de l'entreprise, considérant que des avantages sont attribués à certains proches, tandis que la majorité des travailleurs est exclue. Ce débrayage intervient au moment même où trois unités de production de ciment de la région Est sont fermées, ce qui accentue le spectre d'une crise du ciment sachant que cette période de l'année est cruciale, si le ciment vient à manquer, plusieurs chantiers dans la wilaya dont ceux du logement ou de l'autoroute Est/ouest seront paralysés. La part de l'ERCE dans la production nationale du ciment est considérable couvrant presque 50% de la demande nationale. De son côté, la direction de l'ERCE s'étonne que ces travailleurs recourent à une grève ouverte, estimant que les salaires et le cadre de travail sont non seulement respectables mais aussi qu'elle n'est pas contre l'ouverture d'un dialogue. Une proposition de révision du statut des contractuels a d'ailleurs été rejetée par les grévistes. Elle doit avoir lieu le 29 mai. Il est à préciser qu'après des années de pénurie et de spéculation sur les prix, la crise du ciment dans la région Est a peu à peu été résolue après des mois d'efforts des autorités concernées et de la sécurité nationale. On se souvient qu'un vaste réseau de trafic à Constantine a été démantelé en 2009.