Comme le dit si bien l'adage, on ne peut faire du neuf avec du vieux. Et pour cause, le professionnalisme est avant tout une question de mentalités. Or, chez nous, les mentalités amateurs n'ont guère changé. Dès lors, cette aventure dans le monde professionnel est pour ainsi dire vouer à l'échec. N'était cette obligation instaurée par la FIFA, le professionnalisme en Algérie aurait été étouffé dans l'œuf. On ne peut parler de professionnalisme dès lors que l'on continue dans une gestion amateur où l'on attend toujours de voir l'argent des contribuables dilapidé. Pour cela, les dirigeants de club doivent répondre de leurs actes. Il n'est pas normal, en effet, de voir autant d'argent dépensé pour que ce même contribuable soit convié à de piètres prestations au plan local et à des résultats nuls sur le plan international. La meilleure illustration est que les équipes nationales, toutes catégories confondues, sont dans l'obligation de faire appel à des joueurs évoluant à l'étranger du fait que leurs entraîneurs ont du mal à trouver de la matière au plan local. LES CLUBS CRIENT FAMINE MAIS DEPENSENT SANS COMPTER Pour cette troisième saison de professionnalisme, les clubs ont dépensé sans compter mais on ne sait pas trop pour quels résultats. D'ailleurs, cette nouvelle saison s'annonce très mal. Et pour cause, la FAF et la LFP ont été contraintes de céder au diktat des présidents de club pour voir la première journée, prévue pour le 8 septembre, reculée au 15 car, semble-t-il, ces derniers n'étaient pas encore prêts. Faudrait-il en rire ou en pleurer ? Reste à savoir si ces présidents continueront à sévir de la sorte ou auront-ils en face d'eux des instances très fermes. D'ailleurs, la dernière décision prise par la Ligue professionnelle de faire jouer toutes les rencontres en nocturne dès la seconde journée sera un véritable test pour ces instances.Sur un autre registre, les clubs crient famine mais ne lésinent pour recruter à coups de milliards. Et continuent à attendre les pouvoirs leur ouvrir les vannes alors que de leurs poches il n'est pas sorti grand-chose lorsque que l'on sait que le meilleur d'entre ces présidents ne détient même pas 10% des actions du capital social de la SSPA hormis bien sûr celui de l'USM Alger qui s'est pleinement engagé avec l'argent de son Groupe. Des présidents qui en appellent aux grosses sociétés nationales publiques et aux collectivités locales (wilayas et communes) de s'impliquer dans ce professionnalisme mais seulement en mettant de l'argent. Le reste n'étant pas leur affaire comme l'atteste leur montée au créneau avec l'arrivée de Sonatrach et de ses filiales pour prendre en charge quatre clubs. METTRE FIN A L' AMBIVALENCE CSA/SSPA L'autre problème pour lequel les instances de notre football, MJS y compris, doivent sérieusement se pencher, solutionner et y mettre définitivement un terme est celui de cette ambivalence CSA/SSPA. Le CSA reste un club amateur avec ses objectifs sociopolitiques et la SSPA avec ses règles économiques. Tant que l'on surfe sur ces deux entités, le professionnalisme tardera à s'implanter en Algérie. PROFESSIONNALISATION DU CORPS ARBITRAL Professionnel ne doit pas être aussi le propre du seul joueur mais aussi des arbitres. Pour ce faire, la commission en charge de cet aspect se doit aussi de défendre l'homme en noir pour une meilleure rémunération pour juguler quelque peu la corruption avec laquelle ce corps est affabulé. Mais aussi en lui offrant la meilleure formation possible quitte à ce que cela se fasse à l'étranger. Et ce pour avoir un arbitrage performant et lui éviter les bourdes commises depuis un moment déjà qui ont poussé la CNA à suspendre nombre d'entre eux et même ceux connus et reconnus comme étant d'excellents chevaliers du sifflet. PRIVILEGIER LES JEUNES CATEGORIES L'autre aspect qui pourrait assurer la pérennité des clubs professionnels a trait à la formation. La mise en place d'écoles et surtout d'académies est le seul garant pour ce professionnalisme. En effet, ces écoles et académies assureront la relève au sein des clubs, leur épargneront des dépenses faramineuses pour le recrutement et constitueront une plus-value dès lors qu'un jeune pourrait aussi être cédé à des sommes sonnantes et trébuchantes à d'autres clubs nationaux ou étrangers. On doit sortir du schéma actuel qui fait que seule la catégorie seniors est la plus nantie en moyens financiers et matériels alors que le reste des catégories est totalement délaissé. La sortie du président Kerbadj de la ligue professionnelle en précisant que la prise en charge des jeunes catégories reste à la charge des SSPA devrait être suivie d'effets car nombreux sont les clubs qui continuent à occulter ces dernières. C'est pourquoi aujourd'hui la FAF et la LFP doivent être fermes et constituer un rempart à toute dérive et surtout au diktat des présidents de club qui ne veulent guère voir le professionnalisme s'installer en Algérie et ce, pour préserver leurs gros intérêts.