Des avancées énormes ont été enregistrées dans la protection et l'épanouissement de la femme en Algérie, à travers l'adoption de différents textes de loi. Toutefois, et en dépit de cet arsenal juridique, la femme algérienne continue de subir brimades, agressions verbales et physiques sur la voie publique. Comme si la femme algérienne n'a pas le droit de circuler dans la rue sans être importunée par des écarts de langage ou autres formes de brutalité. Le caractère conservateur et machiste de la société algérienne fait que ce fléau se répète souvent dans nos rues et places publiques et même lorsque la femme est au volant. Bon nombre de jeunes femmes font état de leurs mésaventures. Toutes les femmes ou presque ne déposent pas plainte pour ce genre d'agressivité. Samira n'a pas caché son étonnement, voire son mépris, à l'égard de certains jeunes qui « agressent » verbalement les filles en leur faisant des remarques désobligeantes sur leur look ou leur coiffure. « Un jour, ne voulant pas lisser mes cheveux, je les ai bouclés. Une situation qui m'a valu beaucoup de commentaires comme « caniche », « tu n'as pas de séchoir chez toi ? » ou encore « veux-tu que je t'offre une séance chez la coiffeuse du coin ? », se remémore-t-elle. Amina nous livre son histoire. Accompagnée de son amie, en route pour assister aux fiançailles de leur collègue, un jeune adolescent en présence d'un copain n'a pas trouvé mieux que de lui lancer un œuf pour salir ses vêtements. Une attitude qui a laissé pantoise notre interlocutrice qui se demande : « N'a-t-on pas le droit d'être belle et bien fringuée dans notre pays ? ». Karima, une adolescente, s'est vue harcelée tout le long du chemin menant au lycée. « Refusant de parler à un jeune garçon qui m'a suivie depuis mon domicile, il s'est approché de moi pour me dire méchamment « Djedj arab ». D'autres témoignages soulignent le caractère violent de ces agissements. « En me rendant à mon lieu de travail, et tout le long du trajet, un jeune m'embêtait et me forçait à lui parler. Refusant de céder, il me donne une claque et s'en va. En plus de l'humiliation, j'ai eu très mal », dira-t-elle. Ce comportement est indécent, selon N. Faïza, travaillant dans un centre d'écoute. « Certains hommes souffrent de machisme. Ils ne tolèrent pas qu'une femme puisse conduire une voiture et avoir accès à un statut social et professionnel autre que celui dicté par la société. Celui de la femme au foyer. Cependant, la femme d'aujourd'hui travaille et conduit et cela les rend fous. Pour se venger de cette femme, il n'y a pas plus efficace que de lui rappeler sa fragilité en la pourchassant sur la voie publique ». Les agressions verbales et physiques ne sont pas le propre des seuls adolescents et des jeunes. Des seniors n'hésitent pas aussi à lâcher un mot déplacé au passage d'une femme. Les victimes de ces agissements sont de tous bords, âgées ou jeunes, voilées ou pas. Aucune n'est épargnée et rien ne leur échappe dans cette méchanceté gratuite.
