Une décennie déjà, à l'issue de laquelle Dimajazz s'impose aujourd'hui comme le plus important festival de jazz du pays, qui a aussi décomplexé une ville qui hélas s'est encroutée et a perdu de son attractivité. Avant de parler du programme de cette dixième édition qui aura lieu du 14 au 23 juin courant, revenons un peu en arrière pour nous rappeler du commencement. Nous sommes à la fin des années 1990, une époque qui a vu naitre une vraie scène musicale, des groupes de métal et de rock organisent un peu partout des concerts, on pense notamment à Gadfly, Anthropy, Shadows ou Kyrat, et parmi tous ces musiciens, une bande de copains (Zoheir Bouzid, Aziz Djemame, Brahim Mechaar, Adel Merouche, Belkacem Mohamed Kamel, Noureddine Nesrouche) décident au début des années 2000, de sortir de l'underground et créent par la suite une association de musique. « Nous étions privés de tout et nous devions commencer par régler tous les problèmes et la paperasse. Et en février nous avions enfin obtenu l'agrément de l'association. Tout de suite nous avons créé un festival local de rock, que nous avions appelé Krikri. Ça nous a ouvert l'appétit, et une année après, en mai 2001, nous avions organisé un deuxième festival « Limma Festival » avec la participation de Litham, Sinoudj et Gnawa Diffusion. Puis, nous avons décidé de nous engager dans un style totalement différent : le jazz. C'est là que nous avons inauguré la première édition en mars 2003. A l'époque, le festival ne durait que trois jours et s'appelait Majazz. Par souci de pédagogie, nous avions tout de même entamé les workshops ou les master-class, chose que peu de musiciens connaissaient. Aujourd'hui, nous sommes fiers que beaucoup de groupes soient passés par les master-class tels que Madar et Sinoudj. En 2007, le ministère de la Culture a décidé d'institutionnaliser le festival, l'édition 2008 est passée au commissariat du festival à la place de l'association Limma qui n'existe plus », nous confie Nouri Nesrouche. PERSEVERANCE Pari réussi pour nos musiciens car ce n'est pas une tâche facile d'assurer une pareille régularité, une persévérance aussi déterminée, et un tel professionnalisme malgré les contrariétés et malgré des épreuves douloureuses avec les disparitions de deux membres de l'association Aziz Djemame et Adel Merouche. « Quand naquit l'idée du Dimajazz, nous n'avions pas idée de sa future trajectoire et encore moins de sa durée de vie. Il fallait frapper dans la terre et planter la semence du désir qui nous animait... Aujourd'hui, nous sommes fiers du parcours accompli, fiers de ce qu'est devenu notre festival et des plaisirs qu'en tirent les passionnés de jazz et des musiques libres en Algérie. Nous visions la lune, nous avons touché les astres. Le bébé rêvé par une bande de copains fous de musique et de Constantine, est, aujourd'hui, l'évènement majeur de la ville, resplendissant de beauté et de maturité. Du ciel, Aziz Djemame et Adel Merouche doivent sourire de bonheur et de satisfaction. » Peut-on lire dans le press-book de ce dixième anniversaire du Dimajazz. En effet, les innovations apportées chaque année montrent à quel point cette manifestation a gagné en maturité, et les organisateurs entendent faire durer ce festival des années encore, En termes de qualité, les neuf précédentes éditions ont toutes tenu leurs promesses, des apparitions remarquables comme celles de Selim Fergani aux côtés de Coudiat Aty, les Belges d'Akamoon, Boney Fields & the Bones Project ou encore la venue d'invités de marque comme l'ont été les Keziah Jones, ONB, Steve Coleman, Maceo Parker ou Barnard Allison l'enfant de Chicago. D'année en année, l'organisation elle aussi s'est nettement améliorée. Les organisateurs ont prolongé l'agenda du festival en passant de cinq à huit soirées depuis trois ans. Une modification qui intervient pour se mettre aux normes des festivals internationaux. DE L'EMOTION ET DES SURPRISES Victime de son succès, le festival ne peut malheureusement accueillir tout ce monde qui vient d'Alger, de Annaba, Jijel ou Skikda. Chaque année apporte son lot de surprises, d'anecdotes et d'originalité. On se souvient par exemple que l'an dernier, la veille de la performance de Keziah Jones, des jeunes ont débarqué à 5h du matin devant le portail du palais Malek-Haddad pour avoir leurs billets. On se souvient aussi du groupe français Mardi Brass Band et leurs instruments de cuivre qui ont sillonné le centre-ville pour l'inauguration de la septième édition, de la venue de la légende Maceo Parker, de la découverte d'un nouveau genre musical jazz/malouf avec Coudiat Aty et de toutes ces musiques venues des quatre coins du monde. Et bien cette année encore, il y aura de l'émotion et des surprises, le thème choisi pour cette édition est bien évidemment l'anniversaire des dix ans de Dimajazz. Pour fêter l'évènement, il est tout à fait normal que le festival durera cette année dix jours. Ainsi, Akamoon, Thôt, Mourad Benhamou et N'guyen Lê qui sont déjà venus, participent à cette édition aux côtés d'autres musiciens connus tels que le violoniste Didier Lockwood, le batteur ivoirien Paco Séry, le luthiste tunisien Dhafer Youssef, la chanteuse américaine de Soul, Nicole Slack Jones, et enfin l'ensemble surprenant d'une dizaine de Dj's « DJ Grazzhoppa's DJ Bigband » pour la clôture du festival. Il convient d'ajouter que le groupe belge Akamoon qui en est déjà à sa troisième ou quatrième participation, assurera selon les organisateurs, une formation de trois jours destinée aux musiciens expérimentés au conservatoire communal.
